En 2001, à titre de président de l'ADISQ, je répondais à l'invitation du maire Gérald Tremblay de formuler, en vue du Sommet de 2002, des projets contribuant au développement de Montréal. Une idée: le Quartier des spectacles. Le but visé était double: mettre en valeur l'extraordinaire concentration de salles de spectacle et de festivals qui se trouvent dans un secteur du centre-ville qui a par ailleurs bien besoin d'une vision de développement.
Très rapidement, le projet de réaménager le secteur Est du centre-ville, d'y favoriser un développement bien orienté à partir de ses atouts et de le relier aux destinations touristiques montréalaises s'est avéré rassembleur: non seulement l'industrie du spectacle y adhérait, mais l'ensemble des milieux des arts de la scène et, plus globalement, des milieux culturels l'ont soutenu et s'y sont associés.
En 2002, le Quartier des spectacles est ressorti comme le projet vedette du Sommet de Montréal. Bientôt, la Ville de Montréal en a fait l'une de ses priorités. Les appuis au projet et l'implication de plusieurs leaders montréalais des milieux de la culture et des affaires sont demeurés constants au cours des ans, notamment au sein du Partenariat du Quartier des spectacles. Il est peut-être bon de rappeler que ce projet est depuis le début et demeure un véritable projet collectif de Montréalais d'horizons divers.
Aujourd'hui, alors que débute Rendez-vous novembre 2007 -- Montréal, métropole culturelle, alors que les grandes lignes du Programme particulier d'urbanisme du secteur Place des Arts ont été rendues publiques, les conditions semblent réunies pour que ce projet devienne rapidement réalité. Il faudra évidemment que les politiciens municipaux acceptent de mettre un instant de côté leurs différends et que les deux autres ordres de gouvernement sautent dans le train. Le milieu culturel devra rester mobilisé et uni et le milieu des affaires impliqué. Nous ne pouvons pas nous permettre de remettre encore à plus tard le vrai démarrage de ce projet.
Un projet crucial
La réalisation du Quartier des spectacles est en effet cruciale, non seulement pour l'industrie, mais pour la culture et pour Montréal: il est urgent d'ancrer à Montréal les grands festivals culturels qui attirent ici visiteurs et touristes, produisent d'importantes retombées économiques et fiscales et procurent à Montréal un rayonnement international, sans quoi nous risquons de les voir s'installer dans une métropole qui saura se montrer plus accueillante ou de les voir péricliter.
Une des caractéristiques du Quartier des spectacles montréalais c'est la diversité. Il nous faut sauvegarder et donner des outils à nos salles institutionnelles, mais il nous faut également nous préoccuper de garder un réseau de salles privées en santé à Montréal, mais aussi de préserver d'autres petits lieux essentiels à la biodiversité culturelle. La disparition du Spectrum devrait à tout le moins nous faire réfléchir. Le programme particulier d'urbanisme du secteur Place des Arts nous propose un plan d'aménagement de grande qualité que nous souhaitons durable et à la hauteur de Montréal, ville de design.
Nous nous en réjouissons, mais il faudra également penser à un ensemble de mesures pour améliorer la qualité et l'accessibilité des équipements culturels et notamment des salles de spectacle privées dans le secteur, et pour nous assurer que l'appréciation des valeurs découlant de l'aménagement public n'aura pas pour effet de chasser du quartier les entrepreneurs et artisans culturels.
Cela peut se faire au moyen du zonage, de la fiscalité, de l'aide à la rénovation et à l'embellissement, de la poursuite du plan lumière du Partenariat du Quartier des spectacles, de la politique de stationnement, tous des champs de compétence municipale évoqués dans le Programme particulier d'urbanisme. Si les villes de la couronne montréalaise l'ont fait avec succès, pourquoi pas Montréal? Signalons que, depuis 10 ans, le nombre de représentations dans les salles situées principalement dans la couronne montréalaise a augmenté de 80 % et le nombre de spectateurs de 70 %.
Montréal détient cependant encore 53 % des revenus de billetterie des spectacles des arts de la scène du Québec. Il est encore temps de bonifier l'offre culturelle au centre-ville en misant sur des interventions autant privées que publiques. Nous avons à rejoindre une clientèle de tous âges, de toutes origines, de Montréal et d'ailleurs. Nous y parvenons régulièrement, nous pouvons faire mieux. Nous bénéficions d'un bassin de créateurs et d'artisans remarquables.
La mise en oeuvre du programme particulier d'urbanisme, au cours des cinq prochaines années, devrait enrichir de façon significative l'expérience de passer une soirée dans le Quartier des spectacles. Ce secteur pourrait bien devenir la destination culturelle de classe internationale qu'on nous promet, non seulement par ses grandes institutions comme la Place des Arts, le Musée d'art contemporain ou la nouvelle salle de l'OSM (l'Adresse symphonique), mais aussi par une foule de lieux de production et de diffusion, de toutes tailles et de tous genres, dans lesquels la relève, dans sa grande diversité, émerge et se prépare à nous divertir, à nous émouvoir, parfois à nous éblouir.
Nous avons rendez-vous avec l'avenir de Montréal cette semaine entre autres choses pour passer à l'action avec le projet Quartier des spectacles, un levier essentiel pour réaliser Montréal, métropole culturelle.
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Jacques Primeau, Instigateur du projet du Quartier des spectacles et membre du conseil d'administration de l'ADISQ
- source
Le Quartier des spectacles: crucial pour la culture et pour Montréal
Montréal, métropole culturelle
Jacques Primeau1 article
Instigateur du projet du Quartier des spectacles et membre du conseil d'administration de l'ADISQ
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