Un système cohérent en français - cours, classes, environnement immédiat, activités parascolaires et administration- : condition à l’intégration positive et à la vitalité du français dans le grand Montréal.
La réalité témoigne du défi colossal d’intégrer à la langue française et à la culture québécoise presque 53% des élèves de l’île de Montréal (réf. CSDM) issus du mouvement migratoire (au niveau élevé dépassant la capacité d’intégration économique et linguistique) et dont le français n’est pas la langue maternelle. En effet, à Montréal, l’école même ne serait plus un milieu d’immersion totale propice à la transmission de la langue française: on y parlerait l’anglais dans les corridors, les cours de récréation, etc. L’envoûtement de l’anglais aura été étendu un peu plus et l’anglais au sein même du milieu scolaire francophone; et, on aura laissé faire…
Pour certains - et même pour une éditorialiste du Devoir semble-t-il! -Henri Bourassa doit se retourner dans sa tombe-, (l'éditorial de Mme Marie-Andrée Chouinard (100% francophone, Camisole de force) et d'un article précédent de Mme. L. Gervais (L'école 100 % francophone?), les 4 janvier et 7 janvier 2011), cela serait une preuve d’ouverture de plus, par laquelle un peuple mou, sans échine gagnerait le qualificatif de tolérant! Pour rendre acceptable l’empiètement de l’anglais en milieu scolaire, dans les enceintes mêmes des écoles francophones, on y va à grands renforts d’arguments boiteux et de références datées, de mélanges de paramètres de nature différente, en particulier lorsqu’on colle mondialisation à un plaidoyer nihiliste en faveur de l’anglais aux dépens de la langue maternelle ou nationale; ou encore lorsqu’on énonce la référence au programme d'anglais intensif en sixième année improvisé par le gouvernement libéral (une incohérence à plusieurs égards, une telle initiative partisane et opportuniste devrait être dénoncée et vivement rejetée).
Tout cela mène à ce qu'on nomme le bilinguisme social, caractérisé par une préférence pour la langue anglaise, éventuellement une étape vers un transfert net à la langue anglaise par le biais de l'attrait de cette langue sur les allophones, en milieu anglomane...
Sans cohérence de l'enseignement du français dans nos écoles (classes, cours, l’environnement de l’école, parascolaire, administration, etc. ) un milieu tel celui de Montréal - ou de certaines parties de Gatineau/Hull/ Aylmer; Ottawa/Orléans, etc. , où la proportion de la population francophone aura baissé graduellement au fil de la hausse de l'immigration allophone et anglotrope), ne peut constituer un milieu d'immersion et d'intégration positive à la langue française, langue commune et cohésive... Or, sans une immersion totale (orale suivie de l’écrit) au sein du milieu privilégié du système d’éducation et d’enseignement, une langue ne s'apprend pas, surtout lorsque le monde du travail est influencé par des impératifs posés par la majorité anglophone.
Ainsi, ma recherche m'incite à appuyer l'initiative de la CSDM et de sa présidente d’enrayer le dérapage vers l'usage de l'anglais dans le milieu des écoles francophones. Je déplore toutefois le grand retard de la CSDM et de d'autres commissions scolaires de la grande région de Montréal, car la situation de problèmes aura sévi depuis déjà plusieurs années. L’inscription dans les « codes de vie " des écoles de l’obligation de parler français en milieu scolaire va de soi, et fait naturellement partie des moyens en réponse au défi éducatif. Le code de vie constitue un bref guide éducatif qui inscrit une philosophie éducative agréée ; il vient donc appuyer l’œuvre éducative des administrations, des enseignants et du personnel des écoles. On ne peut alors espérer que l’ensemble des Commissions scolaires francophones de la grande région de Montréal emprunte à l’exemple de la CSDM pour redonner une cohérence au milieu d’intégration positive au français que constituent les écoles francophones, colonne vertébrale de la vitalité de la langue française…
Abandonner l’exigence de cohérence du système scolaire et d’enseignement en français serait, pour un peuple sans la sécurité d’un État indépendant totalement voué à son épanouissement, transgresser un seuil au-delà duquel la langue identitaire cesserait d’être le pôle essentiel de cohésion et de solidarité d’une société distincte viable.
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Michel Pagé
Montréal
Maxime: " Un peuple qui n’a pas la conscience de transmettre sa langue, ses valeurs et son patrimoine est un peuple perdu, qui a perdu le Nord, littéralement ! " MP
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Réplique à l'article « [Français à la CSDM - L'enrichissement plutôt que la
matraque »->http://www.vigile.net/Francais-a-la-CSDM-L], paru le 18 janvier, Le Devoir.
Monsieur Abdoul Echraf Ouedraogo,
Je ne doute pas de votre bonne foi, et je retiens l'à propos et la justesse
de la notion d'« enrichissement » que vous présentez. Sur ce point je vous
appuie, et vous en remercie.
Toutefois l'article ne traite pas de réalité observée, et oppose une
généralité navrante. Et vous y confondez des données de nature différente.
De quoi s'agit-il? De l'observation à la CSDM d'une situation de problèmes
où l'anglais s'infiltre même dans les cours et les corridors des écoles; à
un point tel que l'intégration positive à la société francophone et
l'apprentissage de la langue française seraient compromis! L'anglomanie est
en cause, nullement la richesse de langues étrangères réunies au sein de la
communauté montréalaise.
La situation a dégénéré, et les Commissions scolaires auraient dû réagir
depuis longtemps afin de préserver tout la cohérence que requièrent les
milieux scolaires francophones. L'outil " les codes de vie" est bien
inoffensif: un rappel d'un idéal éducatif. un appui à la direction, aux
enseignants des écoles, aux intervenants, etc. Alors avant de rédiger un
article ou un éditorial au titre alarmiste ( « matraque", « camisoles de
force ») , laissant croire à des modes répressifs ou à quelques tortures
inquisitrices, il serait bon de s'informer de la situation réelle et
d'enrichir ses propos d'expériences ou de collaborations au sein d'écoles de
la CSDM, ou du milieu scolaire en général......
La même observation vaut pour l'éditorial de Mme M.A. Chouinard, (Le Devoir,
le 5 janvier dernier).
L'article (« Français à la CSDM - L'enrichissement plutôt que la matraque »)
comporte des prémisses fausses ou erronées en faveur de l'anglais, et aux
détriments de la langue commune et cohésive, le français identitaire de la
société francophone à laquelle se sont joints (devraient s'engager ) les
nouveaux arrivants, nonobstant la langue maternelle originelle. Les
immigrants en sol canadien font l'apprentissage de l'anglais partout au
Canada-anglais (où des lois anti-français et anti-liberté ont jadis prévalu,
et étendent encore leurs effets larvaires; où l'hégémonie anglophone et
l'anglo-conformité sont imposés partout), alors pourquoi ce mépris pour
l'ensemble des Canadiens-français ou ce tort originel imposé à la minorité
francophone du Canada ou à la société québécoise? Pourquoi cet aveuglement
inconscient face à la langue anglaise? Franchement!
Je termine en ajoutant ceci : le français et l'épanouissement du français
au Canada sont un choix libertaire essentiel. Et, je partage le point de vue
de Monsieur Abdou Diouf, président de la Francophonie :
(La Francophonie contre un monde unipolaire. 06 juillet 2010.
Secrétaire général de la Francophonie ): « ... la francophonie... un choix.
Ou bien on restait dans une coopération purement technique et culturelle, ou
bien on allait plus loin, en embrassant aussi les champs du politique, comme
une communauté humaine responsable, qui veut que sa vision du monde existe,
pour éviter que le monde ne soit un monde unipolaire, avec une sorte
d'hégémonie. Non seulement de la langue, mais de la pensée. «
Bien votre.
Mes respects et mes meilleurs sentiments.
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réf. complémentaire: un livre à suggérer pour les bibliothèques
universitaires
http://www.renaud-bray.com/Livres_Produit.aspx?id=1139510&def=Un+pass%c3%a9%
2c+un+destin%2fl'avenir+d'un+peuple%2cPAGE%2c+MICHEL%2c9782981220509 ISBN
9812205-1-6
Un système cohérent en français
condition à l’intégration positive et à la vitalité du français dans le grand Montréal.
Crise linguistique au Québec 2012
Michel Pagé12 articles
Résidant de Montréal. A fait plusieurs mandats en coopération internationale, et a travaillé dans plusieurs provinces anglophones. Formation académique en sciences, gestion et littérature.
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
18 janvier 2012Je suis entièrement d'accord avec vous.
Il est des droits collectifs qui l'emportent sur les droits individuels. À nous de les faire valoir.