Je ne sais pas si vous l’avez remarqué, mais La Presse commence à afficher un intérêt beaucoup trop appuyé pour le sort de l’acquisition Bell-Astral pour que l’on croie qu’il se limite à la couverture de l’information.
Tout se passe comme si les Desmarais avaient un intérêt d’affaires dans cette transaction. Et cet intérêt pourrait être négatif ou positif. Soit d’affaiblir la position de Québécor dont les médias se montrent particulièrement agressifs envers Power, soit de favoriser les intérêts d’un concurrent de Québécor avec qui Gesca pourra ensuite s’allier, comme elle l’avait fait avec Radio-Canada.
Mais aujourd’hui, dans sa précipitation à voler au soutien de Bell, André Pratte ne s’est pas rendu compte qu’il marquait dans son propre filet. Il faut en effet lire cette phrase dans son éditorial pour en apprécier toute la suavité : «Si M. Berlusconi a mauvaise réputation, ce n'est pas parce que ses médias sont importants, mais parce qu'il s'est servi de ceux-ci pour atteindre ses fins politiques.»!
Il faut vraiment qu’André Pratte soit très perturbé ces jours-ci pour commettre une bourde pareille. Imaginez! Il établit un parallèle direct entre la mauvaise réputation de Berlusconi et son utilisation des médias à des fins politiques!
Donc, à en croire André Pratte, tout propriétaire de médias qui les utilise à des fins politiques mériterait de ce seul fait qu’on lui fasse une mauvaise réputation. Et pas une fraction de seconde ne lui vient-il à l’esprit que c’est exactement la situation dans laquelle se trouve son propre employeur, Paul Desmarais.
Si j’étais dans les souliers de Paul Desmarais, je me demanderais sérieusement pourquoi je continue à verser un gros salaire à un olibrius pareil. Falardeau aurait-il vu juste?
Et ce n’est pas tout. Il se dégage de tout l’éditorial de Pratte une insupportable impression de condescendance d’un genre qu’on croyait disparu avec la fin de cette série culte de la télévision américaine, « Papa a raison », il y a une quarantaine d’années.
Pour paraphraser un slogan publicitaire justement très populaire à cette époque, « André Pratte, lui y connait ça! ».
Il faut en effet se croire d’une essence très supérieure pour juger du mérite des positions respectives des différents intervenants dans cette partie, et distribuer comme il le fait les blâmes ou les satisfecits aux unes et aux autres.
Lisez vous-mêmes :
L'incohérence de Québecor
_ ANDRÉ PRATTE
_ La Presse
Depuis plus d'une décennie, les dirigeants de Québecor se font les apôtres de la consolidation des médias et de la convergence. En 2001, défendant devant le CRTC l'acquisition de Vidéotron, Pierre-Karl Péladeau expliquait: «Bien sûr, la taille n'est pas une garantie de succès, mais il faut le reconnaître, c'est un élément incontournable du paysage audiovisuel mondial, où la consolidation apparaît comme un processus irréversible.»
Six ans plus tard, son bras droit de l'époque, Luc Lavoie, déclarait devant la même instance: «Il faut permettre à des entreprises canadiennes d'être suffisamment fortes pour offrir une qualité de produit médiatique qui se compare à ce qui se fait le mieux dans le monde.»
Compte tenu de cette philosophie qui est la sienne depuis 11 ans, l'assaut qu'a lancé Québecor contre le projet d'acquisition d'Astral par BCE ne peut pas être pris au sérieux.
Selon Québecor et ses alliés, le géant qui naîtra de la transaction pourra imposer sa loi aux consommateurs, empêcher ses concurrents d'avoir accès aux produits les plus populaires et assécher le marché publicitaire. M. Péladeau résume le danger par cette formule-choc: la part de marché de Bell-Astral effleurera celle du «conglomérat Mediaset de Silvio Berlusconi en Italie.» La comparaison est grossière. Si M. Berlusconi a mauvaise réputation, ce n'est pas parce que ses médias sont importants, mais parce qu'il s'est servi de ceux-ci pour atteindre ses fins politiques. C'est aussi en raison de sa vie privée dissolue. Accoler le nom de l'excentrique Italien à celui d'une grande entreprise comme Bell, c'est du salissage.
La charge est d'autant moins crédible que la stratégie amenant Bell à acquérir Astral, la convergence, est précisément celle que mène Québecor. Dans le marché canadien-anglais, le nouveau groupe occupera une position de force - une part de marché d'entre 34 et 43% selon la méthodologie employée. Le CRTC doit certes s'interroger sur les effets d'un tel niveau de concentration. Ce faisant, le Conseil devra se demander si cette situation est qualitativement différente de celle prévalant au Québec, où Québecor n'hésite pas à user de sa propre domination du marché.
Le point de vue défendu par le principal rival de BCE au Canada anglais, Shaw, nous apparaît plus cohérent. Parce qu'elle pratique elle-même la convergence, l'entreprise de Calgary a trouvé logique d'appuyer la transaction.
Au Québec, le groupe Bell-Astral jouira d'une part de marché équivalente à celle de Québecor. M. Péladeau dit redouter la fin de la concurrence dans le marché canadien. Il nous apparaît que ce que craint vraiment M. Péladeau, c'est l'émergence d'une réelle concurrence dans le marché québécois, où Québecor était jusqu'à maintenant seule de sa taille.
Acquisition Bell-Astral
André Pratte lance et compte... dans son propre filet!
Ce qui vaut pour Berlusconi vaut pour Desmarais
Chronique de Richard Le Hir
Richard Le Hir673 articles
Avocat et conseiller en gestion, ministre délégué à la Restructuration dans le cabinet Parizeau (1994-95)
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10 commentaires
Léonard Rostand Répondre
18 septembre 2012M. Pratte est à la solde (soldat)de son patron; il en est bien payé en devises et promesses. Il fait sa job.....d'éditorialiste à la presse...(il n'y a que Radio-Canada qui ose l'inviter une fois l'an...). Il est un fédéraliste-libéral...selon le désir de son boss Paul Desmarais (Ce cher André n'a jamais été invité vous savez où!)
Il prendra bientôt sa retraite......et le fantôme de Claude Ryan le hantera toujours.
Jean-Claude Pomerleau Répondre
17 septembre 2012Après avoir été durement plaqué sur la bande par Péladeau, Pratte jette les gants :
http://www.lapresse.ca/debats/editoriaux/andre-pratte/201209/17/01-4574656-larme-de-m-peladeau.php
JCPomerleau
Archives de Vigile Répondre
16 septembre 2012Le messager de l'empire a reçu plusieurs coup dur çes derniers temps
La défaite de Sarkosy
La mise en quarantaine de l'industie des gaz de shiste
La défaite des libéraux
Toute des défaites pour l'empire que le messager défend bec et ongle .
Dans un acces de rage le messager Pratte s'est écrié:Monsieur Harper dites non aux demandes de Pauline Marois qui sont en fait des demandes votés par les députés de l'Assemblée Nationale
ça donne un léger apercu de la rage et de la détresse du messager de l'empire qui voit que les messages de l'empire ne passe pas.
Le messager connait la dureté de l'empire qui n'as pas de sentiment ..même pas pour lui.
Votre raisonnement est tout a fait juste car depuis que Québécor s'est dressé devant son maitre ,le messager Pratte vas utiliser toute les roublardises pour soulager l'empire .
Il faut en effet lire cette phrase dans son éditorial pour en apprécier toute la suavité : « Si M. Berlusconi a mauvaise réputation, ce n’est pas parce que ses médias sont importants, mais parce qu’il s’est servi de ceux-ci pour atteindre ses fins politiques.
Erratum::
Si M. Desmarais a mauvaise réputation, ce n’est pas parce que ses médias sont importants, mais parce qu’il s’est servi de ceux-ci pour atteindre ses fins politiques.
@ Richard Le Hir Répondre
16 septembre 2012Cet article mis en ligne hier par Vigile est repris en appui à la réplique de Pierre-Karl Péladeau à André Pratte, intitulée "L’indignation sélective de La Presse" ce matin dans le Journal de Montréal et le Journal de Québec.
http://www.journaldemontreal.com/2012/09/15/andre-pratte-compte-dans-son-propre-filet-
http://www.journaldequebec.com/2012/09/15/andre-pratte-compte-dans-son-propre-filet-
Richard Le Hir
Jean-Claude Pomerleau Répondre
16 septembre 2012Faut pas rater la réplique de P K Péladeau à Ancré Pratte. Cinglante :
http://www.ledevoir.com/economie/actualites-economiques/359278/une-autre-vision-des-choses
JCPomerleau
Archives de Vigile Répondre
16 septembre 2012Je lis Vigile avec plaisir et sens critique, Monsieur Meloche, si critique que j’aimerais bien que cet espace de réflexion essentiel ne fût point envahi par des commentaires aussi suffisants que le vôtre. Un peu de compassion et de la retenue dans votre charge correctrice seraient de rigueur, alors que Vigile vit un moment difficile. Le Devoir, un média populiste, dites-vous, dénué d'intelligence, laissez-vous entendre? Peut-être qu'un sobre commentaire sur les faits --- l'acquisition Bell-Astral --- ferait l'affaire et rendrait votre intelligence supérieure encore plus percutante?
Archives de Vigile Répondre
16 septembre 2012Au Rédacteur du Comité Action Civique,
Je sais très bien qui est Monsieur Le Hir et je connais suffisamment bien les genres littéraires que sont la chronique ou l'essai pour ne pas emprunter de raccourcis simplistes.
Tout ce que je soulignais, c'est qu'il est parfois inopportun de citer un texte qui n'a que peu de rigueur intellectuelle pour élaborer un argumentaire.
En terminant, vous pouvez bien publier ou citer La Presse si cela vous chante. Mais de grâce, lorsque vous répondez, soignez votre français, si vous désirez être crédible. Sinon, vous ferez passer Vigile pour un simple média populiste (La Presse, Le Journal de Montréal, Le Devoir) qui pullule de moyens (relecture, appel à des correcteurs orthographiques, etc.) mais est dénué d'intelligence.
André Meloche
Archives de Vigile Répondre
16 septembre 2012Bonjour,
Puisque je ne lis pas La Presse et autres, que je suis québécoise et que je vis à l'étranger je me dois de vous remercier du temps, de l'énergie, du recul et de la rigueur que vous prenez pour faire partager vos reflexions, votre expérience et vos connaissances sur la réalité journalistique, politique et financière du Québec et ses ramifications à l'étranger.
Si je viens ici c'est presque essentiellement pour vous lire...j'ai confiance en votre jugement.
Nathalie P.
Archives de Vigile Répondre
16 septembre 2012Monsieur André Meloche vous dites: "Mais pourquoi en reproduire le texte sur Vigile ? Je n’ai jamais lu La Presse. Ce quotidien ne m’intéresse pas."
En ce qui me concerne je crois au contraire que la publication du texte intégral est essentiel plutôt que de mettre seulement le lien de l'article.
Monsieur LE HIR n'est pas un apprenti et il connais très bien ses adversaires dont André Pratte fait parti. Il sait très bien que lorsque ceux-ci constatent qu'ils ont fait une erreur, ils corrigent leurs textes ou les retire complètement du site internet faisant en sorte que l'article en réplique d'un autre auteur soit dépourvu de sa preuve. Vous seriez le premier à dire que l'article c'est du « n'importe quoi » étant donner que vous n'auriez pas connaissance de la version disparu.
Et si l'article n'avait paru que dans la version papier ou si l'article n'était disponible qu'aux abonnés même gratuits ou n'était disponible sur internet qu'à ceux qui sont en territoire canadien? C'est le cas pour beaucoup d'internautes vivant hors de leurs pays.
De plus sachez que ce n'est pas tout les lecteurs qui sont intéressé à écrire une ou cliquer sur un lien afin de prendre connaissance d'un article hébergé quelque part sur internet. Ce n'est pas tous les internautes qui ont accès à un service haute vitesse.
Je fais très souvent des recherches aux archives nationales et sur internet, très souvent Google a des articles archivés en mémoire « cache »mais dont les liens n'offre malheureusement plus l'article. Je sélectionnes le titre ou le texte et je le recherche avec Google, très souvent je le retrouve dans les archives de Vigile.net ou de Radio-Canada. Ce qui ne fait pas toujours l'affaire des auteurs et des médias.
Les archives de Vigile.net sont donc d'intérêt public qu'on soit souverainiste ou pas. Le fait qu'un article comprend tout le contenu est la garantie d'un débat équitable pour toutes les parties.
Si le contenu de La Presse ne vous convient pas passez par-dessus, c'est plus démocratique et plus équitable pour les autres lecteurs que de tenter de convaincre un auteur de faire autrement.
La souveraineté d'un pays ne se ferra jamais sans solidarité, il faut penser aux autres!
Archives de Vigile Répondre
15 septembre 2012Monsieur Le Hir,
C'est bien gentil de nous entretenir avec brio des sottises que publie La Presse. Mais pourquoi en reproduire le texte sur Vigile? Je n'ai jamais lu La Presse. Ce quotidien ne m'intéresse pas.
Et je concentre mon attention loin des médias de masse pour décoder la réalité. Peut-être qu'un simple lien ferait l'affaire et rendrait votre analyse encore plus pertinente?
Je lis Vigile avec plaisir et sens critique. Et j'aimerais bien que les médias de masse n'envahissent pas cet espace de réflexion essentiel.
J'espère que vous comprendrez mon sentiment, surtout après l'annonce du retrait de Monsieur Bernard Frappier.
Je pense que Vigile est un lieu important de la contre-culture québécoise. Il ne doit toutefois pas tomber dans le même piège qui a vu Le Devoir se prostituer de publicité.
Sur Vigile, aucune perturbation lorsqu'on lit un article. Aucune fenêtre jaillissante, aucun artifice, aucune distraction. Que le lecteur et le texte.
Une règle simple énoncée par Edward J. Tufte à propos des graphiques devrait également s'appliquer au texte : « 91% de l'encre (ou pixel) utilisée dans un graphique doit servir à afficher les données. »
Merci.