Quebec Incorporated

Le français — la dynamique du déclin


À quoi sert un Québec inc. fort et dynamique si ses leaders sont indifférents à la place et à la qualité du français dans leur entreprise? C'est la question qui vient à l'esprit à la lecture du reportage publié samedi dans La Presse Affaires.
De ce reportage, il ressort que:
- le principal porte-parole de certains fleurons de l'entrepreneuriat québécois, tels Bombardier Transport et Mega Brands, est unilingue anglais;
- les conférences téléphoniques au cours desquelles les entreprises expliquent leurs résultats trimestriels se déroulent exclusivement en anglais;
- plusieurs leaders du monde des affaires du Québec écorchent le français, parsemant leurs propos de mots anglais et d'anglicismes.
Il ne s'agit évidemment pas de nier que l'anglais est la langue de communication des affaires et de la finance partout dans le monde. Ce fait ne dégage pas les patrons des grandes entreprises québécoises de leurs devoirs à l'égard de la langue officielle de la société dont ils sont issus. Si l'on souhaite que le français ait un avenir dans le monde économique, ces entreprises doivent en faire une partie de leur image de marque (leur brand, comme on dit dans la langue de chez nous...).
Ce n'est pas seulement pour plaire aux journalistes québécois francophones que les porte-parole des multinationales québécoises devraient parler français. C'est aussi pour que quand un journaliste français, belge ou sénégalais appelle Bombardier Transport, à Montréal, il sache tout de suite que dans cette entreprise née au Québec, le français a et aura toujours une place de premier plan.
Pendant les conférences téléphoniques trimestrielles, pourquoi les analystes francophones interrogent-ils des patrons francophones en anglais? Pour faire plus professionnels? Franchement! Si la même question brûle la langue des analystes canadiens-anglais, américains ou autres, ils la poseront eux-mêmes. En prime, ils apprendront qu'il existe au Québec des francophones qui, tout en réussissant à l'échelle planétaire, sont capables et fiers de faire des affaires en français.
Depuis des années, le milieu patronal déplore que les jeunes sortant de nos écoles maîtrisent mal leur langue maternelle. Dans un mémoire présenté aux états généraux de la langue française, le Conseil du patronat (CPQ) écrivait: «C'est en parlant et en écrivant un français impeccable que les Québécois imposeront le respect du français au Québec.» Le CPQ devrait se préoccuper du fait que ses membres, friands de «fondamentaux» et de «valeur au livre», sont loin de donner l'exemple en la matière.
Le milieu patronal a toujours soutenu que la promotion du français en entreprise doit se faire par le biais d'approches incitatives plutôt que législatives. Ce raisonnement ne tient que si les gens d'affaires francophones s'intéressent vraiment au présent et à l'avenir de leur langue. Du reportage de La Presse Affaires et de divers autres indicateurs, il ressort plutôt que Québec inc. considère l'anglais non seulement comme la langue internationale de communication, mais comme la langue de la réussite. Le français, lui, est relégué au seul domaine privé. Quand ce n'est pas au passif.

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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