Il est de ces livres qu’on lit en sachant à l’avance leur contenu. S’agit-il du titre qui laisse à désirer, de l’auteur, réputé intransigeant, du texte en 4e de couverture qui ressasse des clichés et des ragots de coulisses? C’est sans doute un peu tout cela. Bref, PKP dans tous ses états, de Pierre Dubuc, entend régler des comptes et défoncer quelques portes ouvertes à propos de Pierre Karl Péladeau qu’on présente sciemment comme le sauveur, le visionnaire ou «l’homme providentiel» — ce qu’il n’a jamais revendiqué —, pour mieux déboulonner la statue, quand ce n’est pas un Machiavel tirant en coulisse les ficelles pour s’en mettre plein les poches. C’est cousu avec du gros fil.
La technique est simple, voire simpliste. Faire ressortir tous les mauvais coups de l’homme qui aspire à diriger le Parti québécois, pour mieux démontrer qu’un homme d’affaires ne saurait se transformer en chef du Parti québécois, encore moins en premier ministre apte à faire du Québec un pays.
On va s’attarder bien sûr sur son «passé antisyndical» au Journal de Québec, au Journal de Montréal et chez Vidéotron. Heureusement, ces trois entreprises fonctionnent toujours parce que, justement, les employés ont accepté, après, il est vrai, de longues luttes coûteuses, de réduire leurs demandes nettement exagérées. Les employés des deux journaux de Québecor avaient les meilleures conditions de travail de toute l’industrie, mais ces conditions correspondaient à un âge d’or qui n’existait plus à l’aube du XXIe siècle. Passer de 32 heures à 37,5 heures ne me semble pas une exagération. L’employeur, précise Dubuc, demandait «une réduction salariale de 20 $ pour les employés des petites annonces», mais il omet de dire que plusieurs de ces employés faisaient partie du «club des millionnaires».
Jamais le camarade Dubuc ne remet en question la position intransigeante et jusqu’au-boutiste du syndicat des Communications de la CSN qui a fait miroiter à ses cotisants une victoire s’ils tenaient bon, alors que le conflit aurait pu se régler bien avant, avec les mêmes résultats. Quel gâchis! Même chose pour Vidéotron. Après dix mois d’affrontements inutiles, le syndicat a accepté la majorité des exigences de la partie patronale: la semaine de travail passe de 35 à 37,5 heures, les congés de maladie de 15 à 10 jours, le nombre de jours fériés de 16 à 14, les vacances, de huit à six semaines. Force est d’admettre que pour la grande majorité des travailleurs, qui sont non-syndiqués, ces employés du Journal de Montréal, du Journal de Québec et de Vidéotron faisaient figure de privilégiés.
Ridicule
Il est un peu risible d’affirmer que «sa fortune [à PKP] provient ultimement du travail gratuit de ses employés obtenu par l’allongement de la journée de travail ou son intensification». Comme est tout aussi ridicule de feindre de ne pas comprendre qu’on puisse défendre, comme PKP l’a fait, Radio-Canada, victime de nouvelles compressions budgétaires, et dénoncer la société d’État lorsqu’elle exerce une concurrence déloyale avec l’argent des contribuables alors que le réseau privé TVA doit majoritairement compter sur la publicité pour boucler ses budgets. Tout aussi grotesque est d’affirmer que PKP appuie secrètement Harper et le Parti conservateur, car il en va de ses intérêts dans ses entreprises de télécommunication.
Bref, je conseille de lire plutôt, si on veut avoir un portrait plus juste de l’homme, la biographie non autorisée écrite par Frédéric Tremblay, intitulée simplement Pierre Karl Péladeau.
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