Pour un sous-secrétariat adjoint de préfecture d'agglutination fusionnelle régionale, genre

Non content d'avoir compliqué à l'extrême l'administration municipale par la défusion, voilà que le gouvernement Charest veut réparer les gaffes montréalaises du passé (les siennes surtout) par un alourdissement général.

Montréal, métropole culturelle


Quand j'étais petit, les choses étaient trop simples. Il n'y avait pas toutes ces sortes de crèmes glacées et de politiciens.

Chaque année, on nous en invente de nouvelles. Il n'y a pas de limites. J'ai goûté l'autre jour «fraise basilic». Épatant.
Même chose pour les politiciens. Qu'est-ce qu'on nous proposait, avant? Il y avait marguillier, échevin (un vieux mot pour un vieux conseiller municipal) et député. Ça faisait pauvre.
Aujourd'hui? Juste pour Montréal, quelqu'un peut siéger à la CMM, au conseil d'agglomération, à la Ville, dans son arrondissement et jouer de la guitare en même temps. N'est-ce pas formidable? N'est-ce pas le signe d'une ville prospère?
Et voilà que la ministre des Affaires municipales nous propose de créer une nouvelle structure, le «secrétariat d'agglomération». Pour quoi faire? «Ce secrétariat a pour fonctions de favoriser la circulation de l'information, de procéder à des vérifications sur tout aspect intéressant l'agglomération et de formuler des avis et faire des recommandations au conseil d'agglomération.»
Pourquoi pas! Allez hop, en route vers de nouveaux sommets, rajoutez-moi un secrétariat! On ne sait pas trop qui siégera là-dessus, la loi ne le dit pas, ne prévoit aucun mécanisme de nomination, mais on sait qu'il aura le pouvoir d'exiger des informations des employés de la Ville de Montréal -pas aux autres. Et il aura une personnalité juridique, ce qui veut dire le pouvoir d'entreprendre des recours judiciaires.
Et comme si on n'avait pas assez d'élus à Montréal, on va faire passer le nombre de membres du conseil d'agglomération de 31 à 80.
Cette exorbitance touche presque à la poésie.
Mais ce n'est pas assez. Montréal mérite plus, Montréal mérite mieux.
Je suggère donc ici, en primeur, une toute nouvelle structure qui, sans chapeauter toutes les autres, lui serait parallèle, et servirait à faire asseoir à une même table, quoique avec des sièges différents, tous les élus, intervenants et ratons-laveurs concernés.
Mais pas seulement les concernés. Les non-concernés aussi. Car les gens non concernés paient également des taxes.
Le but de cette structure serait précisément cela: faire asseoir tous ces gens. Ils vont être tellement fatigués de se promener d'une structure à l'autre. Dans ma structure à moi, ils viendraient se reposer. Il ne se passerait absolument rien. Mais on ne ferait pas semblant. On le dirait, ce serait écrit dans la loi: structure pour rien, avec un e: E-rien.
Je lui ai trouvé un nom, quelque chose de simple et informatif, tout en étant porteur d'espoir.
Cela s'appellerait le «Sous-secrétariat adjoint de préfecture d'agglutination fusionnelle régionale de Montréal des ponts et chaussées, des grappes, des loisirs, de la sidérurgie et des ratons-laveurs inc.» Genre.
Comment voulez-vous prendre au sérieux ces galimatias législatifs? Ce gouvernement aggrave la situation chaque fois qu'il prétend s'occuper de Montréal. Il vaudrait mieux qu'il s'occupe franchement des régions.
Non content d'avoir compliqué à l'extrême l'administration municipale par la défusion, voilà que le gouvernement Charest veut réparer les gaffes montréalaises du passé (les siennes surtout) par un alourdissement général.
Remarquez, il y a peu de chances réelles que ce projet de loi survive dans le contexte politique à Québec. Il est rédigé de manière tellement sommaire, tellement sur le coin du bureau de la ministre, qu'on jurerait qu'il a été créé pour périr
Et pour permettre aux libéraux de prétendre avoir entendu les maires des banlieues de l'Ouest-de-l'Île.
On ne réglerait rien avec ça, on ne ferait que donner un nouveau pouvoir de nuisance aux défusionnés.
La solution au gâchis fusions-défusions à Montréal passe au contraire par une simplification.
L'idée du maire Gérald Tremblay d'abolir le conseil d'agglomération et de faire siéger les maires de banlieue dans un conseil municipal élargi n'est peut-être pas parfaite, mais elle a du sens. Elle permet à l'opposition à l'hôtel de ville d'avoir son mot à dire sur les sujets d'agglomération. Et elle fait l'économie d'une structure.
On ne reviendra pas en arrière. Et on n'avancera pas en braquant Montréal, ni en lui mettant de nouvelles structures dans les jambes.
Quelle ironie, tout de même, et quelle maladresse: dans un projet de loi où, enfin, on donne des pouvoirs nouveaux à Montréal, on réussit à enrager le maire Tremblay -qui a entièrement raison de l'être.
Lâchez pas, monsieur le maire, vous êtes beau fâché -au fait, parlant de structurite aiguë, avez-vous eu le message de Larry Smith?


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