Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a affirmé lors d'une visite en Turquie que le sort du président syrien Bachar el-Assad serait décidé «par le peuple syrien». Une prise de position qui tranche avec la politique menée sous Barack Obama.
«Le sort du président Assad, à long terme, sera décidé par le peuple syrien», a déclaré Rex Tillerson lors d'une conférence de presse à Ankara avec son homologue turc Mevlüt Cavusoglu.
Une prise de position qui change drastiquement de la ligne adoptée par l'administration de Barack Obama, qui consistait à demander le départ du président syrien, et à fournir à l'opposition prétendument «modérée» armes et matériel afin de parvenir à cette fin. Une politique dont le président américain avait reconnu son inefficacité à la fin de son mandat.
Juste après son élection, le nouveau président des Etats-Unis avait déclaré qu'il changerait de politique en Syrie, afin d'éviter toute confrontation armée avec Moscou, et pour se concentrer sur la lutte contre l'Etat islamique.
L'administration Trump avait néanmoins, jusqu'à présent, peu donné de signes sur son implication dans les efforts diplomatiques pour tenter de résoudre le conflit qui ravage la Syrie depuis six ans et a fait plus de 310 000 morts et, selon l'ONU, cinq millions de réfugiés.
Le fait de laisser aux Syriens le droit de décider du sort de leur président a été la position tenue par la Russie depuis le début du conflit.
«Les décisions prises par le Conseil de sécurité des Nations unies depuis 2012, avec notre participation active, ne contiennent aucune demande de démission du président Bachar el-Assad. Au contraire, elles stipulent que le peuple syrien est le seul à avoir le droit de décider de son avenir, et que le processus politique devrait impliquer toutes les parties de la société syrienne», avait rappelé le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov dans un entretien en 2016.
Des pourparlers diplomatiques parrainés par l'ONU à Astana sur un règlement politique au conflit syrien ont commencé à la fin de l'année 2016. Mais plusieurs sessions de négociations n'ont pas encore permis d'avancer en raison du fossé entre les belligérants sur le concept de transition politique et le sort du président Bachar el-Assad. L'opposition syrienne réclame en effet la démission du président syrien comme condition de retour à la paix.
Chasser Assad n'est plus la priorité pour Washington
Plus tard dans la journée, c'est l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley qui a affirmé que les Etats-Unis ne considérait plus le départ du président syrien Bachar al-Assad comme une priorité pour mettre fin au conflit dans le pays.
«Quand vous regardez la situation, il faut changer nos priorités, et notre priorité n'est plus de rester assis là, à nous concentrer sur faire partir Assad», a-t-elle notamment précisé.
Du côté de l'opposition, la nouvelle n'a pas été bien accueillie. «L'opposition n'acceptera jamais que Bachar el-Assad ait un rôle à aucun moment [...], notre position ne va pas changer», a déclaré aux médias Monzer Makhos, un des portes-paroles du Haut comité des négociations (HCN), qui rassemble des groupes clés de l'opposition syrienne.
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