Le premier ministre Jean Charest soutient que le ministère des Transports a «fait sa job» lorsqu'il a annulé un appel d'offres pour un contrat de déneigement en 2004 pour cause de collusion entre entrepreneurs. À noter le choix des mots. Il n'a pas dit «bien fait sa job». Pour mériter ce qualitatif, le ministère aurait dû transmettre le dossier à la police. Le fait est que nombreux sont ceux qui remettent en question la gestion de ce ministère, parmi lesquels se trouve maintenant le vérificateur général, qui déposait mercredi un rapport très critique dans lequel il révélait la non-dénonciation de ce cas de collusion.
De tout temps, le ministère des Transports a été le principal «donneur d'ouvrage» au Québec. Chaque année, il distribue des milliards en contrats de construction et de réfection de routes. Des milliards qui font saliver les entreprises boulimiques de contrats. Des entreprises qu'il faut avoir à l'oeil, d'abord pour s'assurer de payer le juste prix, puis pour vérifier la qualité et la conformité des travaux exécutés.
Ce que le vérificateur général constate est tout simplement une perte de contrôle administratif. Chose qu'on savait déjà depuis les travaux de la commission d'enquête sur l'effondrement du viaduc de la Concorde, qui avait dû le sommer de faire, chose pourtant élémentaire, l'inventaire des superstructures routières posant des problèmes de sécurité. Le vérificateur général observe que les pratiques usuelles dans l'attribution de contrats n'ont pas été suivies nombre de fois; qu'on a invoqué l'urgence pour attribuer des contrats sans appel d'offres alors qu'il n'y avait pas urgence; que le ministère ne fait aucune étude de mesures comparatives sur les coûts des contrats.
Particulièrement inquiétant est le fait que pour plusieurs appels d'offres, une seule soumission a été reçue alors que les cahiers de charges avaient été demandés par quelques entreprises. Y aurait-il eu collusion plus souvent que ce seul cas de 2004? Il y a lieu de soulever la question, compte tenu des allégations répétées de l'existence de collusion systémique dans l'attribution de contrats que l'on a vues à Montréal.
L'ampleur des budgets de construction dont dispose ce ministère, près de 4 milliards par année, devrait exiger qu'il y ait un système de surveillance de la collusion. Que le seul cas relevé en quatre ans n'ait pas été dénoncé à la police, sous prétexte de preuves insuffisantes, est révélateur d'une certaine insouciance. Ce ministère ne voit les problèmes que lorsqu'on les lui met sous le nez.
L'opposition demande la tête de la ministre, Julie Boulet. Le premier ministre ne voudra certainement pas lui donner raison. Il doit cependant se demander si sa collègue a la capacité de mettre de l'ordre dans son ministère. Ces prochaines années, la valse des milliards se poursuivra. Ce rapport du vérificateur général nourrira les doutes qui existent sur la valeur du système d'octroi des contrats publics au Québec dans le secteur de la construction. Loin de s'estomper, la nécessité d'une enquête s'amplifie.
Contrats au ministère des Transports
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