Les casseroles de Jean Charest

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...Résonnent dans les oreilles de Philippe Couillard





Philippe Couillard n’aime pas être confronté aux lourdes casseroles de l’ère Charest en matière d’éthique. Chaque fois, il met ses adversaires au défi de trouver «un seul exemple» d’une pratique qui, depuis son retour en politique, «n’est pas irréprochable».


Jusqu’à maintenant, ça lui permettait de s’en sortir. Le règne des filous libéraux obsédés par l’argent et le copinage, c’était la faute de son prédécesseur. Or, la joute vient de changer.


Selon des courriels obtenus par le Bureau d’enquête du Journal, l’ex-ministre libéral Marc-Yvan Côté aurait participé à la campagne à la chefferie de Philippe Couillard en 2012-2013. Le premier ministre jure que c’est faux. Il l’aurait même rencontré pour lui dire de se tenir à l’écart.


La pieuvre


Pendant 30 ans, M. Côté fut pourtant un organisateur de grande influence. Le «beu de Matane» était en fait une pieuvre dont les tentacules s’étendaient du Parti libéral du Québec (PLQ) au Parti libéral du Canada (PLC). Pour son rôle dans le scandale des commandites, le PLC le bannissait toutefois à vie en 2005. L’an dernier, l’ex-collecteur de fonds expert en financement politique illégal était arrêté par l’UPAC et accusé de corruption.


Pestiféré à Ottawa, M. Côté a néanmoins conservé ses entrées privilégiées au PLQ sous Jean Charest. Courtoisie, entre autres, de sa longue amitié avec Sam Hamad, lui-même exclu du conseil des ministres en 2016 à la suite de soupçons de trafic d’influence au profit d’une firme dont Marc-Yvan Côté était un des administrateurs.


Ces détails sont importants. De un, ils illustrent comment M. Côté montait ses réseaux d’influence et à quelles fins. De deux, ils rappellent les liens qu’il aurait longtemps conservés avec Sam Hamad.


L’héritage


M. Couillard réitérait jeudi que M. Côté n’a joué aucun rôle dans sa course à la chefferie. Les courriels révélés par Le Journal soulèvent pourtant de très sérieux doutes. À l’époque, M. Hamad était aussi son lieutenant de campagne. La vieille amitié Hamad-Côté aurait-elle également opéré?


Dans un courriel envoyé au lendemain de la victoire de M. Couillard à la chefferie, pourquoi M. Côté précise-t-il même qu’il est «très heureux du résultat» et qu’il «reste encore beaucoup de travail à faire»?


Même s’il s’avérait que M. Couillard n’était pas au courant du rôle joué par M. Côté, le problème éthique est non moins réel. Il l’est parce que ces courriels révèlent la persistance troublante de l’influence de M. Côté au PLQ huit ans après sa radiation à vie du PLC. Et ce, jusqu’au choix de Philippe Couillard comme nouveau chef.


Si quelqu’un cherchait un indice, un seul, d’un sens élastique de l’intégrité jusque dans l’ère post-Charest, ce serait bien celui-là. Pourquoi a-t-on laissé Marc-Yvan Côté poursuivre ses basses œuvres aussi longtemps? Surtout, comment se fait-il qu’il n’ait pas été banni du PLQ dès après son expulsion du PLC en 2005?


C’est à cette question que messieurs Charest et Couillard devraient répondre. C’est ce qui arrive quand les casseroles du premier deviennent l’héritage du second.




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