Browder fut le plus grand investisseur de portefeuille en Russie, avec de forts retours. Puis Poutine arriva et voulut l’encabaner pour fraude fiscale comme un vulgaire voleur russe…
Il fut un temps où faire de fructueuses affaires avec les Russes était normal. Le couple Clinton l’avait démontré (fondation, discours payés, Uranium One). Ainsi que le duumvirat Charles Kushner/Donald Trump, dont les affaires associaient financement des élus américains et partenariats russes (les oligarques russes étant alors très actifs aux États-Unis, en particulier lors de « l’époque casinos » de Trump). Bref, tout allait pour le mieux, et la Russie kleptocratique était un pays ami, au demeurant bien vue par Hollywood, qui présentait alors le gouvernement et les scientifiques russes comme partenaires de l’empire du Bien dans son combat contre les catastrophes géo-cosmiques.
La Russie devint soudain l’ennemi. Car un autre « oligarque », un ex-Américain peu connu du grand public mais très puissant, n’eut de cesse d’empoisonner la relation : William Browder avait, en effet, créé l’Hermitage Fund dans les années 90. Il se spécialisait sur les opportunités russes. Avec, pour modus operandi, d’entrer dans la place, dénoncer la corruption de l’équipe managériale, la sortir et prendre le contrôle (ou tenter de). Gazprom en a su quelque chose entre 1998 et 2001… Monsieur Browder était donc un philanthrope avisé, bien reçu au forum de Davos.
Browder fut ainsi le plus grand investisseur de portefeuille en Russie, avec de forts retours. Puis Poutine arriva et voulut l’encabaner pour fraude fiscale comme un vulgaire voleur russe, le mettant en 2005 sur la liste noire des individus dangereux pour la sécurité nationale. Browder, qui avait « techniquement » renoncé à sa nationalité américaine pour des raisons fiscales, « fit voter » en 2012 le Magnitsky Act, signé par Barack Obama, suivi en 2016 du Global Magnitsky Human Rights Accountability Act (lesquels visent essentiellement à ostraciser financièrement les « oligarques » proches de Poutine, pour le présumé meurtre par association du comptable russe de Browder, Magnitsky).
Le Sénat a, depuis, entendu Browder dans le cadre de l’affaire des ingérences russes dans l’élection présidentielle, en particulier sur le rôle des fouilleurs de poubelles Fusion GPS, lesquels défendaient l’abrogation des deux lois Magnitsky à Washington tout en aidant le FBI à faire passer Trump pour agent russe. Enfin, listé par Interpol à la demande de la justice russe, Browder perdit son visa américain… pour le voir rétabli dans les jours suivants à la suite d’une intervention du sénateur McCain !
Le récent « mémo Nunes » se veut un cas d’école. Il confirme que le FBI de Comey a utilisé un dossier infamant et non vérifié (le dossier GPS), compilé par un ex-espion du MI6, pour tromper les juges afin que ces derniers autorisent des écoutes sur un membre de l’entourage de Trump. Nunes, maintenant dénoncé par les médias comme agent russe, précise qu’un deuxième mémo va prochainement cibler le département d’État. En attendant de revoir le cas Obama.
Cette approche méthodique ne répond pas encore à ces questions : quel fut le rôle de Browder ? Quel fut le rôle de McCain, sachant que Kramer, son assistant, a confirmé devant les députés avoir été envoyé à Londres par son patron pour rencontrer l’ex-espion du MI6, ce qui a ainsi permis à McCain de communiquer le vrai-faux dossier au FBI, y apportant un vernis de crédibilité ? Comment Mike Flynn fut-il piégé ? Trump est-il sorti du piège ? Et Kushner ? Un nouveau procureur sera-t-il nommé ?