Tensions chez les libéraux de Trudeau au Québec

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Le PLC de Justin Trudeau est dirigé par le Canada anglais

Le Parti libéral du Canada semble avoir des problèmes à gérer sa croissance au Québec. La tension monte sur plusieurs fronts dans l’organisation de Justin Trudeau, tant sur le plan de la préparation électorale que pour les investitures dans les circonscriptions.
Le dernier épisode concerne le départ du directeur aux opérations du PLC au Québec, Yves Malette. Il a remis sa démission le 2 septembre dernier.
Dans sa lettre, dont nous reproduisons le contenu à la fin de ce billet, il explique son départ par une centralisation des ressources de l’organisation à Ottawa et Toronto.
Extrait :
«Depuis un certain temps cependant, j’observe que les priorités du PLC sont orientées vers l’établissement de structures et de ressources vers le haut de la pyramide et centralisées vers Ottawa et Toronto, plutôt que des ressources de proximité pour nos membres, l’organisation et les opérations de terrain. À mon avis, les ressources sont insuffisantes afin de mener à bien le travail qui devrait se faire présentement à travers le Québec en guise de préparation électorale.»
Yves Malette, qui était en poste depuis un an, affirme dans sa lettre qu’il restera jusqu’au 30 septembre, mais il avait déjà quitté le PLC-Québec mercredi. Nous avons tenté de lui parler, sans succès.
Sur sa page Facebook, il affirme qu’il réoriente sa carrière et qu’il a passé de «beaux moments» au sein du PLC-Québec. Selon nos informations, il se dirigera dans le tourisme et l’hôtellerie. Il s’établira dans les prochaines semaines au Costa Rica avec sa femme.
La lettre d’Yves Malette rejoint les propos d’Yves Lemire, un ancien directeur général de l’aile québécoise du PLC et ex-chef de cabinet de la ministre Lucienne Robillard, qui reproche une trop grande centralisation des pouvoirs. «Le parti est dirigé par le Canada anglais», a-t-il dit récemment au magazine Maclean’s.
L’organisation du PLC-Québec a bel et bien perdu des employés administratifs dans les derniers mois. Des postes qui ont été transférés à Ottawa afin d’alléger la structure et les coûts. Le conseil de direction du PLC-Québec a d’ailleurs voté en faveur de ces modifications, puisque l’organisation au Québec a eu le feu vert pour embaucher deux organisateurs de terrain dans la province.
À l’approche des élections, le PLC a choisi d’opérer avec un budget restreint. Par exemple, lorsque le chef, Justin Trudeau, se déplace à travers le pays, il n’est souvent accompagné que d’un assistant personnel, qui s’occupe de l’horaire, sans attaché de presse ou responsable des communications.
L’organisateur en chef du PLC au Québec, l’ancien député Pablo Rodriguez, a dit ne pas comprendre la sortie d’Yves Malette. «Quand j’ai lu sa lettre, je lui ai demandé d’où sa sortait cette idée qu’on manque de ressources au Québec. Je n’ai pas eu de réponse. Est-ce qu’on veut toujours avoir plus de moyens, c’est évident. Mais on est tout à fait capable de faire notre travail actuellement. Et ça va être de mieux en mieux à mesure que les élections vont approcher», dit-il.
Pablo Rodriguez, qui sera de nouveau candidat aux prochaines élections, affirme qu’il y a 10 fois plus de membres au Québec qu’il y a deux ans. Il refuse toutefois de donner le nombre total de membres.
N’empêche, il y a une certaine tension au sein du PLC au Québec. Plusieurs personnes qui veulent se porter candidats reprochent au parti de manipuler les dates d’investitures dans certaines circonscriptions pour favoriser un candidat plutôt qu’un autre. Ou alors, d’avoir promis des courses ouvertes, mais qu’une fois l’investiture en marche, l’organisation du parti aide davantage un candidat à l’emporter.
Pablo Rodriguez reconnaît qu’il y a une insatisfaction chez certains militants. «Il n’y a pas de grogne, vraiment pas. Mais il y a des gens inquiets. Il faut manœuvrer avec une croissance du parti. On est premier dans les sondages, tout le monde pense qu’on va gagner les prochaines élections. Il y a des investitures à 6,7 ou 8 candidats. Gérer la croissance, c’est quand même mieux qu’un problème de décroissance !»
Jusqu’à présent, 22 circonscriptions au Québec (sur 78) ont eu leur investiture. Pablo Rodriguez dit avoir rencontré 310 candidats potentiels. «Disons que le recrutement est plus facile que lors des dix dernières années. On va avoir une solide équipe», dit-il.
Le dernier sondage CROP-La Presse paru le 21 août dernier montrait une lutte serrée au Québec entre le PLC et le NPD de Thomas Mulcair.
Le PLC était en avance, avec 38 % des intentions de vote, contre 32 % pour le NPD. Mais chez les francophones, qui décident de la couleur de la vaste majorité des circonscriptions, le NPD était premier, avec 36 %, contre 34 % au PLC.

Lettre de démission - Yves Malette


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