Quand il a lancé un appel au vote stratégique à ses « amis péquistes », on a eu l'impression que François Legault envoyait le message que la Coalition avenir Québec (CAQ) voulait être le nouveau Parti québécois.
Le chef caquiste se présente comme le défenseur de la nation québécoise et de la langue française, donnant ainsi un tour de roue supplémentaire pour séduire le vote francophone plus intéressé à se débarrasser des libéraux qu’à sauver le Parti québécois (PQ) de la déroute.
L’ancienne première ministre Pauline Marois disait, en privé, que pour réussir à gagner un gouvernement majoritaire, il lui fallait remporter Québec. Mais ses efforts pour courtiser le vote adéquiste de Québec ont mal tourné, et lui ont valu une rébellion au sein de son caucus. Pour sauver son leadership, elle a dû abandonner le projet et se repositionner à gauche.
François Legault est, à certains égards, devant le même dilemme.
Alors qu’il domine présentement à Québec, le chef caquiste a besoin de la Mauricie, du 450, de Lanaudière, et des Laurentides. Il a ainsi adapté son programme avec l’aide d’anciens péquistes convertis au caquisme. On ne parle plus du privé en santé, et on ne parle plus de diminuer l’intervention de l’État dans les programmes sociaux.
Même l’économiste Youri Chassin, candidat dans Saint-Jérôme et reconnu pour ses positions de droite, n’est plus invité aux points de presse de son chef.
François Legault parle maintenant, comme le PQ, du retour du tarif unique en CPE ou d’une bonification des allocations familiales. Sa dernière déclaration à l’effet que le français pourrait disparaître a fait mouche chez les francophones de gauche.
La droite orpheline
La semaine dernière, une trentaine d’adéquistes de la première heure ont fait la fête à Saint-Eustache chez le sénateur Claude Carignan, un des fondateurs du défunt parti.
L’ancien chef de l’ADQ, Mario Dumont, y était, mais aussi des figures importantes du parti comme Éric Duhaime, Jean Nobert et Patrick Robitaille.
Entre les hot-dogs et les épis de maïs, on ne parlait que de la campagne. Un convive raconte que si une boîte de scrutin avait été installée au party, il n’est pas certain que la CAQ aurait gagné.
Cela dit, l’histoire ne dit pas pour qui ils voteront! Mais il est vrai que la plupart des adéquistes ont tranquillement quitté la CAQ au fil du temps.
Le député de La Peltrie a tenu le coup et Éric Caire est aujourd’hui un élément important pour le parti dans la région de Québec. M. Caire ne refuse jamais une entrevue dans les radios de Québec.
Pas étonnant, d’ailleurs, que M. Legault l’ait défendu avec énergie, malgré le prêt controversé qu’il a contracté avec un maire de sa circonscription.
Il reste que la campagne oppose des partis qui jouent dans le même carré de sable, alors que l’ADQ, comme l’expliquait un ancien député, avait le génie d’occuper l’espace vide.
Et cet espace, aujourd’hui, est toujours vide.