Personne n’avait vu venir la démission de Daniel Paillé. En conférence de presse, le dorénavant ex-chef du Bloc québécois disait quitter son parti «uniquement pour une raison de santé». Il se disait aussi prêt à «une nouvelle vie professionnelle» une fois la stabilité revenue dans sa vie.
Chef du Bloc depuis à peine deux ans, l’économiste de formation, gestionnaire de métier et indépendantiste de longue date, avait succédé à Gilles Duceppe en pleine tempête suite au quasi anéantissement du parti à l’élection fédérale de mai 2011. On se souviendra aussi que M. Paillé fut ministre sous les gouvernements Parizeau et Bouchard pendant deux ans avant sa démission en novembre 1996.
Pendant que le NPD raflait 43% des voix et près de 60 sièges sur 75 au Québec, on se souviendra que le Bloc québécois était passé de 49 à 4 députés et de 38% à 23% des voix. Depuis, même avec ses 35 000 membres et l’intention de Daniel Paillé de «reconstruire» le parti après le tsunami orange du NPD, le Bloc est en fait sur respirateur artificiel.
Flottant entre 17% et 23% dans les sondages et le mode de scrutin étant ce qu’il est, seule une poignée de députés, et peut-être moins, seraient élus à l’élection d’octobre 2015 si l’appui ne montait pas plus dans l’électorat.
Nul ne doute des problèmes de santé de M. Paillé et plusieurs lui souhaitent de se remettre le mieux et le plus rapidement possible. Nul ne doute non plus qu’il sente réellement, pour reprendre sa propre expression, qu’il s’«auto-trahit» en quittant son parti à quelques mois d’un congrès crucial.
Or, il est permis de se demander si l’état faiblard du Bloc, sa stagnation chronique dans les sondages et le peu de visibilité de son chef n’y sont pas aussi pour quelque chose? D’aucuns diraient qu’après tout, à l’impossible, nul n’est tenu.
Même à l’élection partielle toute récente dans le comté de Bourassa, le Bloc n’aura obtenu que 13% des votes. En septembre, l’expulsion cavalière du caucus bloquiste de la députée Maria Mourani – jugée «coupable» de s’être opposée publiquement au volet «signes religieux» de la charte des valeurs du gouvernement Marois -, aura aussi laissé des cicatrices au Bloc et dans le mouvement souverainiste élargi.
Encore non élu à la Chambre des communes, M. Paillé était en effet peu visible ou audible au Québec. Dans le dernier «baromètre des personnalités politiques» Léger-Le Devoir, près de 50% des répondants ne savaient même pas qui était Daniel Paillé.
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LES QUESTIONS FUSENT…
Les questions sur la «pertinence» du Bloc québécois sur la scène fédérale ne sont certes pas nouvelles, mais avouons qu’elles se posent avec insistance depuis l’élection catastrophique de 2011. Et encore plus aujourd’hui, avec la démission de Daniel Paillé :
- Que faire du Bloc?
- Où va-t-il?
- À deux ans de la prochaine élection fédérale, quelle est son utilité politique réelle, autant sur l’échiquier politique canadien que québécois?
- Né de l’échec de l’Accord constitutionnel du Lac Meech et fondé par Lucien Bouchard, alors ministre démissionnaire du gouvernement conservateur de Brian Mulroney – le Bloc a-t-il encore une raison d’être à Ottawa?
- Parti «frère» du PQ – ou simple succursale, c’est selon la perspective -, que pourrait contribuer le Bloc dans la mesure où l’avancement de l’option souverainiste n’est même plus au cœur de l’action politique du Parti québécois depuis plusieurs années?
- Qui pourrait succéder à Daniel Paillé? Gilles Duceppe se rendra-t-il disponible? Sinon, qui d’autre sera tenté d’y aller?
- Quelles qualités devrait posséder un futur ou future chef du Bloc?
- La prochaine ou le prochain chef du Bloc présidera-t-il à sa renaissance ou à son déclin final?
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