DÉBAT SUR L’IMMIGRATION

Un peu de retenue et de clairvoyance, M. Couillard!

S’inquiéter de l’avenir de la francophonie ne relève pas de l’intolérance

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Même ses alliés trouvent qu'il exagère

Le premier ministre Couillard propose de relever à 60 000 et plus le nombre annuel d’immigrants au Québec et, selon lui, ce serait faire preuve d’intolérance que de s’interroger sur les conséquences qui pourraient s’ensuivre pour l’avenir culturel du Québec. Cette espèce d’injonction indispose pour trois raisons.

Elle indispose, d’abord, à cause de ses effets délétères sur le débat public, lequel se trouve ainsi polarisé et vicié dès le départ : ici, la vertu pluraliste libérale ; là, la xénophobie et la vision crispée propres au nationalisme étroit. Dans cette matière comme dans d’autres, il est aisé de monopoliser la moralité, il suffit d’élever la barre (jusqu’au point où on ne peut passer que par-dessous…). Cette logique conduit à une forme de radicalisme lorsqu’elle perd de vue les coûts latéraux et les contraintes du réel. Ainsi, il est prévisible qu’une augmentation imprudente du nombre d’immigrants aggravera parmi cette sous-population un taux de chômage qui est déjà trop élevé. C’est là, on le sait, une vieille tare dont l’État semble vouloir s’accommoder sans se préoccuper des coûts sociaux à long terme. Il est légitime aussi de craindre un fardeau additionnel du côté de la francisation des nouveaux venus, une opération vitale qui va déjà trop lentement.
Gestion de la diversité culturelle

L’ukase du premier ministre gêne, en deuxième lieu, à cause de la philosophie qu’elle trahit en matière de gestion de la diversité culturelle. On semble s’en remettre ici exclusivement à une logique des affaires : haussons le nombre d’immigrants pour s’assurer que les entreprises y trouveront les candidats dont elles ont besoin en ce moment, et que les autres se débrouillent. Pour le reste, laissons aux sociologues, aux travailleurs sociaux et aux citoyens bénévoles le soin de l’intégration sociale et culturelle, avec des moyens dramatiquement insuffisants. Nous sommes ici aux prises avec une logique comptable qui est l’un des pires travers du néolibéralisme.
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Gérard Bouchard23 articles

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Professeur, département des sciences humaines,
Université du Québec à Chicoutimi

Coprésident de la Commission de consultation sur les pratiques d'accommodements liées aux différences culturelles





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