Décrochage scolaire - L'affaire de tous

Écoles privées - subventions - frais - décrochage

Les chiffres le disent: les jeunes Québécois qui réussissent à l'école le font avec autant de brio que leurs semblables du reste du monde. Le problème, c'est que trop d'entre eux quittent l'école avant même d'avoir passé les examens de fin d'études. Seule une révolution culturelle viendrait à bout du problème.
Au Québec, 30 % des jeunes francophones abandonnent leurs études avant la fin du secondaire, et même si nombre d'entre eux y reviennent pour conclure plus tard, ce manque de persévérance initiale est déplorable et parfois dramatique.
Le phénomène n'est pas propre au niveau secondaire puisqu'on le retrouve aussi plus tard, au collège et à l'université, avec pour conséquence un gaspillage fantastique de potentiel humain pour la société, gaspillage de temps et d'argent pour les jeunes eux-mêmes.
Avec le vieillissement de la population et un déficit démographique chronique, le Québec ne peut plus laisser ainsi autant de ses jeunes citoyens abandonner l'école avant d'avoir obtenu au moins un diplôme professionnel ou technique.
C'est dans l'air du temps d'accuser l'école privée d'écrémer le secteur public de ses meilleurs éléments avec la bénédiction et l'argent des contribuables. L'analyse n'est pas fausse, mais elle est incomplète, puisque l'abolition pure et simple des subventions ne réglerait rien. D'une part, il en coûterait beaucoup plus cher à l'État de financer 100 % des coûts de formation de ces 30 % de jeunes qui choisissent le privé; d'autre part, il faut se rappeler que la popularité du privé est d'abord due à sa réputation d'accorder la priorité à l'encadrement des adolescents en classe et en dehors de la classe. C'est la détérioration du public depuis trente ans qui est à l'origine de cette popularité, et non l'inverse.
Faire disparaître l'école privée ramènerait les enfants dans les polyvalentes, mais cela priverait le réseau public d'un modèle qui a fait ses preuves sans pour autant recréer cette culture d'engagement du personnel depuis longtemps disparue des grandes boîtes à cours. Et cela n'a rien à voir avec l'argent!
S'il faut trouver un coupable, ce n'est pas du côté des familles qui profitent de l'existence de ces écoles à vocation particulière, publiques ou privées, pour soulager leurs angoisses à l'approche de l'adolescence qu'il faut chercher, mais du côté des écoles publiques trop grosses, des directions trop bureaucratiques et trop loin des parents, et du corporatisme syndical tout puissant hérité des années soixante-dix. Encore récemment, l'Alliance des professeurs de Montréal se félicitait d'avoir arraché deux journées pédagogiques de plus «pour ses membres», donc deux journées de moins avec les élèves.
Comment relever le défi de la lutte contre le décrochage? S'il n'y a pas de solution magique, il existe tout de même plusieurs pistes d'intervention connues qui ont fait leurs preuves. La recette, en fait, relève de l'engagement sincère de tous les intervenants à travailler dans le même sens au lieu de «tirer la couverte» de son bord.
Les entreprises qui embauchent des jeunes, la famille, les directions d'école, les municipalités, les syndicats, les fonctionnaires et les politiciens... tous doivent faire des jeunes dont ils ont la responsabilité leur seule vraie priorité, loin devant les conditions de travail qui n'en seront que meilleures en cas de réussite.
Faut-il pour cela tenir un autre sommet de l'éducation? Peut-être, mais c'est d'abord à une révolution culturelle que tous doivent être conviés par nos autorités politiques. Quelqu'un croit-il cela possible?


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