Souverainisme, morne plaine ?

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Le souverainisme en Europe se transforme-t-il en une Reconquista pan-européenne ?

Florian Philippot a perdu son égérie. Sophie Montel est partie de chez « Les Patriotes » avec armes et bagages, ou plutôt chiens et chats puisqu’elle garde son « collectif Belaud Argos » voué à nos amies les bêtes. Elle n’a pas aimé la médiatisation par Florian Philippot du soutien que lui apportait  Geneviève de Fontenay, et qui a tourné au fiasco. Une « initiative personnelle malvenue » a-t-elle déclaré au magazine Causeur . Mais il n’y a pas que cela. Elle est « lasse de la morne plaine du souverainisme ». Par cette simple phrase, elle a mis le doigt sur le problème majeur d’une opposition qui se cherche. C’est, par delà les brouilles personnelles, celui des idées : le souverainisme est il vraiment toujours le ciment possible de son unité ?


Le « vive le Québec libre » de Charles de Gaulle, en 1967, a lancé la mode du « souverainisme », repris par les « anti Maastricht » en 1992. Mais ce concept semble s’être dissous récemment dans le fracas du Brexit. 

Ce qui resurgit aujourd’hui est une revendication plus réaliste : l’éclatement de l’idéologie dominante sous la pression d’une nouvelle majorité au sein du Parlement en 2019, préparée dès maintenant par l’action déterminée des ministres de l’Intérieur et chefs d’Etat nationaux dans les Conseils européens.


Marine Le Pen l’a compris la première, et a amorcé le virage en mettant sa dernière université d’été sous le signe de l’international. Mais sa proposition faite à Dupont-Aignan d’une liste dont ni elle ni lui ne prendraient la tête mais qu’ils soutiendraient car elle s’ouvrirait sur tout ce que la France compte d’anti immigration, anti austérité et anti fédéralisme n’a pas eu d’écho.


Il est donc dit que c’est d’Italie que viendra l’opposition à Macron et à tout ce qu’il représente. Au rassemblement annuel de la Ligue à Pontoda au nord de Milan, le 7 juillet, un chapelet à la main, Mattéo Salvini a lancé a la foule « Voulez-vous jurer de (…) libérer les peuples d’Europe ? » Son idée est de créer une « ligue des ligues » européenne qui défendra les populations et les frontières du continent tout entier. Rien que ça.


« Les élections de 2019 seront l’occasion de lancer un parti transnational européen qui comprendra non seulement des Hongrois, des Autrichiens, des Allemands, des Français mais aussi des Suédois, des Belges, des Bulgares, des Polonais » a déclaré aux Izvestia son conseiller Gianluca Savoini.


Pour ce qui est des partis, l’Europe des nations et de la liberté qui rassemble le RN français, la Ligue italienne, le FPO autrichien et le Parti de la Liberté des Pays-Bas va sans doute se voir augmenté de ce qui restera du parti Europe de la Liberté et de la Démocratie Directe bientôt vidé de ses députés UKIP et où émarge le parti 5 étoiles. Mais ce ne sera pas qu’une affaire de partis. La nouvelle alliance sera personnifiée. Ses stars seront Viktor Orban, Sebastian Kurz, Marine Le Pen et bien sûr Matteo Salvini.


Brandissant toujours son chapelet, ce dernier a ajouté à Pontoda :« Chacun d’entre vous est mon frère, ma sœur. Les enfants de chacun de vous sont mes enfants » puis a martelé « voulez vous jurer de ne pas abandonner tant que nous n’aurons pas libéré les peuples d’Europe » ?


De quoi donner au « souverainisme » une toute autre dimension et le faire monter de la « morne plaine » d’une vieillerie sécessionniste sur les hauteurs d’une reconquista exaltante.