Lowe’s ferme des magasins RONA alors qu’on est en pleine période de croissance économique où la construction et la rénovation vont bien. Avez-vous pensé à ce qui attend RONA lorsque le ralentissement économique surviendra ?
Quand une société étrangère met le grappin sur un fleuron québécois, la destinée de celui-ci repose entre les mains des dirigeants et principaux actionnaires étrangers.
Et une seule chose compte pour eux : la rentabilité, pure et dure. Point à la ligne.
Ils n’en ont rien à foutre de l’histoire du fleuron, de son implication dans les municipalités, villages et villes où ses succursales sont implantées, ni du sort de ses employés et de celui de ses fournisseurs. L’étranger décide en fonction de la piastre à faire.
Avec la fermeture de plusieurs succursales RONA, la multinationale américaine Lowe’s vient de nous servir sur un plateau d’argent un exemple concret du sort réservé à tous les fleurons québécois déjà tombés dans les mains étrangères et ceux qui suivront.
Jamais assez
Depuis le dépôt de l’offre d’acquisition de RONA, début février 2016, les revenus de Lowe’s ont augmenté de 16,2 % et le revenu net de 35,4 %.
Le titre de Lowe’s ? Depuis février 2016, il a bondi de 50 %. Les dividendes versés aux actionnaires ont grimpé de 47,7 %.
Qu’à cela ne tienne, les gros actionnaires de Lowe’s veulent encore plus de rendement, et la haute direction passe à l’attaque en procédant à la fermeture d’un grand nombre de magasins corporatifs, dont 24 magasins RONA (9 au Québec), qualifiés de sous-performants.
On ne saura jamais combien de RONA auraient évité la fermeture si RONA était restée propriété québécoise. Chose certaine : s’il tel avait été le cas, il n’y a pas que la « piastre » qui aurait compté. Il y a également le facteur humain, l’impact social et le volet syndical qui seraient entrés en ligne de compte. Et cela aurait fait toute la différence !
Leçon à tirer
Comme l’a déclaré le premier ministre François Legault, il est aujourd’hui « trop tard » pour remédier à la fermeture de magasins Rona. « Il faut regarder en avant. On ne peut pas refaire l’histoire. »
Il a raison. Mais il serait pertinent de se souvenir de l’histoire de RONA.
Lorsqu’un prochain fleuron québécois sera convoité par une entreprise étrangère, j’aimerais qu’on se souvienne des arguments évoqués à l’époque par des personnes clés qui voyaient d’un bon œil la vente de RONA à Lowe’s.
- Christian Dubé, président du Conseil du trésor : la Caisse (dont il était vice-président à l’époque de la transaction) a réussi à « garder l’équilibre entre le développement économique du Québec et le rendement pour ses déposants ».
- Philippe Couillard : le Québec doit favoriser une économie ouverte aux marchés étrangers.
- Dominique Anglade, ministre de l’Économie : la transaction serait « bénéfique » pour le Québec.
- Robert Chevrier, président du conseil de RONA lors de la vente : « Nous croyons que le moment est venu de franchir cette nouvelle étape dans l’évolution de la famille RONA. L’équipe de Lowe’s nous a présenté un excellent plan... »
- Michael Sabia : « Le secteur est en pleine consolidation dans toute l’Amérique du Nord. Rona n’était pas très bien positionnée. C’est malheureux, mais c’est le résultat de nos analyses. La meilleure façon de protéger notre capital était de déposer nos actions. »
Chaque fois qu’un fleuron fait l’objet d’une offre étrangère, plein de gens feront comme les Couillard, Anglade, Chevrier, Sabia et Dubé de chez nous pour en justifier la vente aux étrangers.
On l’a vu avec les Camso, Tembec, Canam, Domtar, Molson, Cirque du soleil, Biochem Pharma, Van Houtte, Provigo, Seagram, Cambior, etc.
Et ça risque de se répéter avec les proies potentielles que représentent Metro, CAE, SNC Lavalin, Dollarama, Uni-Select, WSP Global... et autres compagnies du Québec Inc.