Philippe Couillard le cérébral métamorphosé en Messmer de la politique, qui l’eût cru? C’est pourtant à un grand numéro d’hypnose collective qu’il convie les Québécois. Pendant qu’ils ferment les yeux, il leur fait miroiter un nouveau «dialogue» avec le Canada.
Il leur parle de «fédéralisme multinational». Pour réparer l’affront du rapatriement de 1982 et des échecs de Meech et Charlottetown, il leur promet de rétablir la confiance à travers le pays jusqu’à une lointaine reconnaissance du Québec dans la constitution canadienne.
Une fois les Québécois bien endormis, le vrai visage de son «printemps du dialogue» finira bien par leur échapper. Au fil des 180 pages de cette nouvelle politique d’«affirmation du Québec» au sein du Canada, se cache en effet un virage majeur. Or, ce virage est diamétralement opposé à la vision nationaliste du PLQ sous Jean Lesage et Robert Bourassa.
Le plan d’action derrière cette nouvelle politique pose les principaux jalons d’une intégration accélérée du Québec dans le grand tout canadien. Et ce, sans la moindre obligation en contrepartie d’une reconnaissance constitutionnelle formelle de la nation québécoise.
On y propose en fait de multiplier les alliances interprovinciales; favoriser les rapprochements avec la société civile canadienne, ses milieux universitaires et d’affaires; d’implanter une unité de relations canadiennes dans chaque ministère, etc. Même le Secrétariat aux affaires intergouvernementales canadiennes est rebaptisé Secrétariat du Québec aux relations canadiennes. Une appellation plus provinciale.
Marché de dupes
Bref, c’est un marché de dupes. Justin Trudeau refusant comme il se doit toute ouverture de la constitution, la politique de M. Couillard prend des airs de thérapie de couple à sens unique entre deux peuples fondateurs dont le conjoint québécois n’a plus le moindre rapport de forces depuis longtemps.
La vérité est que le Canada n’a aucun intérêt objectif à ouvrir la boîte de Pandore constitutionnelle. Même pas pour neutraliser une «menace séparatiste» qui, de toute manière, s’étiole d’elle-même. Prêtons à M. Couillard l’intelligence de le savoir.
C’est pourquoi son nouvel évangile est taillé sur mesure pour consommation interne au Québec. À 16 mois des élections, sa clientèle cible est celle des électeurs de la CAQ, ces francophones nationalistes encore habités par le fantasme d’un Québec indépendant dans un Canada uni.
Talles caquistes
Tout comme la charte des valeurs de Pauline Marois, c’est aussi une stratégie électoraliste dite de polarisation (wedge politics). Celle-ci se confronte à un Parti québécois affaibli et qui s’est privé lui-même de sa propre option comme réponse.
La CAQ étant le seul parti apte à bloquer une énième majorité libérale en 2018, rien d’étonnant à ce que M. Couillard cherche à gruger dans ses talles. Car la seule chose que craignent les libéraux est de former un gouvernement minoritaire comme en 2007.
Ils en ont peur parce qu’ils savent que cette fois-ci, les partis d’opposition s’uniraient illico pour le renverser. S’agit maintenant de voir si le nouveau «parle, parle, jase, jase» de M. Couillard tiendra le coup face à des Canadiens qui n’en ont rien à cirer.
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