Vers une percée positive en Syrie?

La proposition russe de détruire les armes chimiques d’al-Assad sous l’égide de l’ONU est bien accueillie

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Obama, en rupture avec certains de ses conseillers, ouvert à une solution autre que la guerre

Barack Obama et Bachar al-Assad se sont livrés à un duel d’interviews, lundi, pendant que Moscou proposait la séquestration et la destruction des armes chimiques syriennes sous la supervision de l’ONU. Tout en multipliant les nuances, le président américain n’a pas écarté cette proposition, allant jusqu’à proclamer, sur les ondes de PBS, sa « préférence très nette [overwhelming] » pour une « solution diplomatique » à la crise syrienne.
Ce même réseau PBS a diffusé lundi soir une interview que son présentateur Charlie Rose avait obtenue quelques heures plus tôt avec Bachar al-Assad ; Barack Obama, de son côté, a rencontré devant la caméra des représentants des six principales chaînes de télévision de son pays, réagissant aux propos de l’homme fort de Damas, dont des extraits avaient été diffusés plus tôt dans la journée.

Le président syrien a répondu parfois directement et d’autres fois très évasivement aux questions sans complaisance de Charlie Rose. Pour Bachar al-Assad, une frappe américaine pourrait être le prélude à une autre « guerre folle » dans la région, conflit qui « empirera les choses ». « Si vous frappez quelque part, attendez-vous à des répercussions ailleurs », a-t-il dit, tout en rejetant une fois de plus les accusations qui pèsent contre lui. Les répercussions en question pourraient prendre la forme d’une « expansion du terrorisme », a précisé le président syrien.

Quand l’animateur lui a demandé s’il était prêt à livrer ses armes chimiques à l’ONU, Bachar al-Assad a répondu que la possession ou non de ces armes est un sujet frappé par le secret-défense. L’entrevue s’est déroulée avant le dépôt de la proposition russe.

À plusieurs reprises, Bachar al-Assad a nié avoir ordonné l’utilisation de gaz sarin, et reproché aux Américains de ne pas avoir fourni de preuve à ce sujet.

Interrogé sur les « répercussions » qu’auraient d’éventuelles frappes américaines, Barack Obama a répondu que la Syrie ne possède pas la capacité militaire pour frapper les États-Unis. Il a ajouté que l’Iran et le mouvement libanais Hezbollah sont en mesure de s’attaquer aux ambassades américaines dans la région, mais qu’ils hésiteraient à le faire en cas de frappes limitées.

L’appui du Congrès

Le président américain peine à trouver au Congrès les appuis nécessaires pour frapper le régime de Bachar al-Assad, qui a selon lui fait usage de gaz sarin contre sa population le 21 août. Cette opération aurait fait plus de 1400 victimes, au dire de Washington.

Les élus américains semblent au diapason de la population des États-Unis, qui s’oppose à des frappes en Syrie dans une proportion de 60 %, selon les derniers sondages.

Moscou a proposé lundi que les armes chimiques dont dispose (ou disposerait) le régime de Damas soient placées sous le contrôle des Nations unies dans le but d’être détruites.

La proposition, accueillie « favorablement » par le ministre des Affaires étrangères syrien, s’est heurtée à une bonne dose de scepticisme de la part de Washington, qui ne l’a cependant pas rejetée du revers de la main.

« La menace digne de foi d’une frappe militaire des États-Unis […] les a fait réfléchir sur la possibilité » de placer leur arsenal chimique sous contrôle international, a déclaré le président Obama à la chaîne NBC, lundi, en parlant du gouvernement syrien.

« Et s’ils le font, alors cela pourrait constituer une percée importante. Mais il nous faut rester sceptiques parce que ce n’est pas ainsi que nous les avons vus fonctionner ces deux dernières années » au cours de la guerre civile qui déchire le pays, a ajouté le chef de la Maison-Blanche.

Barack Obama a aussi parlé d’un développement « potentiellement positif » dans le conflit et promis de le prendre « au sérieux ». Dans son entretien à CNN, il a toutefois mis en garde contre toute tentative de diversion du régime de Bachar al-Assad. En fait, M. Obama a fait preuve de la même prudence sur tous les réseaux.

À PBS, il a souligné l’importance de faire respecter le bannissement international des armes chimiques. « Il faut s’assurer que [l’attaque du 21 août] ne se reproduira pas. Si on peut y arriver par des moyens diplomatiques, il est certain que c’est ma très nette préférence », a-t-il dit.

Le ministre des Affaires étrangères syrien, Walid al-Moallem, a affirmé que son pays accueillait la proposition de Moscou en évoquant « les inquiétudes concernant la vie de nos citoyens et la sécurité de notre pays » et en considérant que les dirigeants russes avaient la sagesse de tenter d’« empêcher une agression américaine contre son peuple ». Un porte-parole de l’opposition syrienne a accusé le régime de mentir.

Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies, Ban Ki-moon, a également bien accueilli l’idée des Russes. « J’étudie la possibilité de demander de manière urgente au Conseil de sécurité d’exiger le transfert immédiat des stocks d’armes et de précurseurs chimiques dans des zones en Syrie où ils pourraient être entreposés en sûreté et détruits », a précisé le chef de l’ONU.

Le chef de la Maison-Blanche avait annoncé, le 31 août, avoir pris la décision d’une opération militaire contre le régime de Bachar al-Assad, mais avait réclamé le feu vert du Congrès.

Barack Obama a admis lundi ne pas être certain d’obtenir le soutien des élus, dans son entretien à NBC. « Je suis confiant dans le fait que les élus du Congrès prennent cette question très au sérieux et l’étudient de près », a-t-il déclaré.

Par ailleurs, le vote du Sénat américain sur d’éventuelles frappes contre le régime syrien, qui devait avoir lieu mercredi, a été reporté à une date ultérieure. « Nous devons faire en sorte que le président ait l’occasion de parler à tous les 100 sénateurs et aux 300 millions d’Américains avant que nous ne fassions cela », a déclaré le chef de la majorité démocrate du Sénat, Harry Reid, quelques heures après avoir programmé le vote pour mercredi.


Avec l’Agence France-Presse


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