Air Canada et Transat AT ont conclu une entente en vue du regroupement des deux entreprises, une transaction de plus d'un demi-milliard de dollars.
Air Canada, le transporteur aérien le plus important du pays, achètera toutes les actions en circulation de Transat AT au prix de 13 $ l'unité.
Un prix qui représente plus de 150 % de la valeur moyenne de l'action de Transat dans les 30 jours précédant l'annonce de sa mise en vente, le 30 avril dernier. Le montant total de la transaction réglée en espèces s'établit à environ 520 millions de dollars, selon un communiqué d'Air Canada.
Selon Air Canada, les marques Transat et Air Transat seront maintenues parallèlement à celles d'Air Canada, Air Canada Rouge et Vacances Air Canada.
Le siège social de Transat AT doit aussi être conservé à Montréal, où se trouve déjà celui d'Air Canada.
L'économie québécoise profitera pleinement de la présence à Montréal d'un champion mondial axé sur la croissance dans le domaine de l'aviation, le secteur le plus international du monde.
Au terme de plusieurs semaines de négociations, le conseil d'administration de Transat a approuvé à l'unanimité cette « convention d'arrangement exécutoire » et recommande aux actionnaires de l'approuver également.
L'entente doit être approuvée par au moins les deux tiers des actionnaires de Transat AT pour être entérinée.
Or, le plus important actionnaire de Transat AT, la firme Letko, Brosseau et associés, qui détient une participation de plus de 18 %, dans l'entreprise, a déjà fait savoir qu'elle allait voter contre une transaction à 13 $ l'action.
Ce regroupement avec Air Canada offrira à Transat de nouvelles perspectives de croissance en plus de lui procurer le soutien d'un vaste réseau offrant de multiples possibilités en matière de correspondances.
Cette transaction [...] constitue l'occasion idéale de développer la présence et les emplois de Transat à Montréal et, par conséquent, la meilleure option pour toutes nos parties prenantes, soit les employés, les fournisseurs, les partenaires et les actionnaires
, a ajouté Jean-Marc Eustache.
Une fenêtre de 30 jours prévue dans un accord précédent octroyait à Air Canada le droit exclusif de négocier avec Transat AT. Cette fenêtre s'était refermée mercredi.
Rappelons que Transat AT avait également reçu une proposition de 14 $ l'action de la part du promoteur immobilier québécois Groupe Mach.
Par contre, si Transat avait accepté cette offre, une indemnité de 15 millions de dollars aurait dû être versée à Air Canada.
Des enjeux de concurrence
Les organismes de réglementation – le Bureau de la concurrence et Transport Canada – doivent aussi donner leur aval à la transaction avant qu'Air Canada ne prenne le contrôle de la compagnie aérienne québécoise.
Une transaction qui soulève des enjeux de concurrence considérant la position qu'occupent actuellement les deux compagnies aériennes sur le marché. En effet, une fois réunis, Air Canada et transat AT détiendraient ensemble près de 50 % du transport aérien au Canada.
Je suis à nouveau inquiet pour le consommateur canadien parce que l’entité fusionnée détiendra 50 % du trafic aérien vers l’Europe, 40 % à 50% du trafic aérien vers les destinations du sud, les Caraïbes, la Floride etc.
, prévient Amine Ouazad, professeur agrégé au département d’économie appliquée des HEC Montréal.
« Ça pose des questions de concentration du marché aérien », soulève Amine Ouazad.
Les consommateurs canadiens, quand ils font face à un marché dans lequel il y a des situations où il n’y a que quelques compagnies aériennes qui desservent la plupart des routes et bien probablement qu’ils vont payer plus cher pour leurs billets d’avion.
Du travail reste à faire sur les tarifs intérieurs, prévient François Legault
Questionné sur les ondes de Radio-Canada sur l'impact qu'aura cette union entre Transat et Air Canada sur le prix des billets et la préservation d'une saine concurrence dans le marché du transport aérien, le premier ministre du Québec qui fut l'un des fondateurs d'Air Transat, a expliqué : Si on vole vers la France il y a toujours la compétition d'Air France, quand on vole vers les États-Unis il y a d'autres compagnies aériennes donc il y a de la compétition à l'international.
En ce qui a trait aux vols intérieurs, François Legault reconnaît cependant qu'il y a actuellement un problème de pluralité de la concurrence qui engendre des prix très élevés pour voyager au Québec notamment.
Du côté domestique il y avait déjà un problème et on est en train de regarder avec Air Canada comment on peut s'assurer d'avoir des tarifs qui sont plus raisonnables. Quand c'est rendu qu'on paie 1000 $ à 1200 $ pour un aller-retour à l'intérieur du Québec, je trouve ça exagéré.