Dans La Presse, nous apprenions récemment qu'il semble y avoir une dissension entre les intérêts environnementaux et commerciaux du Canada au sujet de l'exportation du pétrole provenant des sables bitumineux. Loin d'être un scandale, cet arbitrage nécessaire et souhaitable est normal. Nous souhaitons tous à la fois vivre dans un environnement sain et profiter du développement de sources d'énergie qui ont le potentiel d'enrichir les Canadiens.
Toutefois, la propagande tous azimuts menée par certains groupes environnementalistes contre les sables bitumineux - et dont la publication d'une série de courriels gouvernementaux est le plus récent volet - n'a pas de raison d'être. Selon les données d'Environnement Canada, les sables bitumineux sont responsables de 5% des émissions de gaz à effet de serre (GES) au Canada et de seulement 0,1% des émissions mondiales. L'agriculture, quant à elle, compte pour 9% des émissions canadiennes.
D'ailleurs, il est rassurant de constater que les citoyens en général abordent cette question de manière plus pragmatique. Selon un sondage canadien Harris-Decima effectué en 2010, 74 % des répondants estiment que la meilleure avenue consiste à exploiter les sables bitumineux en prenant soin d'en limiter les conséquences environnementales.
Il est tout à fait avisé de veiller à ce que nos échanges commerciaux, y compris ceux impliquant le pétrole issu des sables bitumineux, se fassent sans entraves injustifiées et dans le respect des accords internationaux.
Penser s'affranchir des combustibles fossiles à court terme relève de l'utopie. En effet, la consommation mondiale de toutes les sortes d'énergies ira en augmentant. C'est là une des conclusions du sommet mondial de l'énergie tenu à Montréal cette année. Le pétrole ne fait pas exception.
Selon l'Agence internationale de l'énergie, la demande de pétrole atteindra 99 millions de barils par jour en 2035, soit 15 millions de barils par jour qu'en 2009. Cette estimation est fondée sur le scénario central de cette agence qui présume que les gouvernements respecteront leurs engagements quant aux cibles annoncées de réduction d'émissions de GES.
Le monde se développe. Des pays comme la Chine et le Brésil, où de plus en plus de gens aspirent à de meilleures conditions de vie, auront besoin d'énergie pour faire fonctionner leurs usines, éclairer leurs maisons et mettre en marche leurs voitures.
Le monde aura besoin d'énergie et principalement de pétrole pour continuer d'améliorer le niveau de vie de la population. La question fondamentale est de savoir d'où proviendra cette énergie. Préférons-nous qu'on se tourne vers les pays de l'OPEP comme l'Iran et l'Arabie saoudite plutôt que d'importer le pétrole canadien?
Le Canada a l'avantage de constituer une source fiable et prévisible d'approvisionnement. Personnellement, je crois préférable de créer de la richesse, des emplois et de l'innovation ici, plutôt que de soutenir des régimes politiques non démocratiques.
Il faut aussi rappeler que les sables bitumineux canadiens sont et seront une source de prospérité pour tous. À une époque où les bilans des finances publiques sont écrits à l'encre rouge, nous avons l'occasion de développer une industrie qui nous enrichit. Il est à souhaiter que nous ayons, d'une part, un plan efficace pour faire la promotion d'une ressource centrale qui jouera un rôle de premier plan dans l'économie mondiale et, d'autre part, que les industries poursuivent leurs efforts d'amélioration de leur bilan environnemental, notamment par le captage de carbone et la cogénération.
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Jasmin Guénette
L'auteur est vice-président de l'Institut économique de Montréal.
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