Par l’Observatoire du Journalisme ♦ France Culture confond purisme esthétique et « pureté » raciale, provoquant un buzz sur les réseaux sociaux. A l’origine de la polémique ? Une petite vidéo tellement orientée qu’elle pouvait passer pour une blague, mais ce n’était pas le cas. France Culture croit vraiment à son infox.
Le mardi 19 novembre 2019, France Culture a posé sa candidature officielle pour les Bobards d’or en diffusant un clip d’annonce d’émission sur les réseaux sociaux, clip consacré à la blancheur des statues de l’histoire de l’art de la civilisation européenne.
Non, les statues grecques n'étaient pas blanches, mais de toutes les couleurs.
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La station du groupe d’État Radio France semble connaître une évolution vers un militantisme de type « nous sommes le camp du Bien » auquel elle échappait en partie jusqu’alors. Ce que montre le clip en question, mais aussi et par exemple des podcasts très orientés politiquement dont l’OJIM fait actuellement l’analyse :
L’objectif de cette dernière série étant de « démontrer » que le grand remplacement serait à la fois une théorie et un « virus français ».
Mardi 19 novembre, la visée est autre : l’art est considéré comme raciste et racialiste depuis 2000 ans, la faute au christianisme en particulier, et même au-delà, dès la Rome antique. Le tout sous couvert de l’autorité de deux ou trois universitaires, dont Philippe Jockey, professeur à l’université de Nanterre (pas de surprise).
Les propos du Jockey (sans cheval)
Les statues antiques, avant tout les statues grecques, « étaient tout sauf blanches ». Rien de bien neuf ni de choquant, quiconque s’intéressant à l’art et à son histoire étant déjà informé à ce propos, ainsi que tout collégien, nombre de statues étaient peintes. Un point à noter, ce même Jockey a déjà tenté de faire polémique à ce propos en 2013, son gogo médiatique n’étant pas alors France Culture mais 20 Minutes, qui répercutait un ouvrage de l’universitaire. Qu’il lui ait fallu 6 ans pour parvenir à l’antenne montre à quel point l’entrisme idéologique du post-colonialisme de la gauche identitaire est maintenant fort dans les universités françaises. En réalité, le mythe de la blancheur des statues s’est écroulé depuis longtemps.
Pour France Culture et son Jockey, la blancheur des statues ne s’explique pas par des raisons artistiques ou esthétiques, ce qui est pourtant le cas, mais par le racisme des européens de souche. L’auditeur entend ainsi ceci :
- les statues étaient colorées, « pourtant il n’y a aucune trace de cette certitude historique, ni dans nos musées ni dans notre imaginaire. C’est le résultat de 2000 ans d’une histoire réactionnaire qui place le blanc au centre de ses valeurs et rejette l’impur, le bigarré, le métissage ». Autrement dit, un complot d’extrême droite raciste et suprémaciste blanc serait à l’oeuvre depuis… 2000 ans. C’est sur France Culture que cela se dit.
- Cette volonté de blancheur est, dit-on, « la marque d’un rejet de l’autre ».
- Un rejet actif politiquement : « Le blanc deviendra même un argument politique en 1830 quand la jeune nation grecque s’émancipe du joug ottoman et se purifie de ses couleurs vives ».
- « Dans les années 30, l’idéologie de la blancheur se radicalise encore quand l’écrivain Charles Maurras fait l’éloge de la blanche Athènes, posant ainsi un jalon dans l’exaltation antique reprise par les régimes fascistes et nazis ».
- « On va de là appuyer justement le mythe de l’homme supérieur, de l’aryen, sur cette idéologie blanche »
Chute du Jockey au premier obstacle
Ainsi pour France Culture et son apprenti Jockey, nous sommes sous le joug d’un racisme blanc permanent qui s’exprime dans l’art depuis 2000 ans et conduit à Maurras qui, lui-même, conduirait au fascisme et au nazisme, ce qui, concernant un Martégal (Maurras) germanophobe et antinazi de la première heure, touche au comique. Ceci dit, le, podcast de France Culture l’affirme en conclusion, nous sommes presque sauvés, ou en cours de l’être : « avec 1968, on commence à prendre en compte les couleurs grâce au grand retournement culturel ».
Pour ceux qui ne comprenaient pas encore comment un être humain peut être endoctriné, ni ce que propagande veut dire, alors ce clip est un outil d’apprentissage de haute volée. Comme la révolution culturelle chinoise vue avec les yeux de Sartre ou l’entrée des Khmers rouges à Phnom-Penh vue par Le Monde à la bonne époque. France Culture, pauvre cheval fourbu monté par un tel Jockey.