La suite de reportages de notre Bureau d’enquête sur la filière Otéra de la Caisse de dépôt a levé le voile sur ce qui semble être un réel problème. Le nombre de dossiers révélés tend à montrer qu’il ne s’agit pas du problème d’un seul individu. Ce n’est pas un exemple où l’on peut régler une situation en mettant de côté une seule pomme pourrie.
Les dirigeants de la Caisse semblent avoir vite saisi la gravité des allégations publiées. Elles ont conduit sans délai à la suspension des individus visés et à une enquête en profondeur menée par une firme externe. On promet d’en rendre les résultats publics.
Otéra est la filiale de prêt immobilier de la Caisse. À l’échelle de cette organisation qui gère des centaines de milliards, cette filiale est plutôt petite. Elle représente moins de 5 % des actifs de la Caisse de dépôt. Entre un projet majeur comme le REM et les dizaines de milliards sur les marchés financiers, Otéra n’a sans doute pas été en haut de la liste des priorités de Michael Sabia ces dernières années.
Le président Sabia
Monsieur Sabia a un bilan assez reluisant à la tête du bas de laine des Québécois. Les rendements ont été au-dessus des indices de référence. La Caisse s’est sortie du cauchemar des papiers commerciaux et a su effacer les pertes de l’époque.
Hier, le bilan annuel nous montre que ce sont plus de 300 milliards qui sont sous gestion grâce aux rendements des cinq dernières années. Ce n’est pas un hasard si le gouvernement québécois, qu’il fût libéral, péquiste ou caquiste, a pu avoir confiance dans la direction de la Caisse. Le public aussi a largement repris confiance.
Par contre, cet appui solide du politique est fragile. Les gouvernements élus deviennent vite nerveux face à la controverse. Déjà cette semaine, le ministre des Finances montrait un peu plus d’impatience lorsqu’un nouveau cas a remis la Caisse sur la sellette.
Personnellement, l’affaire Otéra me rappelle ce jour où je tondais le gazon autour de ma maison. En me penchant pour arracher quelques brindilles manuellement, j’aperçois accroché sous le balcon un énorme nid de guêpes !
Après avoir reculé nerveusement, qu’ai-je fait ? Non, je n’ai pas mis le feu à toute la maison pour détruire le nid de guêpes. J’ai pris un long bâton pour le déchiqueter, puis des insecticides sérieux pour finir le boulot à la perfection.
Gestes attendus
Visiblement, il y a un nid de guêpes autour de la filière Otéra. Il ne faudrait pas mettre le feu à toute la Caisse pour autant. Ni déstabiliser le leadership payant de son président. Par contre, les choses ne peuvent pas traîner non plus. Les risques réputationnels peuvent faire un énorme dommage à une institution dans le secteur financier.
Hier, Michael Sabia a affirmé que l’intégrité de la Caisse était non négociable. Pour le prouver, il devra nettoyer le nid de guêpes sous le balcon de la Caisse.