Quelle sera cette "nouvelle perspective" que le président Bush a promise à propos de l'Irak, après la "raclée" - c'est son expression - enregistrée par son Parti républicain aux élections de mi-mandat ?
La question est posée à Washington sans que personne ne soit encore en mesure d'apporter une réponse. Une seule chose est sûre : tout le monde semble aujourd'hui favorable à un changement de politique. George W. Bush a compris qu'il lui fallait trouver les moyens de sortir de l'impasse s'il voulait sauver sa présidence. Les républicains ne veulent pas aborder l'élection présidentielle de 2008 avec plus de cent mille soldats américains impliqués dans une guerre civile. Les démocrates, qui ont gagné la majorité au Sénat et à la Chambre, seraient encore renforcés pour les prochaines échéances s'ils contribuaient à sortir leur pays du bourbier irakien.
Personne, toutefois, ne veut être accusé d'accepter une retraite qui serait, pour les Etats-Unis et pour leurs alliés, à la fois humiliante et dangereuse. Ni M. Bush ni ses adversaires démocrates n'ont de solution. Ils espèrent le salut du Groupe d'études sur l'Irak. Le président n'attendra pas la remise du rapport de cette commission bipartite, prévue à la fin de l'année, pour avoir un avant-goût de ses recommandations.
Les deux vieux routiers de la politique étrangère qui président la commission - le républicain James Baker et le démocrate Lee Hamilton - sont connus pour ne pas sombrer dans les considérations idéologiques. Leurs conclusions devraient s'articuler autour de trois idées : maintenir autant que faire se peut l'intégrité d'un Irak fédéral afin de ne pas abandonner le pays aux rivalités ethniques et aux convoitises de ses voisins ; opérer une diminution progressive des forces américaines en plaçant le gouvernement irakien devant ses responsabilités ; entamer des conversations avec les pays limitrophes de l'Irak qui sont à un titre ou à un autre impliqués dans le conflit.
Ce dernier point suppose que Washington accepte de parler avec l'Iran et la Syrie. George Bush s'y est jusqu'à maintenant refusé, car il les considère comme deux Etats "voyous". Ces éventuelles négociations ne se limiteraient pas à la question irakienne, qui ne saurait trouver de solution que dans un contexte régional, englobant le conflit israélo-palestinien et le différend sur le nucléaire iranien.
Il ne s'agirait donc pas d'une simple inflexion de la politique irakienne de la Maison Blanche, mais d'un véritable changement de stratégie, même si l'objectif proclamé reste le même : la guerre contre la terreur. Le président est connu pour avoir des convictions. En se séparant de Donald Rumsfeld, il a montré qu'il avait une grande flexibilité tactique. Il a maintenant l'occasion de se plier au réalisme auquel l'invitent les électeurs.
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