Avec ses petits bonheurs de coulisse
ses petits pas d’enfants timides
Avec sa peur de monter sur la grande scène
D’afficher l’odeur de sa terre, de ses villes, de son ciel
De son sang, de ses racines, de son avenir
Avec sa peur de se tenir debout
Et son affairement à s’ensabler
Mon peuple me gêne.
Chez lui, ça sent l’eau tiède, le ragoût fade
Mon peuple toujours et encore indécis, muet, replié
Ouvert aux dimanches de beauté mais renfermé au moindre défi
Au moindre effort de grandeur.
Mon peuple retranché à l’heure de dire : oui, j’existe, oui, me voilà debout
Sur la grande scène des peuples de la Terre
Me voilà enfin prêt à l’aventure planétaire, au devenir, au partage.
Lui mon peuple, en état d’urgence
En repli, en déni
En retrait de l’histoire
N’osant comme chant de délivrance
Que des murmures de bête agonisante
Mon peuple en coulisses
Ne serait-il
Qu’une erreur de parcours
Un rêve inachevé
Un désir refoulé
Une psychose interminable?
Pourtant, nombreux avons-nous espéré
Espérons-nous encore
Une entrée par la grande porte
Un automne de libération nationale
Mais rien de cela n’advient, n’est jamais advenu
Elle dure la torpeur des jours.
L’histoire recommence
En verrons-nous le dénouement
La fin?
Mon peuple me gêne
Lui mon peuple, en état d’urgenceEn repli, en déniEn retrait de l’histoireN’osant comme chant de délivrance Que des murmures de bête agonisante
Tribune libre - 2007
France Bonneau39 articles
France Bonneau est professeure de français auprès des adultes-immigrant-e-s . (MICC)
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1 commentaire
Archives de Vigile Répondre
15 juin 2007Merveilleux ce texte par l'expression réaliste de ce que l'on vit, madame Bonneau!
Que de fois, la présence d'un leader utilisant le pouvoir de répondre, de parler,
de dire au nom du peuple,en différentes circonstances ou évènements prouverait hors de tout doute,que nous sommes une nation encore bien vivante
qui a besoin d'entendre ceux et celles qu'elle a élus,crier en leur nom leurs convictions,ouvrir à nouveau, la voie que nous avons parcourue à demi et qui est encore à notre itinéraire.Nous sommes des gens forts, courageux qui voulons un pays. Alors, il nous faut faire bouger les choses, passer à l'action, utiliser toutes
les scènes pour affirmer notre projet de pays et sécuriser les souverainistes
moins politisés et plus hésitants. Parlons-en!Continuons d'y croire! Soyons exigeants envers ceux et celles à qui nous avons donné notre droit de parole.Ils sont mandatés, alors qu'ils foncent, plus de temps à perdre, qu'ils nous fassent respecter, puis c'est urgent!!!