« Radio-Canada n’a pas d’affaire à partir à la chasse aux revenus publicitaires avec des émissions de bas étage qui ne respectent pas son mandat ».
« Radio-Canada devrait arrêter de faire compétition aux diffuseurs privés et se concentrer sur son mandat. »
« La stratégie de Radio-Canada d’augmenter sa part de la tarte publicitaire constitue rien de moins qu’une menace existentielle pour plusieurs diffuseurs privés. »
Non, ces trois citations ne sont pas de moi, ni de Guy Fournier, ni d’autres vilains chroniqueurs de Québecor.
Ces citations ravageuses viennent d’une chronique du Globe and Mail, et ça parle de la CBC. Comme quoi, même au Canada anglais, il y a des gens qui en ont marre que notre diffuseur public ne fasse pas sa job et fasse une concurrence déloyale au privé !
CHERCHEZ L’ERREUR
Le 4 juin, le Globe a publié une chronique incendiaire de Konrad Yakabuski (qui ne travaille pas pour l’empire Québecor et n’est pas un ami de PKP).
Le chroniqueur était consterné, stupéfait, atterré, sidéré de voir que la société d’État allait diffuser à partir de septembre... Family Feud Canada, tous les jours, à 19 h 30.
Allo ! La guerre des clans, un quiz simpliste, n’a pas sa place à la CBC, écrivait ce courageux chroniqueur (qui n’est sûrement pas sur le « payroll » de la société d’État, comme tant de chroniqueurs de La Presse).
« Si Ottawa veut éviter que l’industrie de la télévision privée s’effondre complètement, il devra limiter le mandat de Radio-Canada à être complémentaire au privé », résumait-il.
Pensez-y deux secondes. Alors que les médias en arrachent, non seulement Ottawa verse 1,2 milliard à Radio-Canada, non seulement les libéraux ont rajouté 675 millions sur cinq ans, mais en plus, Rad-Can diffuse Family Feud qui joue directement dans les plates-bandes du privé ! Comment voulez-vous, dans ce contexte, que le privé survive, alors qu’en plus il est en compétition avec les Netflix de ce monde ?
ICI RADIO-CALIMERO
Les médias sont en crise. Au privé, les mauvaises nouvelles (mises à pied, fermeture) ne cessent de s’accumuler. À Radio-Canada, une mauvaise nouvelle, c’est quand un animateur apprend qu’il change d’émission.
Récemment, on a su qu’Alain Gravel ne serait plus animateur le matin. Il ne perdait pas son boulot (payé dans les six chiffres), il ne se retrouvait pas à la rue. Non, il ne faisait que changer de job, comme ça arrive tous les jours, dans toutes les entreprises. Mais vous auriez dû entendre les pleureuses vanter son abnégation, se pâmer devant son courage à continuer à animer le matin. Saints martyrs de Radio-Canada, priez pour nous !
La prochaine fois que vous entendrez qu’il y a des mises à pied dans le privé, rappelez-vous qu’à Radio-Canada, leurs équipes sont immenses.
Prenons une émission de radio d’une heure trente comme Midi Info, avec Michel C. Auger. Vendredi dernier, au générique, j’ai entendu Auger dire merci à : un rédacteur en chef, un réalisateur, un assistant réalisateur, sept recherchistes (SEPT !) et deux employés « à la technique ».
Au privé, si on est chanceux, on a un metteur en ondes et un recherchiste pour une émission semblable.
Dans la « guerre des clans » qui se joue dans les médias, Radio-Canada ne joue pas à armes égales avec le privé.