Elise Giguère - Un citoyen de Joliette, Pablo Lugo Herrera, a décidé de prendre les grands moyens pour que Jean Charest écoute la population.

Il entamera mercredi matin une grève de la faim si le premier ministre continue de faire la sourde oreille aux demandes répétées d’instaurer un moratoire sur l’exploitation gaz de schiste et une enquête publique sur l’industrie de la construction.
L’homme d’origine colombienne est allé porter, vendredi avant-midi, une lettre au bureau de la députée Véronique Hivon, à l’intention du premier ministre. Il lui demande d’instaurer un moratoire sur l’exploitation des gaz de schiste et une enquête publique sur l’industrie de la construction. Sans quoi, il l’enjoint de démissionner.
Si Jean Charest ne donne suite à aucune de ses demandes d’ici mercredi 8 h, Pablo Lugo Herrera commencera une grève de la faim «jusqu’à ce que vous acceptiez la volonté de la population ou je succombe à mon sacrifice», écrit le père de quatre enfants dans la lettre.
En entrevue, Pablo Lugo Herrera a dit craindre que la corruption ne menace la démocratie québécoise. «Le premier ministre n’écoute pas la population, déplore-t-il. Un jour, on va finir dans une dictature.» Il considère que son geste en vaut la chandelle, par solidarité pour sa terre d’accueil. «Ce que je vais faire, c’est rien en comparaison avec ce que j’ai reçu.»
L’étudiant en sciences politiques avait déjà entamé une grève de la faim en Colombie dans les années 90, alors qu’il était policier. Il l’avait fait pour dénoncer le rôle de la police, hautement corrompue, dans le massacre d’un groupe paysans. Sa grève n’avait finalement duré qu’une demi-heure, les autorités donnant rapidement suite à sa demande. C’est d’ailleurs après cette histoire qu’il a choisi d’immigrer au Canada. «C’était devenu impossible de vivre en Colombie.»
Candidat aux dernières élections municipales, Pablo Lugo Herrera, pense pouvoir tenir le coup trois mois sans manger. Il tiendra sa grève dans son appartement de la rue Saint-Louis. «Il faut nous réveiller et nous conscientiser», lance-t-il.
Un cri d’alarme
Vendredi en début d’après-midi, la députée Véronique Hivon avait déjà transmis la lettre au bureau de Jean Charest. «Je n’endosse pas un moyen d’action aussi radical, qui va jusqu’à mettre la santé et la vie de quelqu’un en péril, mais ça montre à quel point les citoyens ont le sentiment de ne pas être écouté et entendu. J’espère que Jean Charest prendra acte rapidement», a-t-elle mentionné, ajoutant que l’opposition continuera de réclamer un moratoire sur l’exploitation des gaz de schiste et la tenue d’une enquête publique sur l’industrie de la construction.