Barack Obama avait promis de réconcilier son pays avec le reste du monde, à commencer par les alliés avec lesquels son prédécesseur s’était brouillé. Jusqu’à ces derniers mois, il avait paru tenir promesse. Puis, un certain Edward Snowden est venu tout gâcher.
Depuis son intronisation en 2008, Barack Obama prône les vertus du dialogue et du « multilatéralisme ». Il semble au diapason des autres leaders du monde occidental sur diverses questions : environnement, désarmement, droits fondamentaux, entre autres. Dans les faits, il a mis fin aux guerres américaines impopulaires en Irak et en Afghanistan.
Suivant l’exemple de Julian Assange, le fondateur de WikiLeaks dont les révélations éclaboussaient surtout le prédécesseur d’Obama, un ancien contractuel de la NSA, Edward Snowden, a commencé en mai à déballer les nombreux secrets de cette agence : fichage des « métadonnées » numériques d’à peu près tout le monde sur la planète, y compris des Américains, et même surveillance des communications privées des chefs d’États amis. Des pratiques qui ont cours en ce moment.
Les protestations officielles des dirigeants européens étaient assez prévisibles vu l’ampleur de l’espionnage pratiqué par la NSA sur le Vieux Continent. La semaine dernière, ils ont « pris note de l’intention de la France et de l’Allemagne de provoquer une discussion bilatérale avec les États-Unis ». Paris et Berlin veulent en effet « établir avec les autorités américaines un code de bonne conduite pour l’avenir » en matière d’espionnage !
Ces réactions obligées peuvent sonner faux dans la mesure où tous les États en espionnent d’autres quand ils en ont les moyens, et leurs propres sujets aussi quand ils en ont la volonté, ce qui n’est pas rare. Elles sonnent d’autant plus faux que la plupart des services de renseignement s’échangent régulièrement des données.
C’est en Allemagne, où Angela Merkel est sur écoute depuis des années à ce qu’on dit, que le scandale a fait le plus de vagues. La justice allemande pourrait aller interroger Edward Snowden à Moscou, où il vit en exil, pour en savoir plus.
La chancelière et son gouvernement n’avaient pourtant pas réagi très fortement quand il fut révélé, un peu plus tôt, que les citoyens allemands sont espionnés par la NSA, ne voulant pas monter en épingle un scandale qui risque d’être embarrassant pour tout le monde. C’est un peu étonnant quand même, quand on pense que les Allemands sont très chatouilleux sur tout ce qui touche à la vie privée, nombre d’entre eux ayant jadis été fichés par la « Stasi » est-allemande, en plus d’être épiés par la station de la NSA à Berlin-Ouest pendant la guerre froide.
Surfant peut-être sur la vague d’indignation qui frappe la NSA et les agences américaines du même genre, les responsables pakistanais ont, dernièrement, protesté un peu plus fort que d’habitude contre les attaques de drones menées par les États-Unis sur leur territoire. Ces frappes, qui ont été condamnées par les grandes ONG spécialisées comme Human Rights Watch et Amnesty International, ternissent l’image d’un Barack Obama pacifiste et libéral.
Ou bien ce dernier poursuit le même genre de politique étrangère belliqueuse que son prédécesseur républicain, avec les moyens limités que la débâcle économique et financière de 2008 lui a laissés et avec un plus grand souci d’enjoliver les choses. Ou bien il ne sait pas ce que font ses puissants services de renseignement, ce qui n’est pas plus rassurant, puisqu’ils mettent la démocratie sous étroite surveillance.
À deux ans et quelques mois de la fin de sa présidence, il doit se demander ce qu’il laissera en héritage. L’histoire retiendra évidemment qu’il a été le premier président noir des États-Unis, ce qui n’est pas rien. Elle retiendra aussi qu’il a conclu des alliances et appris l’art du compromis pour y arriver, ce qui n’a rien de honteux pour quiconque vit dans le monde réel.
Il a fait des efforts plus que louables pour faire adopter quelques réformes, en matière de santé et d’immigration notamment, devant une opposition aussi obtuse que féroce. Ces demi-victoires feront-elles oublier qu’il laisse son pays mener plus frénétiquement que jamais une guerre de l’ombre à l’échelle de la planète ?
John F. Kennedy, dont la disparition tragique est survenue il y aura 50 ans le 22 novembre, était lui aussi un homme de compromis. Parce qu’il a été assassiné, on en a fait une icône et un saint. Barack Obama finira probablement sa présidence sans tomber sous les balles d’un terroriste. On ne le saura jamais avec certitude tant il se dit de mensonges en cette matière, mais il devra peut-être sa survie physique au balayage électronique tous azimuts que pratiquent ses services. En tout cas, c’est sûrement ce que veulent croire et faire croire ces fonctionnaires très spéciaux.
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