Le 150e du Canada vous intéresse-t-il? Que nous soyons fédéralistes, souverainistes, autonomistes ou je-men-foutistes, ça devrait pourtant nous intéresser tous.
La raison? Comme on le sait, tout grand anniversaire national vient avec son lot de controverses.
Tout particulièrement sur la lecture – ou les relectures -, de l’histoire. Surtout lorsque ces relectures sentent la récupération politique à plein nez – ce qui arrive souvent, toutes nations confondues -, ou pis encore, si l’on peut dire, l’incompétence, l’amnésie ou l’inculture.
Ce matin, Le Devoir en donnait un exemple de premier ordre : une télésérie dite historique de la CBC.
Diffusée en anglais, sont titre est pourtant : «Canada : The Story of Us». Le Canada, notre histoire. Or, le «notre» semble être plutôt limité à une vision anglo-canadienne de l’histoire.
Et comme d’habitude, la controverse émerge des critiques cinglantes et fondées venant d’historiens et d’historiennes du Québec.
Le Devoir en rapporte donc ceci :
«Un tollé qui révèle un Canada divisé : tel est l’accueil qu’a reçu la diffusion du premier épisode du feuilleton historique diffusé par CBC à l’occasion du 150e anniversaire de la Confédération.
Après la diffusion d’un seul chapitre de Canada : The Story of Us, l’émission suscitait déjà l’indignation. (...)»
Et les Acadiens ?
«De vives protestations à la suite de la première présentation sont venues notamment du côté des Acadiens. Car l’Acadie est pour ainsi dire absente de cette série qui avance par une accumulation de fragments très sélectifs. La page Facebook de CBC a vite été inondée de commentaires l’invitant à refaire ses devoirs du côté de l’histoire. (...)»
Ceux et celles par qui la critique arrive
«Le quotidien The Globe and Mail a publié dimanche une lettre ouverte d’un collectif d’universitaires québécois outrés eux aussi par la série. (...) ils affirment que les omissions du premier épisode et le sommaire des suivants laissent présager le pire.»
Et les Amérindiens ?
«Quelque 12 000 ans d’histoire amérindienne ont été condensés en quelques minutes seulement, reprochent les universitaires. Par ailleurs, la perspective qui se dégage de l’ensemble est essentiellement celle du Canada anglais, observent-ils. « Chaque spécialiste interrogé devant la caméra est un anglophone. » (...)»
Et les Canadiens français ? Et les Français ? Et les Québécois ?
«Qui plus est, les universitaires notent que la série représente systématiquement les figures historiques françaises de manière désobligeante. Par contraste, les figures anglophones apparaissent toujours tirées à quatre épingles. (...) «C’est comme si le pouvoir civilisateur des Anglais venait de leur raison et de leurs moeurs supérieures, tandis que les Français sont sans cesse dépeints comme vicieux, traîtres et sales. »»
Et Justin Trudeau ?
«La série présentée par le télédiffuseur public commence avec une longue présentation du premier ministre Justin Trudeau lui-même. Spécialiste des représentations de l’histoire à la télévision, l’historien Olivier Côté affirme en entrevue au Devoir qu’il s’agit de quelque chose de particulier de voir M. Trudeau, le chef du gouvernement, présenter ainsi une série. « À ma connaissance, c’est une première pour une série historique du genre. » (...)
Les reproches ont fusé de partout, à un point tel que l’un des deux piliers de la série a cru bon s’expliquer. « On a dû choisir des histoires et, inévitablement, on n’a que 50 histoires, il y a certaines parties qui ont été omises », a expliqué à Radio-Canada John English, qui est, avec l’artiste autochtone Gerald McMaster, un des deux rédacteurs de ce docudrame de dix heures.
Ancien député du Parti libéral fédéral, John English est notamment l’auteur, à titre d’historien, d’une biographie en deux tomes de Pierre Elliott Trudeau rédigée à la demande de la famille. Il est membre de la Fondation Trudeau depuis 2003. (...)»
***
Les nations oubliées?
Récapitulons : une série en anglais devant raconter les 150 ans du Canada, présentée sur les ondes du télédiffuseur public CBC par le premier ministre Justin Trudeau lui-même; co-écrite par John English (ça ne s’invente pas), lui-même également l’auteur d’une longue biographie de l’ex-premier ministre canadien Pierre Elliott Trudeau, mais oups, dont les Acadiens, les «Canadiens français» et les Autochtones seraient plus ou moins réduits au rôle de figurants de l’histoire canadienne.
Dites-moi, en êtes-vous VRAIMENT surpris?
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