Petites manigances caquistes

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La CAQ vole très bas

On ne pourra pas dire que Stéphane Gobeil a chômé très longtemps dans son nouveau poste comme «conseiller politique» à la CAQ de François Legault!

Ceux qui s'attendaient à ce que Gobeil obtienne des mandats de rédaction de discours, de recherche, de développement de contenu, sa spécialité, seront confondus. Non. La première tâche (tache!) de Gobeil est un peu différente, un peu moins noble aussi.

Met tes bottes et descend dans la fange de la petite politique mon homme! À la CAQ, on a plutôt demandé à Gobeil de se servir de ses contacts politiques à l'intérieur de son ancien parti, notamment auprès des jeunes péquistes qu'il avait convaincus de joindre Bernard Drainville lors de la course à la chefferie, afin de les convaincre de déserter le PQ.

Par téléphone surtout. Gobeil insistait afin que le tout demeure discret. Son plan? Rédiger une lettre ouverte que ces derniers feraient passer pour leur afin de bien marquer le coup des «désertions» en masse au PQ. Il a été épaulé en ça par un autre «pur et dur», Mathieu Noël, ex-responsable des médias sociaux au Bloc Québécois et militant pro Mario Beaulieu.

Le problème? Cette tactique a dégoûté certains de leurs ex-comparses au PQ et le tout ne s'est pas toujours déroulé comme prévu. Gobeil, notamment, a contacté des gens qu'il se pensait capable de convaincre rapidement, assez aisément. Il visait dix militants signataires de sa lettre. Le problème c'est que tous n'ont pas les convictions aussi «molles» que lui.

Pour avoir discuté moi-même à de nombreuses reprises avec Stéphane Gobeil, je le sais très convaincant. Je me souviens encore de son insistance à dénigrer Pierre-Karl Péladeau, alors que j'organisais un évènement non partisan dans le cadre de la course à la chefferie péquiste l'an dernier.

Mon but était de rassembler dans La Petite-Nation le plus de candidats possibles; le sien était de s'assurer que PKP n'y soit pas, ce qui avantageait son poulain, Drainville, mais qui nuisait à la qualité du débat. Pas grave. Je l'ai écrit déjà, Gobeil est un as de la politique partisane. Dans ce qu'elle a parfois de plus noble, mais aussi dans ce qu'elle de plus sale.

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Une des personnes qui m'a raconté avoir été contactée par Gobeil me faisait remarquer mardi soir que ça ne volait pas haut dans les rangs des militants caquistes lors du discours de PKP à Chicoutimi. On m'a envoyé quelques captures d'écran et de nombreux tweets de militants, de staffers de la CAQ qui étaient franchement méprisants envers les souverainistes.

Convaincre par le mépris maintenant? Car Gobeil a beau être un homme convaincant, quand un militant indépendantiste est confronté au mépris qu'affichent de très nombreux caquistes envers leurs convictions profondes, les arguments de l'ex-péquiste sonnent faux.

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Aussi, j'ai trouvé amusant que l'un de ceux que Gobeil a contactés m'informe d'un évènement de la Commission de la relève de la CAQ (les jeunes caquistes) fin 2015 où l'invité d'honneur et conférencier n'était nul autre que Éric Duhaime... C'est ça le «nouveau nationalisme québécois ancré dans la fédération canadienne» que propose François Legault?

Voilà aussi un sale petit secret qu'il sera toujours difficile de cacher à la CAQ. Ce parti comporte une majorité de fédéralistes de droite qui honnissent les indépendantistes. Ceux-ci sont prêts à vivre avec l'étiquette de «nationaliste» à condition qu'elle se conjugue à l'aune des limites de la fédération canadienne.

On devrait rappeler à ces gens-là que le Canada est dirigé par Justin Trudeau, le politicien le plus «anti-nation-québécoise» qui soit. Quand leur chef François Legault promet de se battre à Ottawa pour des pouvoirs et plus d'autonomie pour le Québec, il rêve en cinérama. Et ça, Gobeil, plus que quiconque, le sait très bien.

Non seulement le Québec, en écartant d'emblée les avantages prouvés de son autodétermination politique, se trouve-t-il en position de faiblesse permanente devant Ottawa, mais avec Justin Trudeau comme premier ministre canadien, c'est la reconnaissance même (et mince) du Québec comme nation qui est menacée.

Trudeau ne s'en est jamais caché d'ailleurs. On pourra porter à l'attention des militants caquistes et des jeunes péquistes que Gobeil et Noël courtisent par téléphone, discrètement, cette déclaration passée de Trudeau au journal local montréalais Nouvelles Parc-Extension News, où il affirmait être très mal à l'aise avec l'idée d'une reconnaissance de la nation québécoise.

«Toute cette idée d'un statut spécial pour le Québec, ou la reconnaissance du Québec comme société distincte dans la Constitution ou la reconnaissance des Québécois comme une nation, le problème que j'ai avec cela, c'est que cela crée des divisions, cela sépare des groupes au sein d'autres groupes».

Bref, les beaux discours du «Québec fort dans un Canada uni» qu'on aime balancer légèrement à la CAQ ne passent pas le test de la réalité politique contemporaine canadienne. Je mettrais au défi n'importe quand François Legault de militer pour un Meech II où on soumettrait à tous les Canadiens les conditions minimales avancées par l'ancien premier ministre libéral du Québec Robert Bourassa comme base d'une entente respectable afin que le Québec joigne la constitution canadienne.

Legault, Gobeil -mais aussi tous les fédéralistes québécois au PLQ - tous savent très bien que le NON au Québec cette fois serait de plus de 75%! Ça aussi c'est un sale petit secret non seulement de la CAQ, mais de l'ensemble des fédéralistes au Québec. S'il y avait ne serait-ce qu'une toute petite ouverture de ce côté de la part du Canada, on enterrerait illico les velléités indépendantistes du Québec en soumettant la question au peuple.

Voilà où le bât blesse pour les transfuges indépendantistes qui tentent de convaincre d'autres indépendantistes de joindre la CAQ - un parti maquillé des atours «nationalistes» mais dont les militants sont le plus souvent des gens de droite farouchement anti-indépendantistes.

Donc, si vous voyez prochainement une «lettre ouverte» de jeunes militants péquistes qui ont déserté le PQ, vous saurez que ladite lettre n'est pas si «ouverte» que ça, et que Stéphane Gobeil aura peut-être réussi, dans ses tractations discrètes, à convaincre une dizaine de jeunes de le suivre...

Comme quoi parfois, les exils politiques ont quelque chose de «provoqué»...


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