Québec confirme son intention de créer un « Institut de la diplomatie » afin de former un corps diplomatique professionnel et spécialisé, tant dans le domaine politique que dans celui des affaires.
La ministre des Relations internationales et de la Francophonie, Nadine Girault, l'a confirmé lors d'une allocution devant plus de 500 convives réunis, vendredi, à l'invitation du Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM).
Un document de travail, dévoilé au début de février par La Presse canadienne, indiquait l'intention du gouvernement Legault de réformer ses façons de faire en matière de relations internationales, à commencer par la sélection d'un personnel qui se rapporterait davantage à la compétence de celui-ci qu'à ses affiliations politiques.
Invitée à préciser ses intentions à l'issue de son allocution, la ministre Girault a indiqué que la forme que prendrait ce futur institut de la diplomatie restait à préciser, n'écartant pas même l'option d'un institut virtuel.
Cependant, son intention est ferme « de professionnaliser la fonction et de faire en sorte que les gens qu'on envoie en diplomatie soient mieux formés ».
La ministre entend s'inspirer des pratiques d'autres pays, qui sont nombreux à avoir ce type d'établissement pour former les diplomates.
« Maintenant, c'est un peu aléatoire, a-t-elle déploré en rencontre de presse. On les envoie et bravo, bonne chance et allez-y. On doit faire plus, on doit faire mieux », a-t-elle fait valoir.
Nadine Girault n'écarte pas la possibilité de voir cet enseignement servir non seulement à la formation de futurs diplomates, mais aussi à la formation continue des employés déjà en fonction, notant au passage qu'il y a, dans la fonction publique, des conseillers internationaux « qui travaillent déjà à l'international, mais qui n'ont pas vraiment un accès à ces postes-là » dans les délégations et bureaux du Québec à l'étranger.
Prendre un virage plus économique
Dans son allocution, Mme Girault a aussi beaucoup insisté sur l'intention de son gouvernement de profiter de l'ouverture des marchés, affirmant que « réaliser le plein potentiel du Québec dans le monde, c'est, aujourd'hui, prendre un virage plus économique ».
Elle a fait valoir que les récents accords commerciaux avec l'Asie et l'Europe offraient aux entreprises québécoises un potentiel d'un milliard de nouveaux consommateurs. « Est-ce qu'on peut vraiment se passer de ça? », a-t-elle lancé à son auditoire.
Mme Girault soutient qu'une bonne part des obstacles aux percées à l'étranger réside au sein même des délégations québécoises et de la bureaucratie, en ce sens que les acteurs provenant de divers horizons et ministères ne travaillent pas ensemble et, pire encore, ne travaillent pas avec les organismes périphériques qui oeuvrent aussi dans le domaine du développement économique à l'échelle internationale.
« Il faut qu'on mette des structures en place qui vont faire en sorte que les gens vont devoir travailler ensemble. Ce n'est pas normal qu'on entre dans une mission, en Europe ou quelque part dans un pays étranger et qu'on ait trois missions qui se sont présentées dans le même pays pour rencontrer à peu près les mêmes gens à l'intérieur d'un mois et demi », constate-t-elle.
À ce sujet, elle vise plus précisément les PME.
« On a un travail à faire pour aider les PME : les PME qui veulent faire de l'international ne savent pas comment y aller, ne savent pas quoi faire, ne savent pas à quelle porte frapper. C'est ça qu'il faut travailler. »
Mme Girault oeuvre à l'élaboration d'une « stratégie de conquête des marchés étrangers » qu'elle promet de présenter et d'implanter au plus tard à l'hiver 2020.