Un nationalisme pour 2019

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Villeneuve se trompe : il faut appliquer une politique de confrontation contre l'ordre canadien


Air connu. Il y a à Québec un gouvernement qui pratique autre chose que l’aplaventrisme libéral devant Ottawa ; celui-ci présente donc des revendications plaçant le Québec d’abord ; au même moment, l’Ouest souffre de sa stratégie économique mono-industrielle pétrolière digne du 19e siècle ; conséquemment, les politiciens canadiens-anglais se rappellent qu’il n’y a rien de plus payant que de dire du mal du Québec.


Et ça marche, parce que ça fait écho à un sentiment populaire, dans le reste du Canada. Selon un sondage de la maison Angus Reid mené auprès de plus de 4000 Canadiens, le Québec est la province la moins aimée de la fédération. Il n’y a que deux provinces où le sentiment d’amitié à notre endroit atteint les deux chiffres, soit l’Ontario (12 %) et le Nouveau-Brunswick (13 %). Cocus contents, les Québécois leur accordent pourtant leur amitié à une hauteur de 42 % et 44 %, respectivement.


Profiteuse


Mieux encore, 53 % des Canadiens considèrent que le Québec, province qui reçoit le plus de fonds fédéraux, est celui qui profite du reste de la fédération. Qu’importe que le Manitoba et les provinces maritimes reçoivent plus que nous par habitant.


Cette opinion est par ailleurs partagée par 21 % des sondés du Québec, un taux deux fois supérieur à n’importe quelle autre province canadienne. Ça ne date pas d’hier que les francophones constituent la seule minorité du pays dont on peut dire du mal en toute impunité, des événements récents en Ontario sont venus nous le rappeler. Ça ne date pas d’hier non plus que nous soyons les champions de l’autodénigrement.


François Legault, dont la nature de sa fonction le désigne en quelque sorte comme le « Québécois en chef », doit tenir compte de ce contexte. Alors qu’il traîne dans sa besace une longue liste de revendications brandies en campagne électorale et qu’il veut faire des « deals » pour vendre notre hydroélectricité, il ne peut l’ignorer.


Or, son approche de la diplomatie interprovinciale s’avère tantôt d’une naïveté gênante, soit exagérément frondeuse, voire baveuse, pour le dire en québécois. Dire que le Québec n’avait pas besoin de l’énergie sale de l’Alberta, c’était à la fois naïf et baveux.


Une doctrine


La situation a changé. Le Canada anglais avait déjà peu de patience pour les revendications du Québec quand la menace séparatiste était forte. Imaginez maintenant.


François Legault, en 2019, se présente comme un nationaliste qui exclut l’indépendance. Il bâtit le rapport de force du Québec sur sa bonne tenue économique et l’ambiance préélectorale qui s’installe au Canada. Or, ces deux éléments sont conjoncturels.


Pour le long terme, François Legault doit proposer une doctrine des affaires canadiennes qui soit s’abstiendra de provoquer la colère des Canadiens en agitant le chiffon rouge, soit s’inscrira dans une fermeté qui indiquera que de contrarier le Québec n’est dans l’intérêt de personne.


Sans l’option indépendantiste, toutefois, ce n’est pas gagné d’avance. Une chose est sûre, toutefois, notre actuel premier ministre est loin d’avoir montré aux Canadiens comme aux Québécois sur quoi il allait s’appuyer pour livrer ce qu’il promet d’obtenir de la relation Canada-Québec.