Éducation

Pour l’amour de nos enfants…

Sur la notion de compétence en éducation

Tribune libre

D’entrée de jeu, je tiens à signaler que je suis en complet désaccord avec les propos haineux parus sur les médias sociaux eu égard à l’engagement d’une enseignante non binaire dans une école primaire du Centre de services scolaire des Hautes-Rivières.

De plus, je me montre ouvert aux stratégies utilisées par la direction, notamment l’envoi d’une lettre aux parents. «À l’intérieur de l’école, le personnel, les élèves et les parents ont très bien réagi.. et la grande communauté de l’école a témoigné de sa solidarité et d’un soutien qui font chaud au cœur», a affirmé en entrevue la directrice. Enfin, les parents concernés ont été informés qu’une enseignante à temps partiel dans deux groupes de la fin du primaire préfère être désignée comme Mx (qui se prononce «Mix»), au lieu de monsieur ou madame, puisqu’elle s’identifie comme une personne non binaire.

Toutefois, un aspect très important de cette situation pour le moins inédite concerne les enfants à qui l’école ouvrira une discussion sur «l’ouverture, les différences et les appellations de genre» avec les élèves concernés par ce contexte. Or, considérant que les jeunes du primaire sont déjà confrontés à des changements affectifs, sociaux, physiques et psychologiques majeurs durant cette période cruciale de leur vie, est-il vraiment pertinent de les placer dans un contexte que je qualifierais de court-circuitage inopportun?

Pour l’amour de nos enfants, n’est-il pas préférable de les laisser vivre leur vie d’enfants avec leurs rêves et leur belle naïveté? Pourquoi les embrigader dans un monde d’adultes qui risque de les sortir de leur monde sans raison apparente sauf celle de respecter la liberté de l’enseignante? Enfin, pourquoi la dite enseignante ne se ferait-elle pas nommée tout simplement par son prénom?

Sur la notion de compétence en éducation

S’il est un terme qui est utilisé de toutes parts par les temps qui courent en éducation, c’est la compétence requise pour enseigner. Ainsi en est-il, d’une part, des voix qui s’élèvent pour saluer la contribution des enseignants non légalement qualifiés et rappeler qu’un enseignant sans diplôme n’est pas forcément incompétent, et d’autre part, de l’initiative qui vise à encourager les profs à afficher leur diplôme d’enseignement bien en vue dans leur classe à la rentrée, pour faire valoir leur compétence.

À mon sens, un constat est indéniable, on ne s’improvise pas enseignant même si l’on est couvert de maîtrises et de doctorats dans quelque champ d’activités que ce soit. D’entrée de jeu, l’enseignement requiert des connaissances en didactique, à savoir les étapes à franchir pour arriver à communiquer ses «compétences» aux élèves, à commencer par capter leur attention à défaut de quoi la communication est littéralement inexistante.

Dans cette foulée, je verrais d’un bon oeil la mise sur pied de stages de formation en classe sous la supervision d’un enseignant qualifié. À titre d’exemple, je verrais mal un apprenti-pompier se rendre sur les lieux d’un incendie avant même d’avoir été formé sur les différentes mesures à prendre pour maîtriser le foyer d’incendie.

Enfin, l’éducation doit être au centre des priorités d’une société, et elle ne peut souffrir d’un nivellement par le bas dans lequel toute une génération de jeunes québécois seraient pris en otages. L’enseignement ne peut se permettre de tergiverser sur la notion de compétence au même titre que toutes les professions dont le travail principal consiste à entrer en relation avec des êtres humains.


Henri Marineau, Québec


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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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