Mon sang n’a fait qu’un tour lorsque j’ai vu le député de Orford et ci-devant recteur de l'Université de Sherbrooke permettre des commentaires désobligeants sur la crédibilité des leaders étudiants.
Sans doute se croit-il autorisé de venir jeter son grain de sel du fait de ses anciennes fonctions et de sa connaissance du milieu. Mais faut-il être à se point déconnecté de la réalité pour ne pas voir que si quelqu’un n’a pas la crédibilité requise dans toute cette affaire, c’est bien le gouvernement auquel il appartient et dont il fut un temps ministre de l’Éducation.
Il fallait en effet toute la niaiserie suffisante d’un Jean Charest pour ne pas voir qu’un feu couvait sous ses pieds, cette même niaiserie suffisante qui allait l’amener à se moquer des étudiants devant un public de gens d’affaires si excités à la perspective des retombées du Plan Nord qu’ils en avaient perdu tout sens critique et ri par flagornerie à ses blagues déplacées.
Que faut-il penser de la crédibilité d’un gouvernement qui après avoir ignoré pendant des semaines un mouvement social d’une ampleur qu’on n’avait pas vu au Québec depuis quarante ans, confère en un tour de main une légitimité incroyable aux doléances des étudiants en les convoquant tous solennellement à une séance de négociation avec deux ministres sous l’oeil des dirigeants universitaires et des chefs des trois centrales syndicales ?
S’est-il préoccupé un seul instant de ce qu’il resterait de sa crédibilité et de sa légitimité après un tel exercice ?
Le simple fait que cet événement ait eu lieu dans les circonstances dont tous les Québécois ont été témoins confère à leurs revendications un degré de légitimité qu’elles n’avaient pas jusqu’alors. Et elles confèrent aux dirigeants étudiants une légitimité et une CRÉDIBILITÉ qu’ils n’avaient pas jusqu’alors.
Si les commentaires de Pierre Reid sont à la hauteur de ce à quoi on peut s’attendre d’un député d’arrière banc du PLQ, ils sont totalement indignes d’un ancien ministre de l’Éducation et d’un ancien recteur d’université. À croire que l’appartenance au PLQ entraîne automatiquement une dégénérescence des facultés intellectuelles.
Comme je le soulignais dans un article précédent, au départ, les revendications des étudiants, toutes justifiées soient-elles, constituaient un enjeu limité. Par l’ineptie de Jean Charest et de ses ministres, cet enjeu est devenu le monstre qui va les terrasser, le véhicule de toutes les frustrations des Québécois, et Dieu seul sait s’ils sont frustrés !
Effrayé à juste titre par le mauvais génie qu’il vient de faire sortir de la bouteille, le gouvernement Charest aimerait bien l’y voir retourner, et c’est le sens qu’il faut donner à l’intervention de Pierre Reid. Je n’ose à peine croire que cette intervention ait pu être planifiée tant le choix de l’intervenant était mauvais. Quant à ses propos, c’est encore pire.
À regarder déraper cette crise qui aurait pu si facilement être désamorcée il y a plusieurs semaines, on en vient à se demander si Charest et son gouvernement ne souhaitent pas justement mettre le Québec à feu et à sang (voir CNN) pour détourner l’attention des Québécois le temps que les pillards (les loups dans la bergerie) consolident leurs positions et les rendent inexpugnables.
Ce ne serait pas nouveau.
En fait, c’est justement le thème d’une pièce historique de Victor Hugo, Ruy Blas.
Jugez-en vous mêmes :
Bon appétit, messieurs! –
Tous se retournent. Silence de surprise et d'inquiétude. Ruy Blas se couvre, croise les bras, et poursuit en les regardant en face.
Ô ministres intègres !
_ Conseillers vertueux ! Voilà votre façon
_ De servir, serviteurs qui pillez la maison !
_ Donc vous n'avez pas honte et vous choisissez l'heure,
_ L'heure sombre où le Québec agonisant pleure !
_ Donc vous n'avez ici pas d'autres intérêts
_ Que remplir votre poche et vous enfuir après !
_ Soyez flétris, devant votre pays qui tombe,
_ Fossoyeurs qui venez le voler dans sa tombe !
_ – Mais voyez, regardez, ayez quelque pudeur.
_ Le Québec et sa vertu, le Québec et sa grandeur,
_ Tout s'en va...
Bon, j’ai changé trois mots, mais...
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7 commentaires
Archives de Vigile Répondre
9 mai 2012Le gouvernement Charest est comme une horloge détraquée qui donne la bonne heure deux fois par jour.
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
9 mai 2012On nous apprenait récemment un péché de jeunesse de Line, qui s'était poussée de nuit sans payer son loyer.
Reid, aujourd'hui reproche aux jeunes leur faible représentativité: ce péché même qui lui valut sa propre déchéance comme ministre...
Ceci doit nous servir d'avertissement à tous: plus nous nous exprimons en public, plus nous risquons d'oublier nos propres squelettes dans le placard...
Archives de Vigile Répondre
9 mai 2012Bonjour Monsieur Le Hir,
Merci pour tout ce travail titanesque que vous accomplissez.
J'ajoute cette note à votre article sur Pierre Reid qui me vient d'un Ami qui a été dans le milieu universitaire pendant 35 ans au Service aux Étudiants. Il connait à fond le dossier étudiant et malgré ce que plusieurs journaux ou journalistes avancent afin de monter la population contre les étudiants, il donne raison aux étudiants et les appui.
Pierre Reid fut le premier ministre de l’éducation nommé par Charest.
Il est député de Orford.
Si je me souviens bien, il a eu souvent de la difficulté à se faire élire.
En 2005, il a provoqué la première crise entre les étudiants et le gouvernement libéral en coupant 103 millions dans l’aide financière aux études.
En même temps. il donnait 67 millions aux écoles juives.
Charest l’a poussé à redevenir simple député.
Je trouve incroyable de voir un Reid parler de l,absence de crédibilité des leades étudiants quand lui comme ancien recteur n’a pas assez de crédibilité pour être de nouveau ministre....
Archives de Vigile Répondre
9 mai 2012Monsieur Le Hir
Une dizaine d'autres Victoriaville au Québec et ce gouvernement est mis complètement K.-O.!!! (KNOCK-OUT). À BAS LE FASCISME ET LA DICTATURE!
André Gignac 9/5/12
Archives de Vigile Répondre
9 mai 2012Je suis entièrement d'accord avec votre texte. Une petite correction à faire: Pierre Reid est le député du comté d'Orford; celui de Sherbrooke est Jean Charest
Archives de Vigile Répondre
8 mai 2012Les étudiants même en perdant un session, ils auront découvert là plus qu'une session.
Ils sauront se battre à l'avenir, ce que beaucoup d'adultes Québécois ont oubliés de faire depuis qu'ils sont rentrés dans les rangs sociétales.Les gens tiennent leurs pantoufles au chaud et il ne faut pas toucher à leurs bien-être.Y'a ceux qui se laissent bouffer par la machine, et y'a les autres qui se battent pour un idéal et pour une libertée que nous avons tous oublié.L'argent n'est rien si il sert seulement au service des biens matériel.
Il faut défendre ceux qui n'ont pas les moyens de le faire. Soyons solidaires pour une fois avec nos jeunes, aidons-les!
La cause étudiante est Noble, ne pas se se laisser abattre et manger par les oligarques,
voilà le message. La hausse que JJC à déclencher pour son image publique va lui rebondir
comme un faux chèque. Ce n'est pas que la hausse qui est à l'origine de ce que l'on vois,
mais bien une accumulation de toutes les fourberies de John James Charest depuis 9 ans.
Au diable la richesse et le confort si nous ne sommes pas libres de penser, de s'exprimer et d'ëtre!Le dictateur car il en est un, contrôle les médias, la justice et la police et il est en train de remonter la pente à cause de ses pièges ignobles et il a choisi la pire des causes pour redorerson image...NOS ENFANTS! Il s'attaque à nos tripes, à l'avenir et ce sans compassion!
Mais, il faut arrêter de se prêter à son jeu, car ce qu'il cherche est immonde, il veut qu'on renie nos enfants et qu'on adore son image! Son seul but est de gagner les prochaines élections!Ne tomber pas dans la trappe GOUVERNE MENTAL car il travaille pour les riches.
Archives de Vigile Répondre
8 mai 2012Le gouvernement Charest a tout fait pour maintenir le conflit étudiant au ras des paquerettes, rappellons-nous les interventions des anciens ministres libéraux Claude Gastonguay et Jean Cournoyer en effort de médiation qui pourtant ne cherchaient pas à envenimer le débat. Même Louise Ottis, une exceptionnelle spécialiste en médiation ne se saurait pas fait prier trop longtemps si seulement le clan Charest lui en avait fait la demande. On a préférer le soutien de l’escouade anti-émeute et des radio-poubelle de Québec qui ne s’adressent pas à l’intelligence et beaucoup moins rentable politiquement.
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