Michelle Coudée-Lord - Le 43e Festival d'été de Québec prend son envol aujourd'hui avec sa pléiade de stars américaines et internationales. Un peu trop USA le Festival d'été de Québec ? Paul Piché le croit et Daniel Gélinas, son dirigeant, s'en défend.
Dans une récente entrevue, Paul Piché faisait remarquer à quel point le grand panneau publicitaire annonçant le Festival d'été de Québec le faisait réagir en apercevant notre Gilles Vigneault national un peu comme un survivant, enterré dans une mer de stars américaines rock.
«En voyant la pancarte, je me suis dit : «tabarnouch, y'est fort Vigneault. On veut prouver quoi et montrer quoi avec ça ?»» demande Paul Piché.
«Au début, quand le festival invitait un gros nom américain, je trouvais ça sympathique, mais là y'en a trop. On n'a pas besoin d'encourager l'industrie culturelle américaine. Que le Festival de jazz invite des artistes venus du monde, ça va, c'est du jazz, mais je persiste à croire que le Festival d'été de Québec devrait encourager les artistes d'ici au lieu d'aider à faire vivre du pop commercial», ajoute l'auteur-compositeur québécois vedette.
Jalousie de Montréal, vengeance ?
Daniel Gélinas, le grand manitou du Festival d'été de Québec, croit que Montréal n'aime pas la compétition que lui livre Québec et voilà «qu'il se réessaye en critiquant ses façons de faire».
Tout en précisant que 40 % de sa programmation est faite de chansons francophones et d'artistes de chez nous, il croit qu'il ne faut pas «mélanger politique et divertissement».
Il s'explique.
«Je trouve cela un peu injuste de nous attribuer la responsabilité de sauve garder la chanson francophone. Je ne sais pas d'où ça sort, mais ce n'est pas notre mission. Le festival attire du monde parce que l'événement reflète tout ce qui se passe en musique dans le monde et ça inclut des stars américaines, qui en passant, adorent venir donner leurs spectacles sur les Plaines. On ne questionne jamais les autres festivals à Montréal et on ne leur demande pas de ne jouer que des artistes francophones.»
Difficulté de la musique francophone
Et quel impact aurait un contenu uniquement francophone au Festival d'été de Québec ?
«C'est simple, moins de commanditaires, et je le répète: comme agent de développement touristique, le Festival d'été de Québec a aussi un grand rôle à jouer comme agent de développement économique. Nous devons aussi remplir une mission touristique. Et je ne crois pas qu'avec la difficulté de la musique francophone actuelle, on puisse remplir les Plaines 11 soirs d'affilée qu'avec du contenu francophone. On le sait tous, la variété au Québec vit des problèmes. Les grands happenings sont rares. Mais il faudrait qu'on cesse de jeter la responsabilité de la difficulté de la chanson francophone au Festival d'été de Québec. Les vedettes rock attirent les jeunes et si on veut que le festival survive, il faut aller chercher cette clientèle-là», affirme sur un ton convaincu, Daniel Gélinas.
Un virage nécessaire ?
Paul Piché croit que l'on peut assurer la notoriété du Festival d'été de Québec autrement qu'en faisant la chasse aux stars américaines.
«Je ne veux pas les condamner, mais pour moi il est clair que le Festival d'été de Québec exagère du côté anglophone. Et qui paie pour ces stars ? Les gouvernements qui financent ces festivals.»
À cela, Daniel Gélinas assure que «bien au contraire, les grandes vedettes autogérèrent leur propre financement par leur propre billetterie. Ce virage stars était nettement nécessaire pour le présent et l'avenir du Festival d'été de Québec.»
Rush, Iron Maiden, Black Eyed Peas sont parmi les stars invitées cette année.
Et ce n'est pas fini, car depuis la venue de Sir Paul et de Sting, les stars aiment la Capitale.
Comme l'a révélé le producteur de Sting, Charles Hernandez «votre festival est un diamant qui brille partout dans le monde».
«Pourquoi quand c'est Montréal, c'est bien et quand Québec reçoit de tels compliments ça dérange ?», questionne Daniel Gélinas.