Pourquoi vivre ici
Si le pays se tait
Si son nom ne résonne nulle part
Si l’avenir est un mot de couloir, sans porte ni fenêtre?
Si marcher veut dire tourner en rond
Autour de soi-même
Autour d’une idée
D’un rêve ?
Pourquoi vivre ici
Si le pays reste sourd
Sans autre paysage
Qu’une jolie peinture qu’on accroche aux murs
Si le vernissage n’a jamais lieu
Si le peintre se cache derrière son impuissance ?
Pourquoi accueillir l’étranger
Si les habitants de cette terre
Craignent le mot destin
Si regarder le ciel c’est avoir peur qu’il nous tombe dessus
Si chaque nuage devient mauvais présage ?
Pourquoi vivre ici
Si c’est à moitié
À moitié québécois
À moitié canadien
Pire, américain par moments ?
Pourquoi vivre
En attente
En rade
En liste
Si le pays entier se cache
Se tait
Se terre ?
Pourquoi tout ça
Alors qu’il suffirait d’un mot, d’un geste
Pour changer le cours de notre histoire.
Pourquoi vivre ici ?
Pourquoi tout çaAlors qu’il suffirait d’un mot, d’un geste Pour changer le cours de notre histoire.
Tribune libre - 2007
France Bonneau39 articles
France Bonneau est professeure de français auprès des adultes-immigrant-e-s . (MICC)
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2 commentaires
Gaston Boivin Répondre
22 juin 2007Comment, madame, ne pas comprendre cette lassitude que vous exprimez avec tant d'émotion et de poésie. Celle-là même, qui, avec l'âge, nous porte parfois à rêver d'aller mourir , en homme libre, dans un véritable pays : celui de nos ancêtres! Celle-là même, qui porte les plus vaillants et brillants des nôtres, à la brunante de leur vie, à parfois exprimer toute leur amertume et impatience dans ce cri du coeur: "Branchez-vous!" D'ailleurs, il(s) aura(ien)t pu ajouter : "Bandes de caves, vous n'êtes pas écoeurés de mourrir", de vous tuer à petit feu, de soutenir la main de celui qui tient la gâchette de l'arme qui, tantôt, vous assasinera ! Tout cela, heureusement n'est qu'un moment de faiblesse et d'égarement. Car nous n'avons pas le droit d'abandonner les nôtres en pâture à cette force médiatique contrôlée par l'establishment fédéraliste qui s'évertue, de jour en jour, à gruger notre conscience nationale et notre idendité. Nous n'avons pas le droit non plus d'oublier les efforts et le labeur fournis par les nôtres , à travers les siècles, pour maintenir l'existence de notre peuple et nation: Nous nous et leur devons de continuer à porter le flambeau et le combat:C'est un devoir d'existence et de fidélité à leur egard et à ce que nous sommes ! D'autant plus, qu'avec le temps, l'eau finit toujours par polir et creuser le roc pour en faire une caverne et, souvent, un passage!
Archives de Vigile Répondre
18 juin 2007Pourquoi ? Mais...partiellement, pour avoir le plaisir de vous lire Mme. Bonneau avec vos élans du coeur si bien sentis d'ici.
Descendants de Français, Québécois des premiers Canadiens et un peu Américains selon la géographie, nous sommes la somme de ça, dedans ou dehors du Canada.
Là où nos compatriotes voudront bien aller, allons-y joyeusement, à la vitesse qu'ils choisiront avec nos contradictions, vu que nous sommes multiples comme tous les humains...me semble bien.