Le 3 juillet 1608, Samuel de Champlain choisit Québec pour établir une première présence francophone permanente en Amérique. Cette date marque la fondation de la capitale nationale des Québécois. Ce 400e anniversaire, c'est plus qu'une fête. Il s'agit d'une occasion particulière dans la vie d'un peuple. Elle nous permet de faire le point sur notre histoire, de réfléchir à ce que nous sommes et de voir plus loin, là où nous voulons nous rendre en tant que société distincte en Amérique.
Le 400e anniversaire de Québec nous rappelle le courage, le goût de l'aventure et de la découverte de ceux et celles qui ont défriché le Québec, qui ont bâti notre société. Ce 400e anniversaire nous permet de nous rappeler que Québec est la porte d'entrée d'un continent, le point de départ des explorateurs qui l'ont cartographié, un lieu de rencontres et d'alliances entre Européens et Premières Nations. Ce 400e nous permet également d'exprimer haut et fort toute notre fierté d'avoir comme capitale nationale l'un des joyaux du patrimoine mondial.
Capitale de la Nouvelle-France jusqu'à la Conquête, siège de notre Assemblée nationale et de notre gouvernement, Québec est aussi une ville politique. Nous devons nous rappeler que sur ses terres s'est joué le destin de l'Amérique. C'est également à Québec que nos ancêtres ont développé les premières institutions qui façonnent encore la société québécoise d'aujourd'hui.
Samuel de Champlain
De tout temps, le Canada a su puiser dans les symboles québécois pour nourrir son identité. Depuis quelques semaines, plusieurs se questionnent sur la place que l'on doit accorder à Samuel de Champlain dans nos livres d'histoire. Est-il le premier gouverneur de l'État canadien comme on se plaît à l'afficher à Ottawa sur les murs de Rideau Hall? Cette vision a certes le mérite de renouer avec la notion des deux peuples fondateurs qui est au coeur des revendications traditionnelles du gouvernement du Québec. Michaëlle Jean n'est cependant pas l'héritière de Champlain pour autant.
La fonction de Samuel de Champlain n'était pas honorifique. Il avait le mandat de veiller à l'établissement d'une première présence permanente de francophones en Amérique, d'en assurer la pérennité et la sécurité. Il avait également le mandat de développer le commerce et les échanges commerciaux à partir de Québec. Il avait aussi le mandat de signer des ententes avec les nations autochtones, ce qu'il fit. Il disposait enfin du pouvoir politique et civil sur l'administration de la nouvelle colonie.
Rôle du premier ministre
Pour autant qu'il soit possible de transposer le mandat de Champlain dans les institutions politiques du Québec d'aujourd'hui, c'est la fonction de premier ministre du Québec qu'il occuperait. René Lévesque, tout comme Maurice Duplessis et Honoré Mercier avant lui, ont vu dans la fonction de premier ministre du Québec le rôle de gardien d'un héritage qui nous vient de la Nouvelle-France. Dans le même esprit, on se souvient tous que Robert Bourassa faisait abondamment référence à la défense des intérêts supérieurs du Québec. Cette formule est riche de sens. Elle inscrit le rôle du premier ministre du Québec dans la continuité, comme le dépositaire des avancées du peuple québécois depuis l'établissement même de la colonie.
Le devoir d'un premier ministre du Québec n'est pas celui d'un administrateur de services publics comme les autres. Il a la responsabilité ultime de veiller à ce que le peuple québécois puisse se développer et s'épanouir en français sur un continent majoritairement anglophone. Il lui appartient de s'assurer que notre culture et nos traditions puissent s'affirmer, être transmises aux nouvelles générations ainsi qu'aux nouveaux arrivants.
L'avenir du Québec
Le premier ministre du Québec doit également oeuvrer à la prospérité de notre population. Pour surmonter les défis du Québec sur le plan démographique et économique, nous sommes collectivement condamnés à nous dépasser. Enfin, comme premier représentant de la nation québécoise, le premier ministre du Québec est le gardien de sa personnalité internationale. Il lui revient donc, avec l'appui de l'Assemblée nationale du Québec, de protéger et de transmettre un héritage de plus de 400 ans.
Tout en nous appuyant sur notre histoire, nous devons projeter le Québec vers l'avenir. Cet avenir est encore à écrire. Quatre cents ans après la fondation de sa capitale nationale, il est plus que temps que le Québec ait sa propre constitution pour affirmer son identité, ses valeurs et le projet qu'il porte en français en terre d'Amérique. Il importe également de travailler à rendre le Québec plus autonome sur le plan économique. Un Québec plus riche est un Québec qui a les moyens de ses ambitions. Dans la même veine, il nous incombe de poursuivre le chemin d'une plus grande autonomie politique du Québec. Nous le devons à ceux et celles qui nous ont précédés, aux Québécois d'aujourd'hui et à ceux de demain.
Bonne fête Québec!
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Mario Dumont, Chef de l'opposition officielle
400e anniversaire de la fondation de Québec
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