Le Parti libéral du Québec (PLQ) s'opposera finalement au projet du gouvernement Legault d'interdire le port de signes religieux aux employés de l'État en position d'autorité, a tranché vendredi le chef intérimaire Pierre Arcand.
La veille, il s'était montré ouvert à la discussion sur le port de signes religieux et avait promis de bien écouter le compte-rendu de la porte-parole du parti en matière de laïcité, Hélène David, portant sur les différentes avenues possibles.
Lors d'un point de presse vendredi midi, il a annoncé que le caucus libéral, réuni depuis jeudi à Québec, maintient sa position traditionnelle.
«La position nous a paru assez limpide et assez claire de la part de l'ensemble des députés», a-t-il déclaré.
«Le Parti libéral du Québec, c'est le parti des libertés individuelles. La liberté de religion est enchâssée dans la Charte des droits et libertés de la personne, et jamais nous n'allons endosser la position de la CAQ qui souhaite interdire le port des signes religieux chez les employés en position d'autorité.»
Le gouvernement Legault plaide qu'il y a consensus au Québec autour du rapport Bouchard-Taylor de 2008, qui recommande l'interdiction du port de signes religieux chez les juges, policiers, procureurs et gardiens de prison. Le gouvernement compte ajouter à cette liste les enseignants.
Deux poids, deux mesures?
L'opposition libérale se questionne sur la manière dont le gouvernement va réussir à faire appliquer cette interdiction.
«Y aura-t-il deux poids, deux mesures entre les écoles publiques et les écoles privées? Entre les employés fédéraux et les employés de l'État québécois? Entre les juges provinciaux et les juges fédéraux? s'est interrogé M. Arcand.
À la veille de la rentrée parlementaire, il n'a pas tardé à lancer les hostilités.
«M. Legault est en droite ligne pour créer au Québec actuellement de nombreuses divisions», a-t-il déclaré.
Le PLQ n'ira donc pas plus loin que l'obligation de donner et de recevoir des services publics à visage découvert. L'ancien gouvernement Couillard avait d'ailleurs fait adopter une loi en 2017 à cet effet, qui est aujourd'hui contestée devant les tribunaux.
L'interdiction proposée par le gouvernement de la Coalition avenir Québec va bien au-delà de cette loi et est «une atteinte directe à un droit et une liberté qui est la liberté de religion», a renchéri Mme David.
Les libéraux ont jugé le moment propice pour afficher leurs couleurs, alors que le premier ministre François Legault tergiverse sur une clause de protection des droits acquis pour les employés actuels, en plus de tenir des propos controversés sur l'islamophobie.
«On a jugé bon aujourd'hui de dire: "Écoutez, voici un parti politique ici, au Québec, qui est un parti politique qui croit aux libertés fondamentales, aux libertés individuelles"», a affirmé M. Arcand.
Les travaux parlementaires reprennent mardi prochain.