Québec refuse de se distancer de Harper

Politique étrangère et Militarisation du Canada


Québec -- Le gouvernement du Québec opte pour l'extrême neutralité dans la crise libanaise et refuse de se distancer de la position pro-israélienne du gouvernement fédéral de Stephen Harper.
C'est au moment de dresser le bilan des opérations de rapatriement et d'accueil des ressortissants étrangers que le ministre de la Sécurité publique Jacques Dupuis -- accompagné de ses collègues Michèle Courchesne (Emploi) et Lise Thériault (Immigration) -- a présenté hier cette perspective «uniquement et strictement humanitaire» du gouvernement Charest dans le dossier libanais. M. Dupuis, très prudent, a indiqué que le gouvernement souhaitait «l'arrêt des hostilités le plus rapidement possible», dans l'esprit de la déclaration commune des pays du G8 lors de leur dernière réunion, tenue en Russie du 15 au 17 juillet. Refusant de critiquer ou même d'avoir l'air de nuancer la position du gouvernement Harper, M. Dupuis a insisté pour dire que le gouvernement canadien avait signé l'appel du G8, qui plaidait aussi pour la création d'une force de paix.
De récents sondages indiquent qu'une portion importante de la population québécoise (61 % selon les résultats d'une enquête publiés hier dans le Globe and Mail; 67 % selon le sondage de Léger Marketing daté du 20 juillet) est en désaccord avec l'appui apporté par le premier ministre Harper aux opérations israéliennes en territoire libanais. Mais selon M. Dupuis, ce que les Québécois «souhaitent d'abord», c'est que leur gouvernement s'occupe des opérations humanitaires «pour recevoir les ressortissants canadiens qui revenaient au pays dans des conditions extrêmement tragiques».
M. Dupuis a enchaîné en disant que «le Québec véhicule d'abord et surtout des valeurs de respect des communautés, des valeurs de paix, des valeurs d'accueil, et c'est ce que le Québec a fait dès que des hostilités sont survenues au Proche-Orient». Dans l'entourage de Jean Charest, on s'estime chanceux de ne pas avoir à prendre position directement sur la question : «Nous, on est dans la compassion !», a lancé hier avec un sourire de soulagement un membre du bureau du premier ministre.
Francophonie
Quant à une éventuelle participation de la Francophonie (organisation dans laquelle le Québec est un gouvernement participant) au règlement de la crise -- réclamée notamment par l'ancienne ministre des Relations internationales Louise Beaudoin --, le gouvernement Charest n'y croit pas, selon ce que Le Devoir a appris hier. Le sujet a été abordé à Paris lors de la rencontre du 20 juillet entre le président Chirac et le premier ministre Charest (dont quelque 35 minutes, sur les 90 qu'a duré la rencontre, ont porté sur le Liban).
Mais puisque le président Chirac était opposé à l'idée d' une intervention de la Francophonie, aucune initiative en ce sens ne devrait être prise par l'Organisation internationale de la Francophonie (OIF), nous a-t-on confirmé. «D'ailleurs, l'OIF a déjà rejeté cette possibilité, allez voir sur leur site Internet», notait hier Hugo D'Amours, attaché de presse du premier ministre Charest.
Bilan
Par ailleurs, l'opération d'accueil des ressortissants se terminera jeudi. D'ici là, parmi les quelque 40 000 personnes qui étaient susceptibles d'être rapatriées au pays, 11 000 sont rentrées à Dorval, 4200 ont reçu une aide (des soins infirmiers et de l'aide financière) et 2500 ont été dirigées vers d'autres provinces après un séjour qui a duré en moyenne trois jours.
Pour le gouvernement du Québec, les coûts projetés de l'opération sont de 2,9 millions de dollars. La part qu'Ottawa remboursera «est indéterminée, mais nous la souhaitons la plus large possible», a indiqué M. Dupuis.


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