Dans une tribune publiée dans Le Monde (édition datée du 29 février), l'islamologue Tariq Ramadan revient sur le boycott par les pays arabes -- Liban, Tunisie, Maroc, Algérie, Egypte, Jordanie, Yemen et Palestine notamment -- de la Foire du Livre de Turin (du 8 au 12 mai 2008) et du Salon du Livre de Paris (du 14 au 19 mars 2008), ces deux manifestations ayant mis Israël en "Invité d'honneur" à l'occasion du 60e anniversaire de la création de l'Etat hébreu.
Se défendant d'avoir été l'initiateur de l'appel au boycottage de la Foire de Turin -- ce sont les organisations d'écrivains palestiniens et égyptiens qui ont initié l'appel conjointement avec l'influente Ligue arabe -- Tariq Ramadan précise que le sens de ce boycott n'est aucunement de nier l'existence d'Israël mais de manifester une opposition pacifique à la politique d'apartheid menée à l'encontre des palestiniens. Pour l'intellectuel genevois, la célébration des 60 ans de l'Etat hébreu est éminemment politique et "s'y opposer ne veut pas dire nier la culture et la liberté d'expression des écrivains israéliens", comme tentent de faire accroire les amis de l'Etat juif qui voient de l'antisémitisme dans toute critique politique d'Israël. Il s'agit pour les défenseurs des droits des Palestiniens d'utiliser l'arme pacifique du boycott afin de ne pas laisser tomber dans l'oubli la sombre réalité des territoires occupés à l'heure où Israël utilise les vitrines des plus grands rendez-vous internationaux de la Culture pour célébrer son anniversaire.
Tariq Ramadan soutient l'initiative des organisations palestiniennes qui ont décidé d'être présentes au Salon du Livre de Paris afin de célébrer eux le 60ème anniversaire de la "Nakba". C'est-à-dire l'autre réalité de la fondation de l'Etat israélien en 1948: son installation désastreuse sur les territoires de la Palestine historique, suivi en 1967 de l'occupation du peu de terres qui restaient encore aux palestiniens, la Cisjordanie et de la Bande de Gaza. Pour lui, il est nécessaire que des voix rappellent ces "soixante années de colonisation, de déplacement de populations, d'exil et de morts palestiniens", ainsi que la situation indigne d'un pays, Israël, "qui ne respecte ni les résolutions de l'ONU ni le droit international".
Pour Tariq Ramadan "le choix d'Israël comme invité d'honneur, au moment où le peuple palestinien se meurt à Gaza, est une maladresse et une faute". En organisant un "autre Salon" au coeur du Salon du livre de Paris, l'objectif est selon lui de dénoncer l'injustice et le "deux poids deux mesures" qui prévaut dans les pays occidentaux sur le conflit israélo-palestinien.
Lire aussi: Les appels au boycott du Salon du Livre de Paris dédié à Israël se multiplient..
Auteur : La République des Lettres, jeudi 28 février 2008
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Salon du Livre 2008
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