Renaud Lachance doit douter

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« Étrange quand même que M. Bibeau n’ait pas été amené à témoigner à la commission Charbonneau. »


On se souvient de la dissidence ostentatoire du coprésident Renaud Lachance dans le rapport de la commission Charbonneau.  


«Je ne peux pas souscrire à la thèse développée dans la section 4.6 concluant à un lien indirect entre le versement de contributions politiques et l’octroi des contrats» au Québec, écrivait-il en se basant sur les faits et témoignages «présentés en audience».  


Trois cas  


Des collègues et moi, on se demandait hier si l’ancien Vérificateur général du Québec n’aura pas envie de douter de sa dissidence à la lumière de certaines des allégations dont nous avons fait état ces derniers jours.  


Selon des témoignages recueillis par les policiers que nous citons, le grand argentier libéral Marc Bibeau aurait carrément annoncé l’octroi d’un contrat public au patron d’une firme de génie qui contribuait à la caisse électorale du PLQ.  


Il s’agit de Luc Benoît, qui présidait à l’époque la firme Tecsult. Aux dires de ce dernier, Bibeau semblait disposer d’informations privilégiées quant aux contrats publics, notamment du ministère des Transports du Québec.  


Selon M. Benoît, Marc Bibeau l’avait appelé pour lui annoncer que son entreprise avait obtenu un contrat «avant que ce [ne] soit officiel»! «Il a fait ça au début, ensuite il a arrêté. C’était, je pense, une façon de nous démontrer qu’il avait contribué à son obtention», note M. Benoît.  


Deux autres cas  


Ce cas s’ajoute à un autre déjà présenté à la commission Charbonneau et que Renaud Lachance évoquait d’ailleurs dans sa dissidence.  


Georges Dick, un dirigeant de la firme de génie RSW avait carrément confié à la commission que M. Bibeau s’était livré à du «trafic d’influence» concernant Hydro-Québec. (En passant, c’est M. Dick qui avait décrit le grand jeu de Bibeau: limousine, carte professionnelle du bureau du premier ministre, etc.)  


Un témoignage que les avocats du solliciteur avaient jugé non crédible puisqu’il n’était pas corroboré par d’autres.  


Or, les policiers de l’UPAC, selon ce que nous apprenait hier le collègue Alexandre Robillard, ont recueilli le témoignage d’un collègue de M. Dick, Claudio Vissa, qui va exactement dans le même sens.  


Son témoignage est des plus limpides et est résumé dans une déclaration écrite aux policiers datant de 2014: «Marc Bibeau nous a dit qu’on fournissait moins d’argent que les autres firmes d’ingénierie et il nous a dit qu’il pouvait (que RSW ait moins de contrats) influencer les contrats chez Hydro-Québec [sic].»  


Difficile de ne pas voir dans ces cas un lien, au moins indirect, entre le financement politique et l’octroi de contrats.  


On dit souvent que les solliciteurs se donnent de l’importance et n’ont pas le pouvoir d’influence qu’il tente de laisser croire.  


Il reste que solliciter des dons en «prétendant» avoir de l’influence, c’est déjà proscrit par le Code criminel à son article 121.  


Étrange quand même que M. Bibeau n’ait pas été amené à témoigner à la commission Charbonneau. C’est là une des zones d’ombres de toute cette histoire, comme la dissidence de Renaud Lachance.




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