2012 fut particulièrement chargée en événements et en déclarations de toutes sortes. En guise de bilan, nous avons demandé à quelques acteurs de commenter un moment fort de l’année, parfois de manière décalée.
Après avoir passé 14 ans à la tête du Parti libéral du Québec, dont 9 au pouvoir, Jean Charest a démissionné le 5 septembre dernier, à la suite d’une amère défaite dans sa circonscription de Sherbrooke. L’ex-conseiller politique de Robert Bourassa et sénateur indépendant, Jean-Claude Rivest, fait une analyse de son héritage politique.
Comment interprétez-vous le départ de M. Charest ?
Après 14 ans à la tête du parti, avec les mandats successifs et le fait qu’il n’ait pas gagné ses élections, c’était dans l’ordre des choses. Il a fait son temps. La seule consolation de M. Charest, c’est qu’il a quand même laissé le Parti libéral dans un bien meilleur état sur le plan parlementaire qu’on ne le croyait. Peut-être que, dans son for intérieur, il aurait voulu continuer, mais en perdant les élections, les événements l’ont aidé à prendre la bonne décision pour le parti et pour le Québec.
Qu’est-ce que son départ signifie pour le parti ?
Pour le parti, c’est un moment extrêmement important. Il va y avoir une course au leadership qui va permettre un échange d’idées. Quand un chef est là depuis longtemps, les congrès se succèdent et se ressemblent. Et là, il y a un moment privilégié qui permet de remettre les choses sur la table et de se questionner. La seule réserve, c’est qu’avec un gouvernement minoritaire, il y a des conjonctures électorales qui peuvent se poser et atténuer l’importance de la réflexion. Le Parti libéral doit décider de ne pas déclencher d’élections à court terme et prendre le temps de réfléchir sur ses orientations.
Comment Jean Charest a-t-il modelé le PLQ ?
Tous les autres premiers ministres, que ce soit au PLQ ou au PQ, ont été plongés dans la question nationale fédéraliste/souverainiste. Et M. Charest a été le premier premier ministre à ne pas avoir eu à jouer cette carte-là. Si bien que ce sont tous les sujets de nature économique, sociale, culturelle, en fait, tous les sujets ordinaires du gouvernement qui ont été mis de l’avant. Ce n’est pas M. Charest qui a amené ce changement, mais il est arrivé à ce moment-là.
Sur la nature même du parti, c’est certain que les valeurs personnelles de M. Bourassa étaient peut-être un peu plus centre-gauche. Jean Charest, étant donné son passage dans le parti conservateur, était peut-être un peu plus centre droit. Mais le PLQ est resté fondamentalement un parti du centre et Jean Charest a référé plusieurs fois aux grands principes que M. Ryan avait définis. Il s’en est tenu à ça. Et à travers quelques erreurs de parcours - il y a toute une liste - le parti est resté ce qu’il était, c’est à dire très ouvert, très inclusif avec une présence importante des groupes ethniques, et très pragmatique.
Est-ce que les problèmes de collusion et de corruption associés au PLQ vont nuire à l’image du parti au-delà de M. Charest ?
Oui, certainement. Mais je pense qu’on commence à découvrir que ce n’est pas le fait des dernières années, mais que c’était vraiment chronique et, dans ce sens-la, que c’est davantage un problème de société qu’un problème de parti. Mais c’est sûr que le gouvernement de M. Charest aurait dû réagir beaucoup plus rapidement.
Quel héritage laisse-t-il ?
Sur le plan personnel, il va certainement être reconnu comme un des politiciens les plus talentueux. Il avait tous les talents et il était très performant. Il connaissait toutes les règles du métier.
Une autre chose qui m’apparaît importante pour l’avenir, c’est qu’il s’est beaucoup investi sur le plan international, non pas dans le sens Canada-France ou Ottawa-Québec, dans les querelles classiques, mais sur le plan économique. Sur ce plan, c’est probablement le premier ministre qui en a fait le plus.
Par ailleurs, il y a trois choses qu’il a entreprises, mais dont les résultats ne sont absolument pas tangibles en ce moment et qui seront le lot et du PLQ et de tous les autres partis dans l’avenir : finances publiques, santé, éducation.
Qu’en est-il du Plan Nord ?
Le Plan Nord, c’est le développement économique. C’est la tradition libérale. Ça va lui rester, de la même façon que M. Bourassa est resté avec la baie James. Quelles que soient les modifications qui seront apportées au Plan Nord, ça va rester l’idée de Jean Charest. Et ça va être dans son héritage.
L’année vue par… Jean-Claude Rivest
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