Monsieur Jarislowsky,
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre texte dans Le Devoir du 21 septembre dernier où vous faites un tour de la planète pour tenter de démontrer que le Québec devient un « État-ermite ».
Il n’est pas surprenant, d’ailleurs, de voir apparaître de tels propos de la part d’un membre émérite de la communauté des affaires anglophone au lendemain de l’élection du Parti québécois. Décidément, l’épouvantail de la peur est toujours aussi prompt à s’activer lorsque les Québécois se manifestent autrement que ce que souhaite la communauté anglophone. On n’a pas eu le plaisir de vous lire très souvent, sur ce sujet, au cours des neuf dernières années…
Vous avez acquis une excellente réputation et une grande notoriété dans le domaine de la finance, et vos précieux conseils pour des placements judicieux sont très appréciés. Mais en ce qui regarde votre analyse de l’état de la langue française au Québec, vous n’y êtes pas du tout.
En bon gestionnaire de portefeuilles, vous n’êtes pas sans savoir l’importance de faire de bons « placements » afin de bien préserver ses « intérêts » et d’éviter de perdre des « acquis ».
Langue en danger
Le « Schwizerdütsch » n’est pas en danger en Suisse, comme vous le dites. L’allemand n’est pas en danger en Allemagne. Le russe n’est pas en danger en Russie. Le danois n’est pas en danger au Danemark et le chinois n’est pas en danger en Chine. Et je pourrais continuer avec la presque totalité des pays.
Mais au Québec, ce que vous ne semblez pas vouloir comprendre, la langue française est très vulnérable (et ce n’est pas un mythe comme vous le dites) à partir du moment où on ne se préoccupe plus de lui donner la priorité chez nous. Au contraire, il est impératif de faire les bons « placements » linguistiques afin de bien préserver nos « intérêts » culturels et ne pas perdre nos « acquis » dans un monde nord-américain anglophone.
Prétendre que le Québec veut garder son peuple dans l’ignorance parce qu’on établit des lois pour protéger la langue française est faire preuve… d’ignorance; surtout ajouter que les Québécois qui ne sont pas bilingues sont « condamnés à occuper des emplois peu rémunérés ». Non, mais, quelle condescendance!
Culture unique
Les anglophones du Québec devraient se réjouir, au contraire, de notre volonté de préserver notre culture francophone, car elle est un paravent culturel à la culture américaine anglophone qui envahit tout le Canada. Eh oui. Au moins au Québec, vous êtes assurés d’y trouver une culture unique et fière de ses origines. Ce qui devrait vous inciter à voter PQ…
Évidemment, on pourrait parler de la culture franco-ontarienne, franco-manitobaine, acadienne et de toutes ces autres cultures francophones qui tentent de survivre dans le ROC et qui sont autant d’exemples d’une culture rayonnante autre que la culture anglo-saxonne.
Le peuple québécois est hautement et fort bien représenté à travers le monde par ses nombreux leaders francophones dans les domaines des affaires, de la culture, de la science, de l’éducation et bien d’autres. Cependant, le Québec n’est pas la Suisse et la Suisse n’est pas le Québec, et c’est tant mieux. Nous vivons et assumons très bien nos différences.
Alors, Monsieur Jarislowsky, plutôt que de casser du sucre sur le dos des Québécois, pourquoi la communauté anglophone ne travaillerait-elle pas à faire en sorte que le français demeure très vivant au Québec et reconnaître que cette langue, si belle, qui est la nôtre, demeure un joyau dans la mosaïque culturelle nord-américaine? Le français au Québec ne doit pas devenir de l’histoire ancienne.
Quant à la langue anglaise, elle n’est pas en danger chez nous. Et ce n’est pas un mythe.
Réponse à Stephen A. Jarislowsky
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