Le Soir (Belgique) - par Martine Dubuisson, de notre envoyée spéciale à Toronto
L'allocution princière retransmise en direct à la télévision. En Belgique, cela paraît peu imaginable. A Toronto, c'est possible... Il est vrai qu'en ouverture de la mission économique de cinq jours qu'il préside au Canada, c'est au prestigieux « Canadian club of Toronto », qui a vu défiler des orateurs comme Winston Churchill, Ronald Reagan ou Margareth Thatcher, que le prince Philippe livre, lundi, son principal discours de la mission.
Dans cet antre du débat politique et économique, la tradition veut que les intervenants les plus illustres passent en « live » sur le petit écran. Selon le baromètre médiatique local, Philippe de Belgique en serait donc un, puisque la chaîne Rogers le relaie sur le câble... C'est dire s'il a peaufiné son intervention. Jusque la veille. Car ce discours, le Prince entend y apporter « du fond ». Et faire passer quelques messages. Choisissant d'évoquer les liens entre la Belgique et le Canada pour en arriver à deux valeurs cardinales : le multiculturalisme et le fédéralisme. Philippe a bien choisi son endroit : Toronto la métissée, ni vraiment européenne ni tout à fait américaine, véritablement multiculturelle. « Nos pays ont trouvé des réponses similaires à certains des défis clefs de notre époque », lance celui que l'on présente ici comme « un invité très spécial », devant les 300 hommes d'affaires et invités du « Canadian Club », qui ont déboursé 55 dollars canadiens (40 euros) pour assister à ce lunch-conférence. Au premier rang de ces réponses : « La manière dont nous organisons notre société afin que les gens puissent vivre ensemble en harmonie. »
Nous y sommes. Car, sous les plafonds peints du Royal York Hotel, à l'invitation de la Chambre belge de commerce de Toronto et de l'Association belge des affaires, c'est bien d'Etat fédéral que Philippe veut parler. Tout un symbole, pour l'héritier d'une famille royale qui, sous Baudouin, a dû accepter l'évolution de l'Etat national vers un système fédéral, avec la perte d'influence monarchique que cela suppose. Aujourd'hui, le prince en devient l'un des chantres à l'étranger...
Ne dit-il pas : « Nous savons que le fédéralisme nous permet d'organiser la liberté dans un contexte de diversité dans l'unité. Le fédéralisme offre l'opportunité aux gens de développer un esprit ouvert. » Référence au « fédéralisme ouvert » du Premier ministre canadien Stephen Harper. « Par esprit ouvert, précise le Prince, j'entends la capacité, quand on est confronté à la diversité, de voir le monde avec les yeux des autres, de dépasser son propre horizon. Ceci est vrai dans les systèmes fédéraux, et encore plus dans les sociétés multiculturelles. »
Habilement, le Prince développe son argumentaire au départ de l'exemple canadien. Comme un compliment au pays hôte. Aussi pour (tenter de) couper l'herbe sous le pied des critiques qui pourraient dénoncer un discours trop politique ? Toujours est-il que Philippe vante le Canada, « ce pays d'immigration devenu modèle d'intégration multiculturelle ». Pour en arriver à la Belgique qui, « avec sa propre diversité culturelle, linguistique et religieuse, accueille aussi nombre de citoyens d'origine européenne, africaine, asiatique ou américaine ». Et « a appris depuis longtemps les bénéfices et les défis d'une société multiculturelle ». Une société qu'il voit ainsi : « Il faut organiser la vie publique et l'Etat de telle manière que nos citoyens, quelle que soit leur origine, puissent interagir librement et se comprendre les uns les autres. » Une société basée sur trois piliers : « Liberté, fédéralisme et esprit ouvert. » Voici le fédéralisme positif...
Philippe vante le fédéralisme
Le prince héritier a développé son argumentaire au départ de l'exemple canadien.
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