Portrait d'un Chef : Françoise David (2)

Chronique de Normand Perry

Cette seconde partie d’entrevue fermera le volet [« Portrait d’un chef : Françoise David »->4530]. Il serait bon de rappeler que cette entrevue fut réalisée le 9 février dernier. Mon intention était au départ de la faire publier en trois volets, mais l’appel aux urnes lancé la semaine dernière par le premier ministre du Québec précipite beaucoup de choses.
Contrairement au volet consacré a Mario Dumont, je vais m’abstenir au terme de cette publication d’entrevue avec Françoise David, de commenter les idées dégagées dans cette interview.
La raison en est fort simple : dans un communiqué publié aujourd’hui, j’annonce publiquement que je vais briguer l’investiture de Québec solidaire dans la circonscription de Beauharnois, où j’ai l’intention de défendre les idées, les valeurs et le programme de Québec solidaire, et tenter de me faire élire député de Beauharnois à l’Assemblée nationale du Québec. Conséquemment, cette chronique sera suspendue pour le reste de la campagne électorale.
Étant donné que l’entrevue avec Françoise David fut réalisée presque deux semaines avant le déclenchement des élections générales au Québec, j’ai soumis la seconde partie de l’entrevue à l’éditeur de Vigile, monsieur Bernard Frappier, et lui seul jugera pertinent ou non de la publier. Mais puisqu’il ne s’agit pas d’un résumé d’entrevue (donc soumis à une certaine forme de jugement très subjectiviste de l’intervieweur), mais plutôt d’un véritable verbatim, j’ai cru approprié de soumettre le texte tel quel.
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NP : Au terme de la crise de leadership qu’a vécue le Parti québécois récemment, on entend souvent le chef André Boisclair dire que sa formation politique se définit en une social-démocratie renouvelée. Quelle est votre analyse par rapport à cette nouvelle mouture du PQ ?
FD : Bien, nous serons en mesure d’en juger la véritable pertinence au moment où la version finale de la plate-forme électorale du PQ sera dévoilée. Mais il m’apparaît assez évident que lorsque monsieur Boisclair parle de renouveler la social-démocratie, il s’inscrit exactement dans la ligne de pensée du Premier Ministre britannique Tony Blair. Franchement ! Pour nous, c’est à peine de la social-démocratie, surtout lorsque nous constatons le côté militariste de son gouvernement, c’est assez navrant. Aussi, il y a beaucoup de privatisation à l’intérieur de la Grande-Bretagne, et, dans plusieurs cas, ces privatisations sont regrettées par beaucoup d’Anglais.
NP : Donc ils ne sont pas sortis du Tatchérisme ?
FD : Ah ! Sûrement pas dans ses aspects les plus épouvantables. Et en suivant cette ligne de pensée, je crois que monsieur Boisclair fait totalement fausse route en voulant revoir le « modèle québécois », qui est un modèle de concertation, de partenariat. Bon je veux bien admettre que ce modèle nécessite des améliorations en ayant de meilleurs programmes sociaux, et j’en serais très étonnée de la part du chef péquiste. Car il faut laisser une place à la justice sociale, chose que semble complètement escamoter le discours de monsieur Boisclair !
J’ai connu monsieur Boisclair dans une autre vie, lorsqu’il était ministre de l’Emploi et de la solidarité sociale, lorsque nous avons eu la marche des femme de l’an 2000. Monsieur Boisclair, tout ce qu’il avait à donner aux femmes pauvres et/ou sur l’aide sociale, ce fut 13 millions sur trente mois. Ce qui était parfaitement ridicule.
Non, monsieur Boisclair n’ira résolument pas vers une lutte à finir à la pauvreté, je n’en crois pas un mot et pas un instant ! Bon, il mettra l’accent sur l’éducation, sur l’environnement, sur la souveraineté (je suppose…); mais il nous annonce déjà qu’il veut abolir la taxe sur le capital pour les entreprises, et cette mesure ne sera remplacée par rien d’autre. Aucun effort fiscal additionnel ne sera demandé, même aux grandes entreprises !
Cela n’est d’aucune manière le point de vue de Québec solidaire. Donc la nouvelle social-démocratie du PQ sera très édulcorée.
Quant à Québec solidaire, je dirais que nous sommes à gauche de la social-démocratie (quoi que je n’aime pas trop les étiquetages) et nous ne sommes surtout pas d’extrême-gauche non plus. Moi, ce que j’ai envie de dire aux gens, c’est que nous allons parler de nos valeurs, de nos engagements, eh oui, nous sommes à gauche, car lorsque nous parlons de justice sociale, nous parlons d’un véritable partage de la richesse. On nous dit qu’il faut la créer la richesse. Pas de problème, mais on va la créer dans une vision écologiste et dans une vision d’appropriation collective de notre richesse. Y aura-t-il une place pour l’entreprise privée à Québec solidaire ? Certainement que oui, mais pas n’importe quoi et surtout pas à n’importe quel prix ! Pas en se soustrayant aux droits du travail, à l’impôt, aux règles environnementales, nous allons être extrêmement fermes sur nos convictions les plus fondamentales à ce propos.
Et nous encouragerons des formes d’entreprises plus collectives, comme les coopératives. Dans certains cas, et pour le moment, nous n’avons qu’une seule proposition de nationalisation, c’est celle de l’éolienne, pour que les retombées économiques nous profitent à nous comme collectivité québécoise et non à l’économie de l’Alberta. Mais même à l’intérieur de ce projet de nationalisation de l’éolienne, nous laissons de la place à des initiatives de coopératives mises sur pied par les MRC et ou communautés locales; on fait donc appel directement à la participation des régions et à la participation citoyenne. Cela est d’une très grande importance pour nous.
Alors ça, ce n’est pas le genre de choses de monsieur Boisclair, voyez-vous ? Rappelons-nous le vote majoritaire des membres du PQ à la nationalisation de l’éolien et qui fut cavalièrement refusé par André Boisclair.
NP : Au moment où la question des accommodements raisonnables est devenue une affaire couverte quotidiennement dans l’actualité, il y a eu plusieurs observateurs pour reprocher à QS d’être assez distant par rapport à ce débat public. Maintenant que le premier ministre du Québec a décidé de mettre sur pied une commission d’enquête, sous la direction du sociologue Gérard Bouchard et du philosophe Charle Taylor, quelle présence entendez-vous y manifester ?
FD : Eh bien voilà un très bel exemple des efforts de Québec solidaire de se faire entendre sur la place publique, et ça n’a tout simplement pas abouti. Avant Noël, nous avons participé à plusieurs émissions de radio et de télévision où nous avions exprimé notre opinion sur la question des accommodements raisonnables. Le problème est qu’il faut juste avoir manqué l’émission pour avoir l’impression que QS n’est nulle part. Et après Noël, lorsque Mario Dumont est intervenu sur cette question de manière récurrente, nous avions fait parvenir une lettre ouverte à Mario Dumont dans tous les grands quotidiens du Québec, et aucun de ceux-ci ne l’a publiée, lettre qui est publiée sur notre site Internet.
En ce qui a trait au choix de deux responsables de la commission d’enquête, nous qualifions ce choix d’excellent. Mais il y a un gros problème : il y a une omission extrêmement importante, et c’est l’absence d’une femme. Voyez-vous, l’un des sujets majeurs de ce débat-là est la question de l’égalité entre hommes et femmes et dans toutes les communautés, et voilà que ce sont deux hommes qui président cette commission. Et je prends la peine de souligner que la qualité exceptionnelle de ces deux individus n’est aucunement en cause, messieurs Bouchard et Taylor sont des gens extrêmement respectable à la tête de cette commission, et pas une femme de notre Québec moderne peut y jouer un rôle tout aussi important ? Et c’est la communauté d’accueil qui agit ainsi à l’égard d’une question où les communautés culturelles et immigrantes sont sous les feux de la rampe. C’est une omission absolument déplorable.
NP : Et qu’est-ce que vous trouvez important de corriger, qui est à la source du problème des accommodements raisonnables, c’est-à-dire ce qui n’est pas nécessairement du ressort des accommodements raisonnables ?
FD : Cela m’apparaît évident, et la commission d’enquête qui fera le tour du Québec va justement faire le ménage dans toute la désinformation à propos de cette question sensible.
Il faut comprendre qu’il y a des demandes qui sont faites par des franges extrêmement minoritaires de certaines communautés, demandes qui n’ont absolument rien à voir avec les accommodements raisonnables. Pourtant, il y a bien des gens, que ce soit à la Commission des droits de la personne ou à un journaliste comme Yves Boisvert à La Presse qui disent « attention, ces demandes-là qui font litige ne sont pas des accommodements raisonnables » (vitres givrées du YMCA, par exemple). En fait, le directeur du YMCA, qui était fort probablement rempli de bonnes intentions, a pris une décision erronée. Et des demandes de cette nature, à leur face même ne, sont pas des accommodements raisonnables. La policière qui ne peut pas réagir si elle se trouve en présence d’un juif hassidique, ce n’est pas raisonnable.
Ce qui est raisonnable, comme le dit parfois Me Julius Gray, ce sont des accommodements qui permettent l’intégration, ça c’est raisonnable.
Alors oui, il y a bien du ménage à faire dans ce débat-là, en dépit du fait qu’il n’y a jamais eu au Québec de lapidation qui ait été pratiquée... !
NP : D’après-vous, jusqu’à quel point y a-t-il nécessité de réviser et actualiser notre charte québécoise des droits et libertés, et quels sont les changements qui y deviennent nécessaires ?
FD : Il n’y a aucune modification à apporter à la Charte des droits et libertés, le problème n’est absolument pas là. Ce que la charte interdit, comme la discrimination, par exemple, n’a pas besoin d’être changé. Mais ce que l’on doit savoir, c’est que cela doit être appliqué dans un esprit d’intégration et d’ouverture à la différence.
J’aurais, par exemple, une ou un collègue de travail qui ferait quelques fois par jour des prières, discrètement dans son bureau, mais en quoi est-ce que cela me dérange ? Mais ça ne me dérange pas deux secondes. Pour moi, le respect de la croyance religieuse, ça peut être l’exemple que je viens d’évoquer. Mais, en même temps, si on vient me dire « dans les bureaux de Québec solidaire, vous devez prévoir un local pour permettre des temps de prières, disponible 18 heures par jour à cette fin », eh bien je dirais que ça pose un problème majeur, nous avons un tout petit local de quatre pièces exiguës qui sont déjà trop petites pour les activités que nous avons. Mais on essaierait de trouver une façon pour que la personne en question puisse faire ses prières.
Donc l’idée n’est pas de rouvrir la charte, l’idée (et c’est ce que la commission d’enquête va déterminer) est de savoir où est-ce que ça se termine ? Et malheureusement, les gens de Hérouxville sont allés beaucoup trop loin. Avoir un code de vie qui stipule que dans notre village nous interdisons la lapidation, je m’excuse mais il n’y a pas de lapidation au Canada et au Québec.
Oui, c’est vrai qu’à Montréal, il y a des problèmes à régler avec des franges minoritaires (et j’insiste sur ce point) de certaines communautés, mais grosso modo, à Montréal ça va bien.
NP : L’un des grands combats idéologiques pour lequel il a été nécessaire de mettre au monde QS est celui du néolibéralisme. Comment votre formation politique, au cours de la campagne électorale qui s’annonce, entend-elle faire la démonstration à la population que ce dogme économique représente une menace par rapport à l’existence même de la démocratie ?
FD : Je dirais d’abord que ça va être par nos engagements électoraux. Lorsque nous affirmons que nous voulons nationaliser l’énergie éolienne, cette thèse est foncièrement anti-néolibérale. Un néolibéral ne peut raisonner de cette manière : le plus profit que possible, le plus vite possible et il faut à tout prix satisfaire le promoteur. Ou encore lorsque nous affirmons qu’il faut protéger les milieux humides du Québec, quitte à dire à certains promoteurs immobiliers « non vous ne pouvez pas construire à tel endroit » pour cette raison… alors voyez-vous c’est par des propositions concrètes que l’on pourra faire des liens en disant aux gens « nous, nous proposons ça » et eux, un certains nombre de lucides et de néolibéraux nous affirment « et bien vous travaillez donc plus et plus fort » ou ils disent aux travailleurs « coupez donc vos salaires de 30% ça serait formidable et votre usine va pouvoir rester ouverte »; ils nous disent d’augmenter les frais de scolarité, les tarifs de l’hydro-électricité, pour se dépêcher à rembourser la dette publique. A tout cela, nous disons non.
Alors, nous, on va se démarquer très clairement, et puis, tout au long de la campagne qui s’annonce (entrevue réalisée le 9 février), l’idée, ça va être d’expliquer pourquoi les néolibéraux nous proposent des solutions qui ne mènent à rien. D’abord, jamais ils ne parlent d’environnement. Et que je leur fais cette remarque, ils disent « bien, c’est parce que ce n’était le sujet de discussion aujourd’hui… », pourtant, c’est LE SUJET DE L’HEURE ! C’est vrai que ce n’est pas l’unique sujet, mais on conviendra parfaitement que la question de l’environnement fait maintenant partie des préoccupations d’ordre existentiel en regard de la viabilité de notre planète et la race humaine. C’est un sujet prioritaire parmi les priorités, avec la lutte à la pauvreté. Mais eux, les néolibéraux, ils n’en parlent pas. Étonnant quand même lorsqu’une grande partie de la population prend conscience que, franchement, il faut qu’on agisse. Et les néolibéraux n’en parlent pas parce que ça veut agir, et agir cela signifie pour eux d’arrêter de donner des subventions aux pétrolières, ça veut dire ne pas quadrupler la production pétrolière à partir des sables bitumineux de l’Alberta, ça veut dire non au port méthanier, ça veut dire non au projet Rupert. C’est donc pour ça que eux y capotent devant nos prises de position.
Nous, on va expliquer aux gens que nous sommes contre ce système néolibéral destructeur, et que nous sommes pour une autre sorte de développement, plus écologique, plus respectueuse des travailleurs, tout simplement parce que l’avenir est là. Il faut comprendre que l’avenir n’est nullement dans le néolibéralisme, parce que c’est destructeur. On va l’expliquer, le répéter et le redire à partir de nos propositions.
NP : Quelles sont les propositions que QS fera au peuple du Québec pour relever le défi du déclin démographique ?
FD : Il est assez amusant de noter que les statistiques de 2006 révèlent une augmentation appréciable des naissances au Québec. Ce qui pourrait peut-être s’expliquer par le programme des congés parentaux. Alors, cet effet immédiat, ça nous dit quelque chose. J’ai noté par ailleurs un très bon éditorial, il y a quelques temps, un papier signé par Josée Boileau au Devoir, et elle affirmait qu’à chaque fois qu’il y a une mesure structurante venant soutenir la famille, on observe une tendance à la hausse. Il faudrait peut-être y comprendre la chose suivante : que les femmes du Québec (et les hommes, j’espère) sont prêtes pour envisager des familles de deux ou trois enfants. Mais elles démontrent aussi, par la réponse que l’on observe dans les statistiques que j’ai tantôt évoquées, qu’elle veulent se sentir soutenues dans ce choix-là ! Ça veut dire avoir des logements abordables, et Dieu sait que la chose devient de plus en plus difficile à Montréal; puis des propriétaires qui cessent de refuser les familles avec enfants. On veut bien croire que la charte interdit la discrimination formelle, mais il y a tellement de « bonnes raisons » pour refuser; ça veut dire aussi que les garderies doivent demeurer à sept dollars par jour, avec des services de garde qui ont une qualité à laquelle on est en droit de s’attendre. Par surcroît, nous proposons aux femmes qui prennent la décision de demeurer à la maison pour élever leur famille, d’avoir droit à une certaine forme de reconnaissance financière et sociale. On va faire des propositions très concrètes à ce propos.
NP : Je croirais entendre Mario Dumont me parler…
FD : Bon, s’il arrive à Mario Dumont d’avoir des bonnes idées de temps en temps, je veux bien. Mais attention, parce qu’aux dernières élections, Mario Dumont voulait retirer les subventions aux services de garde, pour donner les fonds aux parents, qui, eux, feraient ensuite le choix du service de garde ou de demeurer à la maison, via les bons. Les services de garde n’avaient plus aucun soutien. Donc, nous ne disons pas cela. Nous voulons que l’État continue de subventionner le réseau des garderies de manière universelle, mais en même temps (et il ne faut pas voir ou comprendre cela comme un salaire à la ménagère), nous voulons qu’il y ait une reconnaissance fiscale ou financière du travail des femmes à la maison.
Alors oui, il faut soutenir les familles et démontrer de manière très significative qu’elles peuvent avoir le nombre d’enfants qu’elles désirent; on peut aussi augmenter l’immigration, parce que nous avons besoin de ces gens-là, et surtout d’une main-d’œuvre qualifiée. Mais une fois que ces gens-là vont être arrivés ici, il faudra leur permettre de travailler selon les compétences et diplômes qu’ils auront, et non pas forcer un médecin à faire du taxi, comme nous le voyons trop fréquemment. Il faudra avoir un comportement un peu plus cohérent par rapport à cela.
NP : Quelles sont les propositions de votre formation en matière de santé, d’éducation, de culture ?
FD : Bon, il faut avoir à l’esprit que notre formation politique n’existe que depuis un an, nous n’avons pas un programme avec quatre cents propositions. Notre plate-forme électorale comprend vingt-cinq propositions très précises. En santé, notre proposition principale est la mise sur pied de Pharma-Québec, qui est un groupe d’achat public de médicaments et de production de médicaments génériques, cela dans le but concurrencer les compagnies de médicaments privées et qui les vendent trop cher. En jouant ainsi le jeux de la concurrence, on obtiendrait une baisse des prix des médicaments au Québec.
En éducation, on a plusieurs propositions, mais les trois plus importantes : l’abolition progressive du financement des écoles privées, abolition progressive des droits de scolarité universitaires et diminution du nombre d’élèves par classe, au primaire et secondaire. Cela est important parce qu’il faut éduquer tous nos enfants. Il faut bien avoir à l’esprit qu’ils ne vont pas tous se rendre à l’université. C’est pour cette raison que l’on considère d’une très grande importance la qualité de l’environnement au primaire et au secondaire, et le surnombre actuel d’enfants par classe a des incidences directes sur le rendement scolaire. On propose aussi que les professeurs puissent avoir accès à du soutien professionnel par rapport aux enfants en difficultés.
Tout ce contexte favorisa l’émergence d’un plus grand nombre de jeunes qui iront à l’université. Et quand on nous demande de quelle allons-nous nous y prendre pour financer ces mesures, eh bien, de tous ces jeunes qui y iront se chercher une formation en éducation supérieure, cela en fera des professionnels très bien payés, et nous irons chercher cet argent en impôts auprès des nos professionnels en question.
Sur la culture, notre proposition maîtresse est d’explorer très sérieusement l’idée d’un filet de sécurité sociale pour les artistes, car la très grande majorité de ces personnes vivent sur le seuil de la pauvreté. Le problème est qu’en général, ce n’est que le « produit fini » de leur création qui est reconnu, malheureusement, toute la période de recherche et de production en tant que telle ne l’est pas. Alors cela est à envisager avec attention, en allant voir ce qui se fait dans d’autres pays en cette matière, car ce n’est pas un dossier simple. Mais nous avons cet objectif d’en arriver à un filet de sécurité social pour les artistes.
NP : Souveraineté : j’ai été l’un des observateurs de la scène politique a avoir critiqué l’approche choisie par QS pour que le Québec puisse accéder à son statut de pays souverain. Quels ont été les éléments de réflexion de vos membres qui ont conduit à la décision d’adopter la voie de l’étapisme-référendaire ?
FD : Bon, nous ne l’appelons pas la voie de l’étapisme-référendaire. La réflexion est fort simple, car il n’y a que deux éléments majeurs.
Le premier : le dernier référendum date d’un peu plus de dix ans, nous en sommes toujours à peu près au même point dans les appuis en regard de la souveraineté du Québec, à tel point que s’il y avait un référendum sur la souveraineté du Québec, le score final risque fort bien d’être semblable à celui de 1995 à quelques poussières près. Si le oui l’emportait, ce ne serait que par une très faible marge. Alors, ce scénario, dans notre optique, ce n’est pas gagnant. Bof, c’est légal et légitime, si c’est 50% virgule quelque chose. Mais vous savez aussi bien que moi, que dans le rapport de forces, dans les négociations subséquentes avec le reste du Canada, suite à une victoire aussi mince, le rapport de forces serait très faible et à notre désavantage.
C’est comme une grève. J’en ai fait quelques-unes dans ma vie, j’en ai observé d’autres; alors une grève déclenchée à 50,5% ne donne pas un rapport de forces qui soit à l’avantage des syndiqués dans les négociations avec la partie patronale.
Il faut donc trouver une voie qui va nous emmener à un consensus beaucoup plus large. Ce ne sera l’unanimité, il faut bien s’entendre là-dessus, mais il faut un consensus très largement partagé dans la population. Ça c’est une première considération.
La seconde, c’est que la question de la souveraineté est tellement associée à un parti politique (le PQ), que cela fausse complètement les règles du jeu. Il y a des gens qui votent contre la souveraineté parce qu’ils votent en réalité contre le Parti québécois, parce qu’ils ne font pas confiance au Parti québécois, ils refusent de s’engager dans la voie souverainiste à cause du PQ en soi. Là, je parle du PQ parce qu’il est le principal porteur de la cause souverainiste depuis quarante ans, mais n’importe quel autre parti souverainiste se retrouverait, à moyenne échéance, avec exactement la même problématique.
Donc, on se dit qu’il faut sortir ce débat-là de la partisanerie politique. D’après nous, c’est là la meilleure voie d’y parvenir, à la souveraineté du Québec. Ce n’est pas être étapiste, c’est une voie totalement différente et qui ne fut jamais explorée auparavant.
NP : Donc un peu à la manière de Socrate qui avait fait descendre la philosophie dans la rue, Québec solidaire veut faire descendre dans la rue le débat sur le statut constitutionnel du Québec ?
FD : Cela me fait bien plaisir que l’on soit comparé à Socrate. Si vous voulez, c’est quelque chose comme ça!
Ce que l’on propose, nous, c’est qu’un gouvernement de Québec solidaire élaborerait un projet de loi pour la mise en place d’une assemblée constituante, formée de gens qui reflèteraient diverses tendances politiques, de régions, de professions, des hommes et des femmes, etc. Ces gens auraient deux mandats : consulter les gens de toutes les régions du Québec, avec tous les moyens pédagogiques que l’on a à notre portée, pour un débat franc, ouvert et serein (s’il y a moyen de le faire sans se crier des noms ou des bêtises par la tête), sur les mérites de la souveraineté pour ceux qui y croient, l’autonomie du Québec (celle défendue par l’ADQ) et le fédéralisme. Nous, on veut que cela soit représentatif.
Au lendemain de l’élection d’un gouvernement de Québec solidaire, c’est sûr que la tendance majoritaire sera souverainiste. Mais l’idée est de permettre à tous d’avoir droit au chapitre, et surtout de dire au peuple québécois : « regardez, là, ce débat, ça vous appartient, ça n’appartient pas au gouvernement de Québec solidaire ».
Alors, consultation et élaboration d’une constitution. Quelles sont les valeurs fondatrices du Québec, qu’il devienne souverain ou non ? Quelles seraient les institutions démocratiques que l’on voudrait valoriser ? Veut-on toujours le parlementarisme britannique ? Préfère-t-on vivre en république ? Et puis, etc. Au terme de cette première consultation, qui peut durer six mois, un an ou dix-huit mois, peu importe le temps que cela va prendre, ce qui est important est de créer le momentum où les gens ont envie de discuter, où ils sont interpellés, Au fond, le pari que l’on fait dans cet exercice, c’est que les gens se disent que c’est intéressant. Et l’autre pari que l’on fait, c’est qu’au terme de cette opération, il y aurait deux questions posées au peuple :
1) Voulez-vous, oui ou non, vivre dans un Québec souverain ?

2) Appuyez-vous le projet de constitution qui vous est présenté ?
Et le pari que nous faisons est que la réponse sera un oui très largement consensuel. Tout simplement parce que ce n’est pas Québec solidaire qui va leur demander une telle chose. Ce n’est pas un gouvernement ni péquiste ni solidaire, ce sera une assemblée du peuple qui posera cette question au reste du peuple. C'est autre chose, lorsque nous mobilisons les gens.
Nous avons vécu cette expérience à Option citoyenne avant la fondation de Québec solidaire, puisque nos membres étaient divisés sur cette question de la souveraineté, et pendant un an, nous avons fait exactement l’exercice que nous voulons proposer aujourd’hui au peuple québécois, et, à la fin, nous avons eu un résultat d’un appui à la souveraineté de l’ordre de 95%.
Il faut donc comprendre une chose d’ordre pédagogique : lorsque les gens ont le sentiment qu’ils ont une place pour s’exprimer et que les jeux ne sont pas pipés d’avance, dites-vous bien qu’ils ont l’esprit ouvert à des idées nouvelles et audacieuses.
Cette voie innovatrice, il nous apparaît donc, preuve à l’appui, que c’est beaucoup plus prometteur à l’égard de la souveraineté politique du Québec.

NP : Si demain matin la direction du PQ approchait QS pour former une coalition souverainiste, telle que proposée par le Rassemblement pour l’indépendance du Québec, celle de l’élection décisive, de quelle manière répondriez-vous à une proposition comme celle-là ?
FD : Dans mon esprit la réponse est sans équivoque : non. À Québec solidaire, nous sommes attachés à l’idée du référendum, précédé de l’étape que nous venons d’évoquer dans la question précédente. Vous savez, même si nous formions une coalition souverainiste, rien ne dit que nous obtiendrons 50%+1 des votes avec le mode de scrutin que nous avons présentement et la multiplicité des partis, rien n’est moins certain.
Par surcroît, nous mêlons les cartes. Lorsque les gens sont appelés à une élection, ils votent pour un gouvernement. Et je ne crois pas que les gens seraient enchantés de voter à fois pour un gouvernement qui a un programme, et pour l’idée que si on vote à tout prix pour ces gens-là, on vote en même temps pour la souveraineté. Pour beaucoup de gens, ce ne sont pas des choses liées. Le sentiment que j’ai par rapport à l’élection décisionnelle est que nous brouillons les choses.
S’il y a coalition souverainiste à faire, il est mieux de la faire après l’élection d’un gouvernement souverainiste. Si le PQ est élu dans quelques semaines et qu’il s’engage dans un référendum (moi je n’en suis pas si certaine que cela), mais s’il le fait, je suppose qu’il nous proposera d’être du côté du camp du Oui. Il est bien certain que nous serons dans le camp du Oui, mais en négociant notre participation, que cela soit très clair.
Mais notre proposition à nous, c’est la mise en place d’une assemblée constituante. Je doute fort que le PQ accepte cette proposition, mais nous allons quand même la défendre et nous verrons dans la négociation vers quoi cela nous emmenera.
Mais il est clair que la proposition de l’élection décisionnelle, nous n’y sommes pas favorables.

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Normand Perry126 articles

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On pourrait le décrire comme un grand passionné de communication, de philosophie, de politique, d'histoire, d'astronomie, de sciences, de marketing, de musique classique et d'opéra. Normand Perry mène une vie publique bien remplie, toujours avec des projets plein la tête et des rêves à réaliser.

Après avoir obtenu un premier diplôme universitaire en philosophie au milieu des années ’90, Normand Perry débute sa vie publique comme pamphlétaire, exprimant ses opinions librement, ces dernières étant publiées régulièrement dans les journaux régionaux, les quotidiens et divers sites Web.

Depuis avril 2004, il travaille chez [Soleil communication de marque->http://www.soleilcom.com/], agence de publicité montréalaise, où il est au développement des affaires, en veille stratégique et aux relations publiques.

Depuis juillet 2010, il s’est vu confié un projet radiophonique à [l’antenne de Radio Ville-Marie->http://www.radiovm.com/index.aspx] où il conçoit, réalise, anime et supervise le montage d’une émission portant sur l’orthodoxie chrétienne au Québec : [Voix Orthodoxes->http://www.voixorthodoxes.org/].

Sa plume va le conduire en politique active.

Après s’être fait connaître comme pamphlétaire à partir du début des années 2000 dans sa région du Suroît, il se fait remarquer, et on lui propose la présidence de circonscription au Parti Québecois dans Soulanges au début 2005. Suite à la démission inattendue de Bernard Landry en juin 2005 comme chef de cette formation politique, Normand Perry appuie d’emblée la candidature de Louis Bernard tout en s’opposant farouchement à l’élection d’André Boisclair. Lorsque ce dernier remporte la chefferie du PQ en novembre 2005, Normand Perry démissionne de sa présidence et quitte le PQ sur-le-champ.

A l’automne de la même année il se fait élire au conseil municipal à Les Coteaux dans la circonscription de Soulanges au Québec. Il se voit confier notamment les responsabilités du comité des loisirs, où conçoit et implante un programme de subvention à l’activité sportive pour les jeunes; il occupe la vice-présidence du HLM, il aussi responsable de la sécurité publique et participe activement à la fondation de la Régie inter municipale des Pompiers du Lac-St-François (fusion des services des incendies de Les Coteaux et St-Zotique).

Lors de la création du nouveau parti politique Québec solidaire en février 2006, il en devient membre et participe au congrès de fondation à Montréal. Il se porte candidat aux élections provinciales de mars 2007 pour cette formation politique dans la circonscription de Beauharnois.

Après ces quelques années en politique active, il poursuit son œuvre de réflexion pamphlétaire, notamment sur le [Blogue de Normand Perry->http://normandperry.blogspot.com/] tout comme sur Vigile et bien d’autres médias québécois





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