Tony Blair a défendu "sans aucun regret" la guerre en Irak

Irak - le Grand mensonge

Tony Blair a défendu mordicus vendredi 29 janvier, devant une commission d'enquête sur l'Irak, sa décision d'entrer en guerre au côté des Américains contre Saddam Hussein, qui menaçait selon lui le monde avec des armes "terrifiantes".
* "Avez-vous des regrets ?" a demandé à trois reprises à l'ancien premier ministre travailliste le président de la commission, John Chilcot, après avoir évoqué la centaine de milliers de victimes du conflit.
"Une responsabilité oui, mais je n'ai aucun regret d'avoir renversé Saddam Hussein", a rétorqué Tony Blair. Saddam Hussein "était un monstre, je pense qu'il menaçait non seulement la région, mais le monde entier". "Je pense sincèrement que le monde est plus sûr" sans lui, a-t-il conclu, déclenchant pour la première fois des huées et des cris "meurtrier", "menteur", dans la salle impersonnelle où avaient notamment pris place des parents des cent soixante-dix-neuf soldats britanniques tués en Irak. "Si c'était à refaire, je le referais", a affirmé le chef du gouvernement britannique de 1997 à 2007.
* Avait-il conclu un accord "secret" avec le président américain George W. Bush en vue d'une action militaire en Irak lors de leur rencontre en avril 2002 dans le ranch de l'ancien président américain ?
Tony Blair a vivement démenti ce point, affirmant qu'il avait seulement dit à son interlocuteur qu'il serait "avec lui" si la diplomatie échouait. "Ce que je disais - et je ne le disais pas en privé, incidemment, je le disais en public -, c'était : 'Nous allons être avec vous pour faire face et régler cette menace'", a-t-il déclaré. Mais "la manière de procéder dans cette affaire était ouverte". Poussé par les membres de la commission à considérer ce que le président Bush avait pu retenir de leur entretien, Tony Blair a répondu : "Je pense que ce qu'il a retenu de ça a été exactement ce qu'il devait comprendre, à savoir que, si on en venait à l'action militaire parce qu'il n'y avait aucun moyen de régler ça diplomatiquement, nous serions avec lui". "Le fait est que la force est toujours une option", a-t-il ajouté. "Ce qui a changé après [les attentats] du 11 septembre [2001, aux Etats-Unis, ndlr] était que, si nécessaire et s'il n'y avait aucun autre moyen d'en finir avec cette menace, nous aurions à renverser" Saddam Hussein.
* A-t-il forcé la main de son principal conseiller juridique pour lui faire dire in extremis, après des hésitations, qu'une guerre serait légale, même sans nouveau feu vert des Nations unies ?
Tony Blair a balayé l'argument selon lequel la guerre était "illégale" en raison de l'ambiguïté d'une résolution 1441 de l'ONU sur l'Irak. Une seconde autorisant explicitement l'usage de la force "nous aurait simplifié la vie", s'est-il contenté de reconnaître. Il a fait valoir que l'échec des tentatives de maîtriser le programme d'armes de destruction massive irakien n'avait laissé d'autre choix que l'invasion.
* Quelle preuve avait-il des liens présumés entre Saddam Hussein et le réseau Al-Qaida ?
Il a admis que le Royaume-Uni acceptait qu'il n'existait aucun lien entre l'ancien président irakien et le mouvement dirigé par Oussama Ben Laden. Mais il a assuré avoir été "absolument certain" que, si Saddam Hussein avait été autorisé à poursuivre son programme d'ADM, l'Occident en aurait subi les conséquences.
* Disposait-il d'éléments tangibles prouvant l'existence d'armes de destruction massive en Irak ?
Après le 11-Septembre, "on nous a dit que ces fanatiques religieux utiliseraient des armes chimiques, biologiques ou nucléaires s'ils pouvaient en obtenir", a expliqué Tony Blair. "Cela a complètement changé notre évaluation des risques" qu'engendrent des pays comme l'Irak, l'Iran, la Libye. "Je croyais sans le moindre doute que l'Irak disposait d'armes de destruction massive", sur la foi d'informations des services de renseignements, a-t-il dit. "Il ne s'agit pas de mensonge, ou de complot, de supercherie ou de tromperie, c'est une décision", s'est-il défendu avec ardeur, après avoir laissé transparaître un peu de nervosité au début de l'audition. "Et compte tenu du passé de Saddam, de son utilisation des armes chimiques, du million de personnes et plus dont il a causé la mort, des dix ans passés à enfreindre les résolutions de l'ONU, la décision que j'avais à prendre revenait à se demander : pouvions-nous prendre le risque de laisser cet homme reconstituer son programme d'armement ?" "Je crois (...) que nous avons eu raison de ne pas courir ce risque", a-t-il ajouté, affirmant qu'il était alors convaincu de l'existence d'armes de destruction massive en Irak, quand bien même elles n'ont jamais été retrouvées. "Le monstre" Saddam avait gazé son propre peuple et provoqué plus d'un million de victimes, a-t-il fait valoir.
La menace incarnée en 2003 par l'Irak perdure en 2010 dans l'Iran voisin, "particulièrement dangereux", avec son programme nucléaire et ses liens avec des entités terroristes, a insisté à plusieurs reprises celui qui dirige aujourd'hui le Quartette (Etats-Unis, Union européenne, Russie et ONU) au Proche-Orient, en semblant suggérer une action militaire contre Téhéran.


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