Isabelle Porter - À défaut d’évoquer le projet politique, le spectacle de la Fête nationale sur les Plaines d’Abraham a rendu ce soir hommage au «génie créatif québécois», de Robert Lepage à Dany Laferrière en passant par Xavier Dolan, André Mathieu et bien sûr la chanson.
«Nous sommes québécois et créateurs et l’un ne va pas sans l’autre», ont lancé sur les Plaines les porte-paroles de la fête, Mireille Deyglun et Stéphane Crête devant une bonne foule. «Cette beauté se conjugue en français. (…) Notre langue aura toujours besoin de notre créativité».
Ce discours patriotique composé pour l’occasion par l’auteur Michel-Marc-Bouchard a été lu lors de différents concerts aux quatre coins du Québec à l’exception de Montréal, l’évènement dans la métropole étant tenu par une organisation distincte.
Le discours énumérait une longue liste de réussites québécoises, outre celles sus mentionnées, comme le Cirque du Soleil, Lalala Human Steps, Cœur de Pirate, Gilles Carles et même le continental.
«C’est formidable, on célèbre la fierté en célébrant notre richesse culturelle, notre créativité, et nos spectacles en sont les exemples les plus éloquents», a déclaré au Devoir la chef du Parti Québécois, Pauline Marois face à la scène où elle écoutait le spectacle en compagnie du chef Gilles Duceppe et de députés. Priée de dire si elle ne regrettait pas l’absence d’un discours plus ouvertement politique, elle a rétorqué : «l’indépendance, ça s’inscrit d’abord dans la fierté. Il faut être fiers de ce que l’on est, célébrer notre différence et à partir de là, on a le goût d’être indépendants. C’est sûr que ça va ensemble.»
Au dire du directeur général de l’organisation de la Fête nationale, Gregory Madore, on a délibérément cherché, depuis 2007, à «dépolitiser le contenu de la Fête» et ce «particulièrement à Québec».
«L’idée, c’est que lors de cette journée là, on met toutes nos querelles de côté pour célébrer notre passion, notre fierté d’être Québécois, ajoute-t-il. Tout le spectacle a été conçu en fonction de ça.»
Le concert a débuté un peu après 21h dans une chaleur de canicule et c’est avec la bien nommée Mets un peu de soleil dans nos vies de Gilles Valiquette que tout a débuté. «Bonne fête Québec !», a lancé l’animateur Guillaume Lemay-Thivierge, dont c’était la troisième St-Jean de suite à Québec. On l’avait notamment vu lors de la fête nationale du 400e anniversaire nous donner quelques leçons d’histoire en costume de Champlain.
C’est d’ailleurs à Pierre Boileau, le metteur en scène du spectacle «Rencontres», présenté en juillet 2008 devant le Parlement, qu’on avait confié la mise en scène du concert, un spectacle simple, bien rodé, et sans temps morts.
Autour de Guillaume Lemay-Thivierge, qui chantait aussi hier soir, on a pu entendre Annie Villeneuve, Isabelle Boulay, Vincent Vallières, Lynda Thalie, Samian, Xavier Caféine, Marie-Christine DePrestre, Mario-St-Amant et Luc de Larochellière qui était particulièrement à l’honneur avec au moins cinq de ses chansons les plus connues (Amère America, Si Fragile, etc.), au début et en conclusion d'un spectacle qui s’est terminé vers les 23h30.
Or la fête ne s’arrêtait pas là puisque les Cowboys Fringants, les Vulgaires Machins, Exterio et Metatuk prenaient le relais jusqu’aux petites heures.
C’est vraiment avec l’Hymne à Québec composée par les Loco Locass pour une télé-réalité sur le hockey que le show a démarré en début de soirée. Sinon on a eu droit au répertoire de Plume Latraverse, des Colocs, Michel Rivard, Renée Martel et Richard Desjardins, entre autres.
Dans une volonté de rallier tous à la fête, on avait pris soin de donner une place aux artistes de l’immigration avec Lynda Thalie, qui a cru bon de spécifier que même si elle n’était pas née ici, elle avait «du sirop d’érable dans les veines». Un peu avant, le chanteur Samian a lancé un appel pour que nos gouvernements «partent aux Nations Unies signer la Charte des droits et libertés des Premières Nations».
Après la présentation du texte de Michel-Marc Bouchard, le public a été invité à entonner le Gens du Pays (couplets inclus) dans un «karaoke géant» qui a plutôt bien fonctionné. Cela fait 35 ans cette année, a-t-on rappelé, que Gilles Vigneault a composé cet air devenu un classique. Ce fut sans doute un beau prélude au grand spectacle que doit présenter M. Vigneault sur les Plaines le 14 juillet, dans le cadre du Festival d’été.
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