Le PQ a toujours été le parti politique des débats rudes et des affrontements allant jusqu’à la flagellation. C’est pourquoi certains ont toujours considéré que le Parti québécois faisait subir à ses chefs, y compris René Lévesque, les pires traitements.
En ce sens, le PQ, dépositaire du nationalisme, est à l’image du peuple. Un peuple dont l’histoire nous démontre que les Canadiens français se sont toujours entredéchirés. Ils sont restés des minoritaires « colonisés » que les échecs aux deux référendums ont traumatisés bien davantage que ce que l’on affiche collectivement.
Le débat des quatre candidats à la direction du parti tenu mercredi a été insupportable. Qui sera étonné que Guy Nantel, l’humoriste cinglant et suffisant, ait donné le ton ? Celui qui a tergiversé comme une diva capricieuse pendant la campagne à la direction a dépassé toutes les bornes.
Popularité
Il a accusé le député Sylvain Gaudreault de manquer de l’autorité nécessaire à la fonction en lui lançant au visage que, selon le sondage Léger-Le Journal, 69 % des Québécois ne le connaissaient pas. « Personne ne t’entend quand tu fais ta tournée », a-t-il dit. L’humoriste estime d’ailleurs que sa propre popularité est son atout principal pour réaliser l’indépendance. C’est le même argument dont s’est servi Trump pour être élu président des États-Unis.
Les autres candidats, l’avocat Paul St-Pierre Plamondon et le professeur Frédéric Bastien, ont tenté d’avancer quelques idées divergentes malgré cette atmosphère dont Guy Nantel a assuré que « les gens apprécient ce genre de spectacle ».
Pour ceux qui l’ignorent, le PQ a été un grand parti. Mais il a usé ses voix les plus inspirantes et ses membres sont sortis dévastés de ses échecs accumulés. La majorité des militants aujourd’hui, dont quelques jeunes, doivent se sentir seuls.
Le débat de mercredi sera suivi de deux autres en septembre et il est difficile de croire que les échanges seront d’une autre teneur. Entre le meneur Sylvain Gaudreault et l’humoriste Guy Nantel, le courant ne passe plus. « Où étais-tu avant de prendre ta carte il y a six mois ? » a lancé Gaudreault à Nantel qui estime avoir été malmené par le député. « Je lui en devais une », a précisé Nantel après le débat.
Tragi-comédie
Dans le contexte actuel de pandémie où le moral est bas, un tel spectacle de candidats à la direction du PQ frise la tragi-comédie. Quelle désolation que cet exercice politique où la hargne et l’agressivité éclaboussent les candidats et renvoient du parti une image déplorable !
Le PQ créé par René Lévesque n’existe plus. D’autant que l’arrivée au pouvoir de la CAQ de François Legault s’explique aussi par l’appui de nombreux nationalistes qui, comme le premier ministre actuel, ont choisi le pragmatisme politique. C’est grâce à la CAQ que le Parti libéral du Québec a été renvoyé dans l’opposition. Et que nombre de souverainistes expérimentés se retrouvent désormais dans les cabinets ministériels.
Le spectacle de mercredi était à pleurer pour tous ceux qui ont une mémoire vive des années politiques fastes. Et quel paradoxe que ce soit un humoriste grinçant qui se croit le dépositaire de la souveraineté jadis porteuse de rêves !