Je sais, je sais, la CAQ est seule sur la patinoire.
Elle serait réélue triomphalement demain matin.
Mais cela ne durera pas. Il faut donc s’intéresser à ce qui se passe dans les autres partis.
Le PLQ et le PQ se cherchent un chef et un positionnement politique.
Course
Ce qui se passe au PLQ devrait servir d’avertissement au PQ.
Je ne parle pas du fait que le PLQ, pour le moment, n’a rien de mieux à offrir qu’un affrontement entre Dominique Anglade et Marwah Rizqy.
Je parle plutôt du fait que le PLQ a lancé la course avant de clarifier son identité de base.
Il y avait un travail de réflexion et de rénovation sur les fondements du parti à faire.
Or, ce travail est obscurci, distrait, contaminé par les faits et gestes des candidates à la chefferie qui veulent marquer des points.
Par exemple, le PLQ réalise aujourd’hui que le multiculturalisme à la Couillard est suicidaire si vous voulez que les francophones votent pour vous.
Au lieu de réfléchir sérieusement, sereinement, en mobilisant des gens qui savent de quoi ils parlent, que voit-on ?
Dominique Anglade se précipite : moi, je ferai voter une loi sur l’interculturalisme.
Aucune définition, aucune substance : une « gimmick », une « ligne de communication », juste pour marquer un petit point auprès des jeunes libéraux qui disent la même chose.
Rizqy, élue d’une circonscription du West Island, ne peut mettre en cause le multiculturalisme.
Très jeune, elle propose donc... un rajeunissement du parti.
Ici aussi, pour l’apport en protéines intellectuelles, faudra attendre.
Le PQ doit faire autrement : il doit travailler sur le fond des choses d’ici à son congrès de l’automne.
La course à la chefferie suivra et, de toute façon, rien n’empêche les aspirants de tâter le terrain et d’émettre des idées.
Pour le moment, trois noms circulent.
Vous auriez sans doute Sylvain Gaudreault, que le désistement de Véronique Hivon placerait en pole position.
Devenu une figure centrale du PQ ces dernières années, peut-il lui donner un coup de barre majeur ?
J’imagine que ce serait la question qui trotterait dans la tête des membres.
Circule aussi le nom d’Alexis Deschênes, l’ex-journaliste de TVA devenu avocat, défait dans Trois-Rivières, aujourd’hui en Gaspésie.
Il serait injuste, à ce stade-ci, de lui reprocher qu’on en sache fort peu sur ses idées.
Fond
En revanche, on en sait déjà pas mal sur les idées d’un autre nom qui circule comme possible candidat : celui de l’historien Frédéric Bastien.
Il s’était fait connaître pour son ouvrage La Bataille de Londres, sur les dessous du rapatriement de la constitution.
Dans un autre livre, il a sévèrement critiqué le positionnement de Jean-François Lisée, notamment ses tentatives pour se rapprocher de QS.
Si on en juge par les écrits de M. Bastien, il proposerait une critique frontale du régime politique canadien et un indépendantisme décomplexé.
Mais pour le moment, c’est aux militants de travailler sur le fond des choses, sans être trop distraits par une course ouverte.