Faut-il ou non augmenter les tarifs des services publics en ces temps de crise économique? Pour la chef de l'opposition officielle, Mme Pauline Marois, la réponse est non, alors que, pour le gouvernement, seules les garderies doivent être épargnées pour cause de promesse électorale. Dans un cas comme dans l'autre, les intérêts de politique partisane l'emportent sur les besoins du Québec en matière de services et de finances publics.
La crise économique n'a rien à voir avec la décision qui doit être prise d'augmenter les tarifs des services publics ou non. Pas plus qu'avec l'augmentation du prix de l'essence, du lait ou des loyers qui sont des produits tout aussi essentiels que l'électricité, l'assurance automobile ou la garderie. Affirmer, comme le fait l'opposition officielle, que le gouvernement du Québec doit geler tous les tarifs jusqu'à la fin de la présente crise économique, cela équivaut à reporter sur les épaules de la prochaine génération le coût des services qui sont consommés aujourd'hui par les usagers.
La récession est là, plus personne ne nie l'évidence, mais, malgré la chute des recettes fiscales qui risque d'être majeure, Québec doit continuer d'offrir des services de qualité, voire de les améliorer, voilà l'essentiel. En santé, par exemple, il faudra augmenter le budget de 4 % à 5 %, et cela ne suffira même pas pour corriger les lacunes les plus criantes. En éducation, il faut au moins maintenir la croissance des coûts de système pour ne pas avoir à comprimer les effectifs professionnels de soutien aux enseignants.
Pour ce qui est des services de garde, la victoire récente des éducatrices en milieu familial pourrait ajouter un milliard à la facture récurrente qui est déjà astronomique. Compte tenu du manque chronique de places pour les enfants du mini baby-boom des dernières années, on doit même se demander quelle mouche a piqué le gouvernement Charest pour qu'il promette de geler les tarifs à 7 $ au lieu de les augmenter à 10 $ par jour. À ce niveau, ils ne couvriraient même pas le quart de la facture, et l'argent permettrait au moins de créer quelques places de plus.
Dans le cas de l'électricité, certains voudraient des augmentations très fortes pour rejoindre le prix moyen en Amérique du Nord. Sans provoquer un tel choc des prix dans une société qui compte beaucoup sur cette énergie à cause des politiques publiques en matière de développement industriel et de chauffage des habitations, il faut laisser la Régie de l'énergie faire son travail. Un gel des tarifs ne ferait qu'accroître l'iniquité entre les grands consommateurs d'électricité et ceux qui utilisent d'autres sources d'énergie, en plus d'inciter au gaspillage et de restreindre les revenus d'un État qui en a bien besoin.
En fait, les tarifs des services publics doivent suivre l'évolution des coûts, que ce soit en matière d'énergie, d'assurance (automobile et médicaments) ou de tout autre service qui justifie une participation financière des usagers. Si l'on veut venir en aide à certaines catégories de ménages, il faut le faire au moyen de l'aide sociale, du salaire minimum ou des crédits d'impôt.
Dans la préparation de son prochain budget, Mme Jérôme-Forget n'aura d'autre choix que d'inscrire un déficit qui pourrait facilement dépasser les quatre ou cinq milliards et qui durera pendant au moins quelques années. Dans les circonstances, il faut cesser d'investir dans le Fonds des générations et, en revanche, adapter les tarifs à l'évolution des coûts.
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j-rsansfacon@ledevoir.ca
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